Dans une étape importante, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont été radiées de la liste de l’Organisation des Nations Unies des forces armées étatiques qui recrutent et entretiennent des enfants soldats. Le Rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits arméspublié le 5 octobre 2017, met en relief les tendances quant à l’impact des conflits sur les enfants et fournit des informations sur les violations commises en 2016. Cette année, 56 forces étatiques et groupes armés dans 14 pays ont été identifiés. Avant cette année, seul le Tchad avait rempli avec succès les exigences pour être rayé de la liste d’après le rapport de l’ONU.
La décision a été saluée par Madame Jeanine Mabunda, Représentant Personnel du Chef de l’Etat de la RDC en matière de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants. « Cette réalisation a été rendue possible par la détermination et la conjugaison des efforts soigneusement déployés par divers organismes gouvernementaux, la société civile, des partenaires nationaux et internationaux et, bien sûr, l’Organisation des Nations Unies, » a déclaré Madame Mabunda.
Répertoriée comme un État membre recruteur d’enfants depuis 1998, la RDC a adopté plusieurs mesures législatives et réglementaires pour résoudre le problème, y compris la signature en 2012 d’un Plan d’action adopté dans le cadre des Résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU 1612 (2005) et 2009. Lors de sa signature, l’ancien Représentant Spécial du Secrétaire Général pour les enfants et les conflits armés, Madame Leila Zerrougui, a qualifié l’accord d’« ambitieux ». La mise en œuvre réussie de ce plan d’action par la RDC a facilité la radiation des FARDC de la liste du rapport annuel de l’ONU sur les enfants et les conflits armés.
Dans une lettre officielle, l’actuel Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, Madame Virginia Gamba, a félicité le Gouvernement de la RDC pour sa « participation, mobilisation et ses efforts continus dans la mise en œuvre du plan d’action et pour avoir pris toutes les mesures requises dans la lutte contre le recrutement et l’utilisation des enfants par les FARDC. » Elle a également reconnu l’engagement personnel du Président Joseph Kabila et du Bureau du Représentant Personnel en matière de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants pour des progrès réalisés à ce jour.
Le rapport daté du 5 octobre reconnaît plusieurs initiatives prises par la RDC, y compris la création d’un groupe de travail technique mixte, la validation des standards opérationnels pour la détermination de l’âge, l’établissement des procédures de dépistage pour les nouvelles recrues, la mise en œuvre de la déclaration sur la sécurité dans les écoles et la fourniture d’une aide multisectorielle pour les victimes des violences sexuelles et de recrutement des enfants. « Je trouve encourageant de constater que, pour la deuxième année consécutive, aucun nouveau cas de recrutement d’enfants et d’utilisation par les FARDC n’a été documenté, » déclare Monsieur Guterres, Secrétaire Général de l’ONU dans le rapport.
A ce propos, Monsieur Isaac Ekulusu, Responsable de programme sur la Protection de l’enfance à l’ONG Les Aiglons, a travaillé aux côtés de l’Organisation des Nations Unies, du Gouvernement de la RDC et d’autres ONG pour soutenir la protection des enfants. Il déclare que « La radiation des FARDC de la liste pour le recrutement et l’utilisation des enfants soldats est l’aboutissement d’un long processus qui démontre l’engagement du gouvernement congolais. C’est aussi un témoignage de la collaboration fructueuse entre le Gouvernement de la RDC et l’armée ainsi qu’entre les organisations internationales et les ONG.
Entre 2003 et 2016, 53 548 enfants, dont 9 485 filles, ont été retirés des FARDC et des groupes armés dans le cadre du programme national de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR). Les programmes de réinsertion sociale intensive ont aidé certains de ces anciens enfants soldats à trouver de nouvelles possibilités.
En 2016, le Bureau du Représentant Personnel sur la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants a mis en œuvre un programme de réinsertion pour 1 500 enfants au Nord-Kivu, en collaboration avec l’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP), le Gouvernement japonais, et les autres partenaires du secteur privé en vue d’offrir des possibilités de formation professionnelle en faveur des anciens enfants soldats et autres membres vulnérables de la communauté. Ce soutien communautaire réintègre les anciens enfants soldats dans les collectivités locales, tout en les aidant à aborder la stigmatisation à laquelle ils sont souvent confrontés. Ces efforts ont également aidé à empêcher le ré-enrôlement d’enfants.
"Après tous ces efforts pluri décennaux, la RDC voudrait être un acteur exemplaire dans la région des Grands Lacs, en matière de gestion post conflit, en faveur de femmes abusées et des enfants embrigadés et affectés par la guerre. Maintenant, nous espérons poursuivre notre collaboration avec les Nations Unies et d'autres partenaires sur le terrain en vue de la mise en œuvre du plan d'action contre les violences sexuelles dans le but d'instaurer des changements tangibles et durables afin que nous puissions également être retirés du rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur les violences sexuelles liées au conflit. Après un long héritage de conflit, la RDC gagne du terrain ", a déclaré M. Mabunda.
En 2014, le président Joseph Kabila a nommé Jeanine Mabunda à titre de représentante personnelle en charge de la lutte contre la violence sexuelle et le recrutement des enfants. Au cours des deux dernières années, son bureau a œuvré pour combattre l'impunité, fournir des ressources aux systèmes de justice civile et militaire, fournir des services essentiels aux victimes, autonomiser les femmes et les filles et mobiliser la société pour mettre fin à la violence sexuelle en RDC. Le magazine Jeune Afrique l'a nommée l'une des 50 femmes africaines les plus influentes. En mai 2016, elle a reçu le Prix du Meilleur Monde à Monaco pour son travail humanitaire en cours.