Addis-Abeba — Les délégués à la réunion qui s'est tenue jeudi à Addis-Abeba, Ethiopie sur la question des migrants africains, ont appris que ces migrants en quête de meilleures conditions de vie sont souvent confrontés à des difficultés qui contredisent la nature réelle et la complexité du phénomène.
« Les médias décrivent l'immigration africaine en direction de l'Europe comme un phénomène incontrôlable et inextricable », a déclaré à la fin dans son exposé Caroline KIHOTO, professeure à l'Ecole supérieure d'architecture de l'Université de Johannesburg s'adressant à 300 délégués de gouvernements, observateurs et organisations de la société civile.
Les Africains sont décrits comme des personnes pauvres et désespérées ; ceci alimente la volonté de maintenir les Africains hors de l'Europe. Cependant, dans son rapport qui analyse les migrations internationales au sein même de l'Afrique, elle affirme que les reportages ont abouti à une présentation de l'immigration africaine vers l'Europe qui ne tient pas compte de la situation et des besoins de l'Afrique.
Elle déclare que « Cette conception majoritaire de l'immigration a accordé peu d'attention à l'immigration au sein même de notre continent ».
Par ailleurs, l'idée que toutes les migrations africaines sont à destination de l'Europe est contraire à la réalité. Dans les faits, dit-elle, 79 % des Africains émigrent en Afrique, le plus normalement. Il s'agit surtout de personnes jeunes et d'actifs. Ils ont entre 22 et 64 ans, et représentent 66% des migrants. En revanche, on constate une baisse de l'immigration motivée par des raisons humanitaires du fait de conflits armés, a-t-elle appris aux délégués présents à cette réunion consultative de deux jours organisée dans la capitale éthiopienne.
Cette réunion était organisée de manière conjointe par La Commission Economique pour l'Afrique des Nations Unies, l'Union Africaine et l'Organisation Internationale pour les migrations en rapport avec le Pacte Mondial sur les Migrations. Il est attendu de l'Afrique qu'elle émette une position commune sur ce sujet, qu'elle envisage d'établir un éventail de principes, d'engagements et d'accords entre Etats membres sur la question des migrations internationales. La réunion consultative de Addis-Abeba a envisagé 7 thèmes.
KIHOTO a déclaré que les flux migratoires en Afrique étaient de différentes nature. Certains fuient des conflits armés, le terrorisme, la pauvreté, l'instabilité politique, ou sont juste en quête de meilleures conditions de vie ou de travail ailleurs que dans leur pays d'origine. Toutefois, elle déclare que 90 des Africains qui émigrent vers l'OCDE le font de manière légale.
Restrictions en matière de Visas
Se référant à l'indice d'ouverture sur les visas en Afrique, KIHOTO déclare que 75% des 20 Etats les plus souples en matière d'attribution de visa se trouvent en Afrique de l'Est et de l'Ouest. Un seul Etat en Afrique du Nord est dans cette catégorie, et aucun en Afrique centrale.
« Les restrictions portent atteinte à l'idéal d'un espace sans visa voulu par l'Union Africaine au profit des Africains » a ajouté Michelle AGUEY modératrice des échanges sur les droits des migrants.
Il est demandé aux Etats Africains d'envisager les mouvements de leurs populations de manière organisée, sûre, légale et dépourvue de difficultés comme un objectif clé qui participe au développement durable.
Le second meeting du Comité spécial technique sur les migrations, les réfugiés et personnes déplacées de l'Union Africaine, qui a débuté lundi a mis au point une ébauche de protocole sur les mouvements de population sur le continent.
« Cela sera d'une grande aide pour la libre circulation des personnes » a dit l'ambassadeur d'Ouganda durant les discussions en session plénière.
La réunion de consultation à Addis-Abeba a examiné six sujets thématiques en la matière. Le premier abordé a été les droits des migrants, l'inclusion sociale, la cohésion et toutes les formes de discriminations y compris le racisme, la xénophobie et l'intolérance. Les conclusions de cette discussion constitueront la position commune de l'Afrique qui sera présentée lors du Pacte Mondial sur les Migrations.
« Les Africains doivent mettre en application les protocoles et conventions de migration qu'ils ont ratifié » déclare Michelle AGUEYT, modératrice de ces questions sur les droits des migrants.