Les Nations Unie ont décliné une Stratégie intégrée et un Plan de soutien 2018-2022 pour le Sahel. Son secrétaire général adjoint, Mme Vera Songwe les a partagés, ce dimanche 13 mai à Addis Abeba, au cours d’un événement parallèle tenu dans le cadre de la Conférence des ministres 2018 organisée par la Commission Économiques l’Afrique (CEA).
(Envoyé spécial) – Faire du Sahel un créneau de croissance en Afrique. C’est le défi auquel le système des Nations Unies convoque Partenaires techniques et financiers (Ptf), secteur privé, société civile mais surtout les gouvernants des pays du Sahel.
Il l’a exprimé à travers une Stratégie intégrée et un Plan de soutien 2018-2022 qui reprécise son intervention conjointe devant améliorer la sécurité, la gouvernance et la résilience dans la Sahel.
Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, par ailleurs, Secrétaire exécutif de la CEA a partagé cette vision qui récuse tout caractère de « programme de plus ».
Selon Vera Songwe, le Sahel est la ZLECA (Zone de libre-échange continentale africaine) en miniature vue ses potentialités économiques, le niveau d’intégration de sa population et ses nombreux atouts.
Elle l’a affirmé au cours d’un événement parallèle tenue, ce dimanche 13 mai à Addis Abeba dans le cadre de la Conférence des ministres 2018 de la CEA.
Le Directeur du Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest de la CEA, M. Dimitri Sanga précise que c’est une politique de recalibrage avec une magnitude d’intervention plus grande et mieux coordonnée de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (SINU).
En d’autres termes, il s’agira d’accompagner les efforts en cours pour un développement durable et l’atteinte des Agendas 2030 et 2063.
Pour Mme Songwe, il s’agit de se concentrer plus sur les points positifs que négatifs de cette région qui est caractérisée par sa fragilité et les conditions difficiles de sa population.
Une position appuyée par les ministres de l’Économie du Plan du Niger, Mme Aichatou Kane Boulama qui est aussi présidente du Conseil des Ministres du G5, et de son homologue de la Mauritanie.
M. Ibrahima Thiam, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Sahel, pour sa part, considère que cette région est une zone d’opportunités avec ses côtes poissonneuses, ses ressources en énergie et en eaux, ses terres fertiles non exploitées. A cela, il y greffe le potentiel touristique avec ses plages ensoleillées, monuments et sites historiques…
Les préalables à résoudre
A travers cette démarche qui se veut innovante, l’ONU se donne ainsi comme objectif principal d’identifier et explorer la spécificité des problèmes potentiels pour justifier une concertation sur la région du Sahel à partir de données statistiques existantes.
Ce qui fait dire au Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahel que, inverser la tendance reviendrait à maitriser des facteurs essentiels comme l’eau, l’énergie…
A travers cette « nouvelle » vision transparait ainsi cinq engagements majeurs de l’ONU vis-à-vis du Sahel. Le système compte d’abord apporter sa contribution mais surtout mettre de la cohérence dans son intervention dans cette région. Un point que M. Thiam justifie par l’existence de 19 stratégies rien que pour le Sahel. Ce qui conforte le risque de dispersion des ressources et des efforts.
L’ONU s’est fixée quatre grandes priorités dont la gouvernance effective et inclusive, le renforcement de la résilience des Sahéliens, une croissance économique tenable et une valorisation de la jeunesse.
Pour y parvenir, l’organisation mondiale compte régler des préalables qui consistent à assurer une bonne coordination des actions envers le Sahel, mobiliser les investissements au-delà de l’Aide au développement.
Il sera également question d’améliorer le climat des affaires et le système judiciaires des pays.
Les États du Sahel appelés à prendre le leadership
Dans cette dynamique, les États du Sahel sont appelés à prendre le leadership de cette vision. Pour les responsables de l’ONU, il s’agit de rééquilibrer le message sur le Sahel en reconnaissant les problèmes sans occulter les potentialités.
Vera Songwe juge nécessaire de s’engager pour le Sahel du moment que cette région regroupe 10 pays pour une population de 165 millions d’habitants, d’où 16% de la population générale de l’Afrique subsaharienne.
La région du Sahel a réputation entachée par des points noirs dont 60% de sa population qui n’a pas accès à l’électricité malgré son potentiel énorme d’énergie. Plus de 50% de sa jeunesse n’a pas accès à l’éducation et 35 % des adultes de la zone sont au chômage.
Son taux de mortalité infantile est de 60 pour 1000 naissances et celui de fécondité est l’un des plus élevés au monde avec 6,4%. D’ailleurs, souligne Mme Songwe, ce qui fera d’elle l’une des régions les plus peuplées d’Afrique d’ici 20130.
A cela s’ajoutent les 5000 incidents politiques décelés dans cette région entre 2012 et 2016, en plus des chocs climatiques et sécuritaires.
Ce tableau peu reluisant ne devra, selon les responsables de l’ONU, amener à occulter les atouts dont bénéficie le Sahel. Une région qui, d’après le Secrétaire exécutif de la CEA, fait 190 000 milliards de PIB et est 4ème économie de l’Afrique.
Elle se réjouit aussi du fait que le sahel soit l’une des régions qui ont enregistré le taux de croissance le plus élevé en Afrique, ces cinq dernières années. D’où son statut de région résiliente.