La deuxième édition des Pourparlers africains sur le climat se concluent par des appels à des solutions locales

23 Mars 2018

Addis-Abeba, Éthiopie — L'Afrique devrait se concentrer davantage sur la recherche de solutions internes à ses problèmes plutôt que de dépendre des partenaires internationaux pour résoudre ses problèmes.

Tel était le message dominant, à la fin de la réunion de deux jours sur le dialogue Talanoa : la deuxième édition des Pourparlers africains sur le climat (African Climate Talks - ACTII) à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Les participants aux discussions sur le thème, « Politiques publiques ou mécanismes de marché pour mettre en œuvre l'Accord de Paris », appellent à des initiatives africaines pour aborder les problèmes climatiques du continent.

Ils plaident en faveur d'approches africaines holistiques pour aider la région à atténuer les changements climatiques, à s'y adapter et à faire en sorte qu'elle soit moins exposée et vulnérable aux impacts climatiques en constante augmentation.

M. James Murombedzi, Responsable du Centre africain pour la politique en matière de climat (CAPC), souligne que l'Afrique continue d'avoir des capacités limitées pour les Services d'information climatologique (SIC), une préoccupation que le programme de Service d'information météorologique et climatique pour l'Afrique (WISER) s'efforce de remédier.

« WISER cherche à démontrer les avantages socio-économiques (SEB) qui en ressortiraient en cas d'investissement dans les SIC. En plus d'investir dans les SIC, nous devrions également renforcer la capacité des décideurs à être en mesure d'analyser et d'intégrer les SIC dans les politiques », déclare M. Murombedzi.

Il ajoute que WISER soutient également l'évolution de la recherche climatique pour le développement (CR4D) pour que les SIC soient pleinement intégrés dans l'élaboration des politiques.

M. Linus Mofor, de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), fait allusion au Mécanisme d'investissement de projets résilients aux changements climatiques(AFRI-RES).

Il révèle que les résultats du programme indiquent un énorme déficit d'infrastructures sur le continent, un grand obstacle à la croissance et au développement.

« Les infrastructures sont un moteur et un catalyseur pour l'industrialisation, le commerce et l'intégration régionale. Cela devrait être fait d'une manière qui réponde aux menaces potentielles du changement climatique. L'Afrique devrait saisir l'opportunité de faire les choses correctement et d'être aux avant-postes », déclare M. Mofor.

Il note également que l'Afrique a besoin de centaines de milliards de dollars pour investir dans les infrastructures et qu'il est impératif de protéger les investissements contre les changements climatiques.

M. Godwell Nhamo, de l'Université d'Afrique du Sud, fait appel aux pays africains à travailler ensemble et à faire face au manque de financement, au lieu de compter sur des donateurs étrangers.

« Laisser l'Afrique s'engager, parmi ses nations, à intégrer le changement climatique dans leurs budgets et se concentrer sur l'adaptation. Nous pouvons nous attaquer à ce problème localement, mais pas en faisant le tour du monde et en demandant de l'argent aux donateurs », déclare M. Nhamo.

M. David Lessole de l'Université du Botswana fait remarquer que le leadership politique est crucial pour guider l'Initiative d'adaptation en Afrique (AAI), le Dialogue Talanoa et au-delà.

« Nous devrions nous concentrer sur les résultats - les moyens de subsistance, la durabilité, la vulnérabilité, la sécurité humaine - au lieu des secteurs traditionnels comme la santé et l'agriculture », dit M. Lessole.

Il demande à la Banque africaine de développement (BAD) de réviser ses règles sur le mécanisme de financement afin de permettre aux pays d'obtenir des fonds à temps pour leurs projets plutôt que ce régime lourd d'accès aux sommes dont il parle.

« Nous devons nommer un commissaire à l'Union africaine qui prendra en main le portefeuille du changement climatique. Un commissaire qui dirigera notre initiative visant à développer un mécanisme de mise en œuvre du changement climatique », déclare M. Lessole.

Mme Pauline Dube, de l'Université du Botswana, souligne que les décideurs doivent relier les systèmes sociaux du continent - local, régional et international - à la mobilisation des ressources pour avoir un impact plus important sur le changement climatique.

« S'appuyer sur les autres crée des inégalités même au niveau des villages. L'Anthropocène est caractérisé par la domination des personnes sur les autres. Nous en avons été victimes, mais même ceux qui l'ont créée en souffrent. Laissez-nous avoir nos propres solutions », dit-elle.

M. Joseph Matowanyika, de l'Université Chinhoyi, au Zimbabwe, met l'accent sur l'intégration des Systèmes de connaissances indigènes africains (SCA) dans les plans nationaux de lutte contre les changements climatiques.

« Nos ancêtres avaient des moyens uniques de faire face aux catastrophes naturelles. Cette connaissance est disponible. Tous les stratèges antiques ont une sagesse cachée qui peut résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés maintenant. Nos pères connaissaient la rotation des cultures, le stockage des grains parmi d'autres pierres précieuses. Exploitons et utilisons ces connaissances », déclare M. Matowanyika.

M. Laban Ogallo, de l'Université de Nairobi, plaide pour l'utilisation des données historiques disponibles pour résoudre les problèmes climatiques.

« L'avenir c'est maintenant. Le savoir autochtone est vital et nous devrions l'utiliser avec les bonnes technologies pour prédire l'avenir », déclare-t-il

M. Buruhani Nyenzi, un consultant de Tanzanie, fait appel aux météorologues à participer aux négociations pour fournir de bonnes informations sur le climat.

« Il faut combiner l'adaptation et les SIC pour de bons résultats et le plaidoyer sur la façon d'appliquer ces connaissances à la base », indique M. Nyenzi.

Pour sa part, M. Amos Makarau, anciennement des Services météorologiques du Zimbabwe, appelle à l'intégration des IKS dans les systèmes de détection précoce des systèmes d'alerte rapide dans les réseaux nationaux afin de renforcer l'observation et de combler les lacunes dans la couverture spatiale.

Il souligne la nécessité de réglementer la publication d'informations sur le climat pour protéger les producteurs et les utilisateurs.

M. Emmanuel Marfo, un Député ghanéen, note que : « Nous devons comprendre combien la politique joue dans les négociations internationales. Le Parlement joue un rôle clé dans l'intégration des SIC dans les budgets parce qu'elle élabore des lois. Les législateurs doivent donc être impliqués dans toutes les questions liées au changement climatique ».

Les représentants des jeunes à la réunion plaident en faveur de leur plus grande inclusion dans les forums de prise de décision.

« Exposez les jeunes aux défis de l'élaboration des politiques maintenant afin qu'ils sachent comment mieux trouver des solutions plutôt que de simplement être des observateurs alors que la région souffre », mentionne Chinma George du Nigéria.

Barbara Nakangu de l'Université de Makerere, en Ouganda, exhorte les jeunes à se joindre à la politique et à prendre part à la prise de décision et à l'élaboration des politiques.

Sur le réchauffement continu de la planète, M. Webster Whande de CDKN, Afrique du Sud, déclare que le continent doit mettre au point des outils pour évaluer son progrès collectif réalisé en vue d'atteindre les 1,5 degrés Celsius.

M. Robert Mbeche, de l'Université Jomo Kenyatta de l'agriculture et de la technologie du Kenya, ajoute que divers accords conclus dans le cadre de la CCNUCC et d'autres accords n'ont pas ralenti les émissions de carbone et que les températures atteignent les 3 degrés Celsius.

M. John Maesela du Département des affaires environnementales d'Afrique du Sud fait appel à tous les pays africains à rejoindre et à soutenir l'initiative d'adaptation en Afrique, axée sur les pertes et dommages, renforçant les cadres politiques et institutionnels et promouvant la mise en œuvre au niveau local.

Il ajoute que l'initiative vise à obtenir des résultats concrets pour des événements extrêmes tels que les sécheresses et les inondations et à renforcer les agences d'exécution nationales pour l'adaptation.

Pour le développement continu de solutions pour le continent, M. James Kinyangi de la BAD exhorte les pays africains à s'engager avec la banque.

Plus de 170 participants recommandent que les ingénieurs, les experts en résilience climatique et les gestionnaires des risques de catastrophe travaillent ensemble pour éviter que le continent ne perde des sommes sur des infrastructures telles que les routes, les ponts qui s'effondrent chaque année à cause des inondations.

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