Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan est attendu au Sénégal ce mercredi 28 février pour une visite officielle dans le pays. En prélude à cette descente sur Dakar, Amadou Mahtar Ba, CEO d'AllAfrica avait, dans une interview exclusive que lui avait accordé l'homme fort d'Ankara, interpellé l'invité du président Macky Sall, sur un certain nombre de questions qui encerclent la coopération sénégalo-turc. Certains dossiers qui restent entiers attendent toujours des réponses claires.
Le chef d'Etat turc, M. Recep Tayyip Erdogan est attendu au Sénégal demain mercredi 28 février pour une visite officielle de trois jours.
L'agenda fourni par la présidence de la République du Sénégal informe que, dès sa descente d'avion, une visite est prévue au nouvel Aéroport International Blaise Diagne (Aibd) dont les travaux ont été achevés par le Groupement Summa-Limak, une entreprise turque.
La même source informe que les deux présidents s'entretiendront dans la matinée du jeudi 29 février.
Ce qui sera suivi d'une visite de travail élargie aux membres des deux délégations. Il faut noter qu'une semaine avant son arrivée à Dakar, une forte présence d'hommes d'affaires turques se faisait remarquer dans la capitale sénégalaise, surtout au niveau des boutiques tenus par des commerçants turques.
Lors de la présence d'Erdogan au Sénégal, il est aussi prévu une signature d'accords et un point qui sera conjointement animé par les deux présidents.
Le service presse de l'Agence pour la Promotion de l'investissement et des grands travaux nous informe que les deux chefs d'Etat doivent présider un forum économique sénégalo-turc, le 1er mars au Centre international de conférence Abdou Diouf Diamniadio (Cicad), construit par une entreprise turque.
Dans les coulisses de cette visite, le président turc devrait apporter des réponses définitives sur un certain nombre de questions qui interpellent Recep Tayyip Erdogan et qu'il avait effleuré dans l'interview exclusive daté du 22 décembre 2017 au CEO de allAfrica.com.
Il s'agit, entre autres, du dossier sur l'éducation avec le sort définitif réservé au réseau de Fethullah Gülen que l'administration turque qualifie d'organisation terroriste guleniste. La main d'Erdogan était clairement apparue dans ce dossier suite à sa demande de faire fermer toutes les écoles de Yavuz Selim.
M. Erdogan qui n'avait pas voulu s'attarder sur cette question lors de son face à face avec M. Ba, n'avait pas varié dans sa position. Pour lui, « qu'aucun enfant ne doit être inscrit dans ces écoles parce que l'éducation n'a été qu'un masque pour ces personnes ».
Les autorités sénégalaises s'étaient d'ailleurs pliées à cette volonté d'Ankara en proposant la « sénégalisation du collège Bosphore) mais une forte résistance au niveau local avait ralenti les choses.
Il faut rappeler d'ailleurs que certains pays africains comme le Tchad, le Soudan et la Tunisie ont adhéré à cette volonté du président turc en fermant les écoles du réseau guleniste.
Cette visite d'Erdogan survient à moins d'un mois de celle du président français Emmanuel Macron. Ce qui sonne comme une volonté pour la Turquie dont l'économie est en expansion, de ne pas laisser le terrain de l'Afrique aux autres puissances.
Cette visite aura certainement des retombées économiques qui vont conforter la présence turque dans le pays. Ces temps qui courent la Turquie a la côte au Sénégal où ses entreprises s'activent dans les secteurs de la restauration, l'éducation, les BTP, le commerce.
Dans sa volonté de réaliser le maximum de projets pour étoffer son bilan à présenter au moment de briguer un second mandat en 2019, le Président Macky Sall a confié beaucoup de marchés à des entreprises turques surtout dans les périmètres de Diamniadio, la ville nouvelle qui sort de terre.
C'est à l'image de l'université de Diamniadio pour un coût de 65 milliards de F Cfa, un marché international et une gare de gros porteurs pour 61,4 milliards de F Cfa, une unité de fabrication de meubles pour le marché sous-régional et le marché américain pour 25 milliards de F Cfa. A cela s'ajoutent l'hôtel Radisson Blu, le Palais des sports… Les entreprises désignées sont souvent épaulées par Eximbank Turquie.
Compte tenu du leadership qu'il incarne sur certaines questions en Afrique, le président Sénégal, Macky Sall peut interpeller son homologue turc sur les dossiers de l'immigration des jeunes africains.
Dans son entretien avec allafrica.com, Recep Tayyip Erdogan avait ouvertement condamné l'esclavage sur les migrants africains en Libye. A la place, il pense que ce pays, compte tenu de ses énormes potentiels, peut jouer un rôle moteur pour le développement économique et social en Afrique.
Le président turc avait, par la même occasion, enfilé sa robe d'avocat pour l'autonomisation des femmes en Afrique. A son avis, les femmes ne doivent pas être exclues de la vie politique. Il plaide pour leur responsabilisation dans l'éducation, la santé, les affaires, la société civile…
Un discours qui est d'actualité à la veille du mois dédié à la femme que allafrica.com célèbre à travers son initiative AllAfrica Women Agenda (Awa). A cet effet, un forum sur l'« Autonomisation économique des femmes rurales et accès des filles à l'école », se tient le 5 mars 2018 à Abidjan, la capitale ivoirienne.
Lors de son séjour à Dakar, il devrait aussi réitérer la dose d'implication de la Turquie pour la réalisation des projets communautaires ou continentaux pour la réalisation des objectifs de développement.
Il pourra également partager l'expérience turque sur les services de santé universelle. Une prouesse que l'administration de M. Erdogan avait réussie en investissant dans l'éducation et la formation. Mais aussi en encourageant les hôpitaux du secteur privé et ceux universitaires, pour résorber le gap.
Par ailleurs, M. Erdogan avait fait part de son intérêt pour la Somalie, malgré l'environnement complexe qui règne dans ce pays. Dans les colonnes de allafrica.com, le président turc s'était désolé de la destruction, l'état de la population, des enfants, des mères qui caractérisent ce pays.
A travers cet exemple, il recommande aux Africains de faire valoir leur unité et de refuser les jeux que les grandes puissances veulent toujours mettre en place dans le continent et qui magnifie une volonté manifeste de vouloir diviser le continent pour pouvoir les contrôler plus facilement.
Selon lui, le prochain siècle pourrait être le siècle africain avec une exploitation optimale de ses ressources inépuisables en or, les gisements pétroliers, le diamant. « A partir de là, je crois que l'Afrique doit pouvoir relever ses défis », avait-t-il confié à Amadou Mahtar Ba.