Le niveau de production des statistiques économiques devant aider les gouvernants dans la prise de décisions n'est pas des meilleurs. Le panel sur « Renforcer les statistiques économiques pour une meilleure planification du développement », tenu dans la matinée de ce dimanche 13 mai à Addis-Abeba, dans le cadre de la 51ème session du Comité d'experts de la CEA, sur les Finances, la Planification et le développement économique, a permis de s'en rendre compte.
(Envoyé spécial) – L'Afrique pourrait-elle réellement espérer atteindre les Objectifs de développement durable (Odd) à l'horizon retenue ? La question s'impose vue le niveau actuel et la qualité des statistiques disponibles sur le continent.
L'événement parallèle sur le thème : « Renforcer les statistiques économiques pour une meilleure planification du développement », a permis de mesurer à quel niveau les lacunes relevées sur les statistiques économiques africaines risquent de compromettre l'atteinte des ODD.
M. Xiaoning Gong, chef de la Section des statistiques économiques et des comptes nationaux à la Commission Economique pour l'Afrique (Cea) remarque que « les statistiques économiques en Afrique présentent encore des lacunes ».
Selon lui, un tiers des pays africains n'ont pas la moitié des indicateurs économiques de base des ODD.
Avant de se désoler sur le fait que seulement un pays africain sur deux est en mesure de définir une base de référence pour 80% des indicateurs économiques des ODD.
A son avis, cette proportion tombe à un niveau beaucoup plus bas lorsqu'il s'agit d'évaluer les progrès réalisés au fil du temps.
Dans ce même ordre d'idée, M. Xiaoning note que les indicateurs qui sont essentiels pour réaliser des progrès substantiels, tels que la productivité du travail, l'augmentation du revenu des ménages, les dépenses de recherche et de développement et l'efficacité énergétique, sont parmi les moins renseignés sur le continent.
Il constate également que les indicateurs des ODD ne représentent que la partie visible de l'iceberg.
Pour le patron de la Section des statistiques économiques et des comptes nationaux à la CEA, les déficiences notées relativement aux données des ODD traduisent des lacunes plus profondes quant à l'état de l'éventail des statistiques de base nécessaires pour une planification robuste et efficace du développement durable.
Des défis pour relever la pente
La situation est criarde mais pas désespérée même si le temps presse face aux attentes et aux objectifs ambitieux de développement que se sont fixés les Etats africains dans le cadre des Agenda 2030 et 2063.
C'est à cet effet que M. David Boko, statisticien à la Section des statistiques économiques et des comptes nationaux à la CEA a relevé un certain nombre de défis auxquels les Etats doivent faire face pour relever le défi.
A son avis, les pays doivent d'abord disposer de cadres législatif et institutionnel appropriés pour la production de statistiques économiques.
Ce qui sera appuyé par une bonne coordination et une coopération entre les services et agences en charge de la réalisation des statistiques.
A cela s'ajoutent la nécessité de disposer de méthodes et nomenclatures qui respectent les standards internationaux. Sans oublier la disponibilité de données de sources diversifiées, l'accès aux données administratives, l'adéquation des sources de données.
M. Boko d'y ajouter l'architecture et les processus de production des statistiques, les capacités mais également des ressources humaines qualifiées.
Parlant de ressources financières, il est signalé que la plupart des ressources financières qui va aux départements en charge des statistiques viennent d'ailleurs et non des fonds publics. Un état de fait sur lequel les gouvernements africains sont interpelés.
Ils sont invités à recourir aux ressources domestiques, aux prêts, dons et trust funds.
Pour la CEA, il convient de faire des investissements dans les statistiques une part intégrante du financement du développement.