ADDIS ABEBA, le 15 mai 2018: Les possibilités de transformation qu’offre la Zone de libre-échange continentale africaine, ainsi que les mesures nécessaires pour leur réalisation ont fait l’objet du dialogue ministériel organisé par la Commission économique de l’ONU à Addis Abeba (Éthiopie).
Lors de l’ouverture officielle de la 51e Conférence des ministres, Dr. Abiyi Ahmed, Premier Ministre éthiopien, a exhorté les ministres des Finances et les décideurs présents à utiliser leur ‘vision collective’ afin de mettre en place les bonnes conditions et mobiliser les ressources nécessaires pour la création de la plus vaste zone de libre-échange du monde. Le Premier Ministre, qui a indiqué que son gouvernement était prêt à ratifier l’accord de l’AfCFTA et à remettre les documents à l’Union africaine, a déclaré : « Finançons notre développement. Il n’y a pas de perdants avec l’AfCFTA. Nous sommes tous gagnants ». Il a également précisé que la zone devait générer une « prospérité inclusive » pour tous les Africains, y compris les communautés vulnérables et marginalisés.
Les discussions portant sur le thème ‘La Zone de libre-échange continentale africaine : créer un espace fiscal pour les emplois et la diversification économique’ ont abordé des préoccupations spécifiques liées à la diminution des recettes fiscales due à la libre circulation des biens. Selon la CEA, le taux de recettes fiscales par rapport au PIB est déjà faible dans les pays africains. Dans la plupart des pays du continent, il est inférieur à 15 pour cent, considéré en général comme le seuil minimum pour qu’un État puisse fonctionner efficacement. Philip Lane, gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, s’est appuyé sur l’expérience de son pays au sein du marché commun de l’Union européenne pour expliquer comment ces structures pouvaient apporter une croissance soutenue. « Une vaste gamme d’exportations apporte de la stabilité, la diversification des marchés et une transformation économique par le biais du libre-échange », a-t-il assuré. La croissance qui en résulte permet d’élargir la base d’imposition, en particulier pour les petits États dont le marché intérieur se développe alors que le commerce transfrontalier s’étend à d’autres pays.
L’importance des infrastructures et de la logistique pour l’AfCFTA a été longtemps discutée lors de la réunion. Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, a souligné la nécessité de s’assurer que le commerce s’effectue sans obstacle le long des couloirs routiers du continent. « Si nous mettons en place les infrastructures et les réformes des frontières nécessaires, nous pouvons créer des emplois et de la croissance », a-t-elle précisé.
Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique, a précisé qu’il fallait veiller à ce que les nations parviennent à mettre réellement le plan en œuvre. « Les capacités sont au cœur du problème », a-t-il ajouté. Il a insisté sur le fait que des institutions solides, des modifications adéquates des réglementations et l’implication du secteur privé permettraient une mise en œuvre rapide de l’AfCFTA.
L’un des moments marquants de cet événement a été la Conférence Adebayo Adedeji donnée en l’honneur du Prof. Calestous Juma, défenseur renommé de l’utilisation de l’innovation et de la technologie au profit du développement de l’Afrique, qui est décédé le mois dernier. Pour cette conférence, le Prof. Mary Teuw Niane, ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a fait part de sa vision de l’avenir des sciences, de la technologie et de l’innovation en Afrique. Chaque année, une conférence donnée par une personnalité importante qui a apporté une contribution au développement de l’Afrique, rend hommage au Prof. Adedeji, secrétaire exécutif de la CEA resté le plus longtemps à ce poste.