Addis-Abeba — Malgré la vitesse et l'ampleur de l'urbanisation en Afrique, l'intégration de cette dernière dans le développement national et la planification économique est soit absente, soit se manifeste après coup.
«Du fait qu'un nombre croissant de la population africaine vivra dans les villes dans un futur très proche, les efforts menés pour combattre la pauvreté et les inégalités seront gagnés ou perdus dans les villes » déclare Edlam YEMERU ; Chef de la section urbanisme au sein de la Division des politiques de développement social de la Commission Economique des Nations unies pour l'Afrique.
Mercredi lors de la présentation du rapport de sa section à la réunion du Comité sur le genre et le développement social, elle a énoncé que la planification nationale du développement doit être abordée à travers le prisme de l'urbanisme. Il en est ainsi, a-t-elle dit, du fait des énormes avantages qu'assure une urbanisation bien planifiée et bien menée. Une urbanisation méthodique est vitale pour une réelle transformation structurelle positive, et pour une croissance inclusive dans les pays Africains.
Envisager la planification du développement national à travers le prisme de l'urbanisme, signifie la reconnaissance des implications profondes et multifacettes d'une transition urbaine rapide et les opportunités qui s'y rattachent, en matière de création d'emplois, de productivité et de compétitivité.
Dans moins de vingt ans, à l'horizon 2035, il y aura plus d'Africains vivant en zone urbaine que dans les zones rurales. Le nombre de citadins en Afrique a quasiment doublé entre 1995 et 2015. Les projections anticipent que ce chiffre soit presque doublé de nouveau d'ici 2035.
Ceci requiert la création de logement décents, d'emplois et de services pour combler le retard existant, mais aussi pour répondre à la nouvelle demanda à venir. Tout ceci doit être mis en place dans un contexte urbain fonctionnel doté d'institutions, d'infrastructures et d'un aménagement du territoire répondant aux besoins des futurs habitants, mais aussi des entreprises et des commerces. Toute défaillance à ce niveau entraverait la productivité économique, augmenterait les coûts environnementaux, et les coûts destinés à couvrir les dysfonctionnements des agencements urbains et mettrait à risque des transformations structurelles majeures.
A l'inverse, une urbanisation correctement planifiée peut propulser l'économie vers des niveaux plus élevés. Encourager et changer les modèles de consommation dans le domaine du logement et de la construction, par exemple pourrait aboutir à de meilleures opportunités pour les industries locales et les services de soutien aux entreprises, tout ceci aidant à créer des emplois pour des population urbaines en expansion.
Plus globalement ainsi qu'en Afrique, YEMERU déclare que les Gouvernements se sont engagés à s'atteler à la question de l'urbanisation pour la transformation structurelle. Ces engagements font partie de l'Agenda 2030 pour le Développement Durable, l'Agenda de l'Union Africaine 2063, et du Nouvel Agenda de la troisième Conférence des Nations Unis sur l'habitat et le développement durable urbain, qui s'est tenu au mois d'octobre 2016 à Quito, Equateur.
Mettre en application ces engagements et inclure la problematique de l'urbanisation dans la planification du développement national est un élément essentiel pour l'Afrique, et ce dès maintenant, pour une transformation structurelle durable.