La recherche de solution pour une éducation de qualité au bénéfice de tous, a cristallisé les attentions au Forum de financement du partenariat mondial pour l'éducation qui s'est tenu, les 1er et 2 février à Dakar. Acteur reconnu dans ce domaine, surtout en Afrique, Actionaid International suggère une démarche qui repose sur deux piliers essentiels que sont le financement de l'éducation par une fiscalité progressive et la distribution équitable des ressources pour scolariser chaque enfant. Le secrétaire général, Adriano Campolina, interrogé sur la question, a appelé toutes les entreprises qui veulent contribuer à l'éducation à payer leur part d'impôt afin que les gouvernements des pays en développement mobilisent plus de ressources à consacrer à l'éducation.
Quelle est la perception d'ActionAid de la situation mondiale du financement de l'éducation dans le monde?
ActionAid s'est rendu compte que les défis sont énormes en raison de l'écart important dans le financement de l'éducation. Nous devons tous nous mobiliser pour combler le gap et trouver des ressources suffisantes pour revendiquer une éducation de qualité.
Nous sommes également convaincus et la Commission pour l'éducation a montré que pour parvenir à une éducation de qualité, nous devons mobiliser 97% des ressources nationales et 3% de sources internationales. Les pays en développement doivent payer plus que les pays à faible revenu.
ActionAid a entrepris une recherche détaillée sur le lien entre l'éducation et la fiscalité et nous pensons que des efforts additionnels petites étapes pour aborder la justice fiscale pourraient mener à des étapes massives dans le financement de l'éducation.
Aujourd'hui, quels sont les principaux défis auxquels le secteur de l'éducation est confronté dans la région comme l'Afrique?
Selon ActionAid, le financement est le plus grand défi. Il y a aussi des problèmes d'inégalité parce que même si les ressources sont mobilisées, nous voyons que l'argent ne va pas au bon endroit. Dans le même pays, on peut noter des disparités entre les zones urbaines et les zones rurales en termes d'accès au service public. Cela montre que même si les ressources sont mobilisées, nous devrons avoir une distribution juste et équitable.
Dans une étude réalisée par ActionAid International les exonérations fiscales accordées aux grandes entreprises pourraient faire perdre aux pays 138 milliards de dollars par an. Si 20% de ces revenus perdus étaient consacrés à l'éducation, nous pourrions faire des progrès réels pour scolariser tous les enfants. Cette somme aurait pu servir à construire un système éducatif performant pour des milliers d'enfants en Afrique subsaharienne. Le fait que ces grandes entreprises ne paient pas d'impôts est un énorme manque à gagner pour nos pays. En outre un système d'imposition progressif pourrait permettre que l'argent de l'éducation puisse rester dans les pays.
Grâce à la recherche, ActionAid a documenté le financement et la distribution équitable des ressources pour montrer comment l'impôt progressif pour les multinationales peut permettre aux pays en développement de résoudre les problèmes de l'éducation.
Quelles sont les initiatives entreprises par ActionAid qui peuvent servir d'exemple pour surmonter les difficultés dans le secteur de l'éducation en Afrique particulièrement?
Essentiellement, ActionAid fonctionne sur trois niveaux. Au niveau local, nous mobilisons les communautés et plaçons le respect du droit à une éducation publique et gratuite au cœur de notre intervention. Nous produisons des évidences des preuves et faisons pression sur le gouvernement en faveur d'une fiscalité progressive pour financer l'éducation. Nous développons des alternatives et des argumentaires fiables afin d’impulser un changement positive dans les politiques éducatives.
Le deuxième point consiste à plaider en faveur d'une grande coalition en faveur d’une éducation de qualité pour tous afin que l'aide par le gouvernement. Plaider au niveau national pour avoir une bonne qualité de service public, en particulier dans le secteur de l'éducation. Nous appelons également les États qui mobilisent des ressources publiques pour l'éducation à utiliser ces ressources de manière efficace et efficiente pour garantir aux enfants, notamment ceux qui sont dans les zones les plus vulnérables, aient accès à une éducation de qualité et responsabilisent les gouvernements.
Au niveau international, nous travaillons avec la campagne mondiale pour l'éducation qui tente d'examiner les contraintes internationales telles que la justice fiscale, nous travaillons pour avoir un nouvel organe au niveau de l'ONU pour assurer la justice fiscale à tous.
Il est également nécessaire de construire une alliance stratégique avec d'autres coalitions et organisations travaillant sur le même sujet. Nous recommandons que le gouvernement réduise les incitatifs fiscaux pour avoir un système d'imposition progressif afin de garantir que l'éducation est garantie pour tous.