Le Docteur en islamologie, M. Seydi Diamil Niane plaide pour une approche humaniste du dialogue inter religieux au Sénégal. A cet effet, à la place du « vivre ensemble, il invite les acteurs à aller vers le « faire ensemble » qui, à son avis, est plus actif. Ce plaidoyer a, d’ailleurs, guidé les débats du panel que OSIWA, en collaboration avec le Cadre Unitaire de l'Islam au Sénégal, a organisé ce jeudi 15 mars, sur l’Harmonie interconfessionnelle au Sénégal érigée en modèle pour la Sous-Région ouest-africaine.
« Ressources endogènes pour la tolérance inter et intra confessionnelle au Sénégal ». C’est le thème autour duquel OSIWA, en collaboration avec le Cadre Unitaire de l'Islam au Sénégal, a convoqué la réflexion, ce jeudi 15 mars à Dakar. La chargée du Bureau Pays Sénégal d'OSIWA, Mme Hawa Ba précise qu'il s'agissait de faire une introspection pour évaluer le "bon vivre" au Sénégal matérialisé par la parfaite cohabitation entre les confessions.
Il était également question d'examiner les éléments exogènes et endogènes de cette question tout en relevant les défis qui se posent à l'harmonie pour améliorer le modèle mais aussi le mettre en exergue à l'aune des mutations sociales.
Universitaires, chercheurs, acteurs de la société civile, religieux, entre autres, après avoir loué l’exemplarité du modèle sénégalais en matière de tolérance inter et intra confessionnelle n’ont pas manqué d’alerter sur la nécessité de renforcer les acquis face aux défis du moment.
Le Docteur en islamologie, M. Seydi Diamil Niane qui a profité de cette brèche réitère l’existence du besoin pour une coexistence active dans la société sénégalaise.
A cet effet, il plaide pour une approche humaniste du dialogue inter religieux qui à son avis, ne laisse personne de côté. Une idée consolidée par le Dr Mamadou Dia qui pense que la relation entre la religion et la spiritualité doit être revue pour mieux ressortir l’humanisme des confessions.
Dr Niane estime ainsi qu’à la place du « vivre ensemble », il faut aller vers « le faire ensemble » qui est plus « actif ». Une invite qui consiste à amener les aspirants du dialogue à s’entendre sur des actions communes et « veiller à ce qu’il n’y ait aucune exclusion », précise-t-il.
Cela renvoie à un dialogue islamo-chrétien avec comme objectifs des actions concrètes et bénéfiques pour tout le monde.
Ce postulat du Dr Niane qui se qualifie d’ « intellectuel rebelle » a presque orienté les débats de cette journée de réflexion.
C’est dans cette dynamique que M. Diomaye Sène, Initiateur du Projet Sanctuaire du Dialogue islamo Chrétien, indique un besoin d’équilibre sur la démarche consistant à rechercher une stabilité pérenne dans les relations entre les confessions au Sénégal.
Le Pr Malamine Kourouma, représentant des « 1111 Imams de Casamance », pour sa part, fait l’apologie de tolérance et libre disposition de la conscience de soi pour asseoir la paix durable.
Quant à Serigne Saliou Mbacké, représentant de la famille Mouride, il pointe du doigt l’instrumentalisation qui, d’après lui, est source des divergences notées au sein d’une même religion.
Pour parer à tout éventualité pouvant saper les fondamentaux qui cimentent les relations intra confessionnelle, il invite les acteurs à s’appesantir sur le développement humain.
Ce qui fait dire à M. Cheikh Ahmed Tidiane Sy, Président du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal qu’il convient de développer une démarche solidaire en revenant sur les ressources endogènes pour faire face à des phénomènes comme la mendicité, l’insécurité…
Ce plaidoyer du Pr Niane ne renferme pas un caractère inédit aux yeux de certains observateurs qui ont pris part à cette journée de réflexion.
C’est à l’image du Pr Rokhaya Fall, historienne à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui recommande de réviser la « tolérance » sur la base de faits historiques.
Selon elle, le « vivre ensemble » englobe « le faire ensemble » et invite le cadre unitaire à initier des actions avec les religieux du terroir pour démontrer l’existence de cette volonté de ne laisser personne de côté.
Pr Fall rappelle donc la place centrale que l’éducation doit jouer dans cette démarche tout en louant le rôle d’intégration que les Daaras ou écoles coraniques jouent depuis le 17ème siècle.
Abordant presque dans le même sens, M. Jean Ouattara, représentant de l’église protestante du Sénégal pense qu’il faut continuer à promouvoir les exemples d’échange de bons procédés. Pour lui, « chaque personne doit voir dans l’autre, l’image de Dieu ».
Dans cette même veine, M. Dia qui a parlé au nom de Jama’atou Ibadou Rahmane, parle du renforcement des valeurs communes que partagent chrétiens et musulmans. Ce qui consiste, entre autres, à lutter contre des phénomènes comme la pauvreté, l’ignorance, l’inaccessibilité des services sociaux de bases, insécurité…
Dans cette même veine, des participants pensent que les acteurs de la tolérance intra et inter confessionnelle doivent investir l’espace public numérique pour y prôner la paix.