Afrique: Les grandes sœurs en croisade pour révolutionner la lutte contre l'excision et les mariages précoces

Lancement du "Mouvement des Grandes Soeurs", le jeudi 8 mars 2018 à Dakar.
9 Mars 2018

Une nouvelle coalition contre les mutilations génitales féminines (Mgf) et le mariage des enfants, est née. Il s’agit du « Mouvement des Grandes Sœurs ». Elle a été lancée le jeudi 8 mars à Dakar et s’est donnée comme objectif d’éradiquer ces phénomènes qui gangrènent la société africaine d’ici 2030.

Le « Mouvement des Grandes Sœurs » ou (Big Sister Movement) pour mettre fin aux Mutilations génitales féminines (Mgf) et au mariage des enfants d’ici 2030 est lancé, le jeudi 8 mars à Dakar.

Cette grande offensive composée de femmes issues du monde entier a pour objectifs de soutenir mutuellement pour l’appui technique, le mentorat, une collaboration croisée et des ressources pour apprendre les meilleures pratiques, grandir ensemble et devenir plus fort en tant que mouvement.

Cette organisation vise également à identifier les responsables locaux à travers l’Afrique pour renforcer leurs moyens et les former à mener la campagne au sein de leurs communautés.

Entre autres objectifs visés, les « Grandes Sœurs » veulent mettre en place le plus grand mouvement collectif communautaire outillé pour interdire les MGF et le mariage précoce des enfants. Mais aussi établir des relations avec les principaux acteurs et les décideurs pour influencer les membres votant de l’Union africaine (Ua).

Selon Mme Jaha Dukureh, Fondatrice de Safe Hand for Girls, cette grande offensive s’explique du fait que les MGF font partie des pires formes de violence faites aux femmes. Elle se désole du fait que, aujourd’hui, plus de 200 millions de filles et de femmes sont victimes des MGF dans 30 pays africains.

D’après elle, cette situation montre le développement a laissé en rade les femmes africaines car « tout le monde veut parler de nous mais sans nous ».

Une situation qui explique, en partie, de l’échec des politiques publiques jusque-là mises en place et qui n’ont malheureusement pas produites les effets attendus contre les MGF.

Ce qui, à l’en croire, pousse les « Grandes sœurs » à s’engager pour apporter un changement et éradiquer le phénomène. « Nous sommes conscientes que les solutions viennent de l’intérieur et non d’ailleurs ».

La directrice exécutive de la campagne média du mouvement l’a dit en d’autres termes : « se sont les femmes africaines qui vont apporter le changement ».

A son avis, le combat est entré dans une autre phase consistant à mettre le pouvoir entre les mains des personnes qui veulent le changement. Ce qui colle avec la vision du mouvement consistant à révolutionner audacieusement la manière dont les politiques de développement changent au niveau communautaire en Afrique.

Le premier sommet contre les MGF et le mariage des enfants en décembre prochain à Dakar

A cet effet, Jaha Dukureh a annoncé la tenue d’un sommet contre les MGF et le mariage des enfants les 4 et 5 décembre 2018 à Dakar. Ce qui, d’après elle, va constituer l’organisation par les femmes africaines du premier Sommet africain sur les mutilations génitales féminines et le mariage précoce des enfants.

Pour cette initiatrice et directrice exécutive de Safe Hands for Girls, il convient de faire respecter les engagements internationaux signés par les Etats pour inculquer un changement. Ce qui sonne comme un fort plaidoyer pour la réalisation des objectifs fixés d’ici 2030.

Les « Grandes Sœurs » affirment avoir choisi le Sénégal pour le lancement de leur mouvement tout en espérant enrôler le président Macky Sall dans leur combat et en faire un porte-voix auprès de ses pairs africains.

Sur ce point, les « Grandes Sœurs » invitent les chefs d’Etat africains à faire appliquer les lois et appeler ceux qui sont en rade à rentrer dans les rangs pour « criminaliser » la pratique des MGF.

Mme Oulimata Sarr d’ONU Femmes, pour sa part, considèrent que les femmes doivent être au cœur de la participation politique pour influer sur les décisions leur concernant.

Elle pense que la démarche doit être focalisée sur l’autonomisation économique des femmes en s’assurant que dans toute activité, les retombés soient ressentis dans leur poche.

A son avis, la zone du Sahel doit être considérée comme prioritaire car « aucun des objectifs ne sera pas réalisé en 2030 si on ne met pas l’Afrique sub saharienne et le Sahel au cœur des préoccupations », fait-elle savoir.

A cet effet, elle pense que les femmes doivent être mises au cœur de la recherche de solution dans la lutte contre la pauvreté dans cette zone. « Les séances de paix ne sont jamais durables sans l’implication des femmes ».

Mme Sarr n’a pas oublié de louer l’implication des hommes notamment avec le mouvement « He for she » qui se développe partout dans le monde.

Pour Dr Morissanda Kouyaté, Directeur exécutif du Comité inter-africain, le 8 mars ne peut être ni une fête, ni un jour folklorique mais un jour de bilan.

A son avis, le mouvement des « Grandes sœurs » est né pour dire non aux pratiques traditionnelles néfastes. « C’est un mouvement mondial que les hommes doivent rejoindre pour participer à la dynamique de correction de l’erreur commis par l’espèce humain en reléguant les femmes au second plan ».

Mamadou Ndoye, adjoint de la directrice de la famille et la protection des groupes vulnérables du Sénégal, quand à lui, valide l’idée de partir de nos réalités locales pour parvenir au développement et au changement.

Pour lui, ce mouvement reflète une volonté d’avancer pour produire des résultats et en faire bénéficier aux générations à venir. Ce qui pousse à un optimisme mesurée en vue d’éradiquer tous les fléaux qui gangrènent le développement humain en Afrique.

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