Afrique: ICASA 2017 sonne le changement d'approche dans la lutte contre le Sida

5 Décembre 2017

La lutte contre le Vih/Sida a enregistré des résultats positifs au fil des dernières années. Délégués, autorités publiques, organisations non gouvernementales et organismes internationaux  l'ont fait savoir lors de l'ouverture officielle de la 19ème ICASA (Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique), ce 4 décembre à Abidjan, la capitale ivoirienne.

(Envoyé spécial à Abidjan) - Ils sont tous unanimes sur la nécessité de changer de fusil d'épaule dans la lutte si l'on veut en finir avec cette épidémie d'ici à 2030. Plaidant pour le renforcement des ressources, les parties prenantes pensent qu'il faut donner une place de choix à l'éradication du sida pédiatrique tout en redonnant à la société civile la place qui sied. 

L'ONUSIDA œuvre pour stopper les nouvelles infections à VIH, en veillant à ce que chaque personne vivant avec le SIDA ait accès au traitement, en protégeant et en défendant les droits de l'homme et en produisant des données pour éclairer les prises de décision.

Cet objectif ne semble pas irréalisable vu les résultats obtenus vingt ans après le retour de la Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (Icasa) à Abidjan. Le Directeur exécutif d'ONUSIDA estime que « les énormes progrès réalisés contre le sida ces 15 dernières années ont suscité un engagement mondial pour en finir avec l'épidémie d'ici à 2030 ».

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Cet engouement semble retrouver sa lucidité vu la nouvelle trajectoire tracée par les parties engagées dans la lutte. Un état de fait qui, selon M. Michel Sidibé s'explique par le fait que le monde comptait en 2016 quelque 36,7 millions de personnes vivant avec le vih, 20,9 millions de personnes qui sont sous traitement anti rétroviral en juillet 2017 et 1,8 millions de nouvelles infections en 2016.

Le Dr Raymonde Goudou Coffie, Ministre de la Santé et de l'Hygiène Publique de la République de Côte d'Ivoire, par ailleurs, vice-présidente d'ICASA 2017, se rappelle, 20 ans après de la fameuse phrase du président ivoirien d'alors, M. Henri Konan Bédié, « les malades sont au sud et les médicaments au nord ».

M. Sidibé dessine un contexte nouveau meublé par la montée du terrorisme, les flux migratoires entre autres facteurs qui, à son avis, pousse à repenser les stratégies mais aussi de trouver davantage de ressources pour la lutte contre le vih/sida.

Ouattara mettra 21 milliards de F Cfa dans la lutte pour 2018-2020

Le Président de la République ivoirienne semble donner de la voix sur le chemin à emprunter. Jaugeant l'impact social du vih/sida, M. Alassane Ouattara confie que son pays a consacré 32 milliards de F Cfa entre 2013 et 2017 pour lutter contre l'épidémie du vih/sida.

C'est dans ce sens qu'il a annoncé un investissement de 21 milliards de F Cfa qu'il compte injecter dans la lutte contre la maladie sur la période 2018 2020.

Une option qui a comme objectif de faire passer le taux de prévalence de 2,6 à 1%. Une vision qui passera par plus d'investissement dans la population jeune touchée par la maladie.

Comme l'a souligné Mlle Asita Ouédraogo, jeune-fille de 20 ans vivant avec le Sida, malgré son statut sérologique avec un traitement débuté en 2008, elle a eu le courage de témoigner devant une salle pleine à craquer.

Titulaire d'un baccalauréat littéraire, la jeune fille a décrit le choc ressenti au moment de la fâcheuse découverte.

Elle se désole du fait que « 90% des enfants vivants avec le vih sont en Afrique et plus de moitié meurt avant cinq ans ». Un constat qui l'amène à interpeller les jeunes touchés par la maladie : « Battez-vous pour vivre car le vih ne doit plus vous éloigner de vos ambitions ».

Ce témoignage qui a touché la sensibilité au plus niveau sonne comme une interpellation.

Les premières dames en croisade contre le sida pédiatrique

Venues prêter main forte à leur consœur de la Côte d'Ivoire, Mme Dominique Ouattara, les Premières dame du Congo, de Guyane, du Bénin ont, comme pour répondre à l'appel de la petite Asita Ouédraogo vont lancer ce mardi 6 décembre une croisade contre le sida pédiatrique.

Une initiative qui d'après, l'épouse d'Alassane Ouattara va permettre d'éviter les nouvelles infections surtout chez les enfants mais aussi de rendre accessible le traitement. C'est ainsi qu'elle a parlé d'ARV pédiatriques produits en Afrique.

Ce qui fera dire à son époux que « l'Afrique doit être actrice et non seulement consommatrice des résultats scientifiques ». C'est dans ce sens que le chef de l'Etat ivoirien appelle la communauté scientifique africaine à travailler dans la solidarité et le partage des expériences.

Dans cette dynamique, le Président de la société africaine anti-sida, Docteur Ihab Ahmed Abdelrhaman Ahmed, pense que les pays africains doivent renforcer leurs efforts et faire preuve d'innovation.

M. Sidibé, pour sa part, parle d'obligation de protéger les jeunes filles et les femmes qui sont particulièrement exposées à la maladie « 74% de nouvelles infections sont des filles âgées de 16 à 19 ans », renseigne-t-il.

Le directeur exécutif d'Onusida pense qu'il est nécessaire d'éviter une réponse à deux vitesses en Afrique avec des zones ouest et centre mal servies. D'où la nécessité, selon lui, de produire d'avantage de médicaments en Afrique. « 80% du traitement du vih en Afrique est tributaire de l'extérieur ». M. Sidibé n'a pas aussi oublié de lancer un appel aux décideurs pour redonner à la société civile la place de choix qu'elle occupait dans la lutte contre la maladie.

Le Directeur régional d'Afrique de l'Ouest et du Centre de l'UNFPA, de son côté, estime que les infections massives chez les jeunes et les femmes iront compromettre la réalisation des aspirations pour la capture du Dividende démographique si rien est fait.

Mabingué Ngom sonne ainsi une coalition internationale pour la prévention du vih en allant mieux déployant les ressources mais aussi en adoptant une approche différente pour changer les choses.

 

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