Addis-Abeba, Éthiopie, le 13 mai 2018: Suite à la signature historique de l’accord de libre-échange continental africain (AfCFTA) à Kigali, au Rwanda en mars cette année, la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) exhorte les nations africaines à développer leurs capacités afin de mettre en œuvre ce plan ambitieux.
Le Professeur Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de l’ACBF, qui est intervenu dans le cadre d’un débat organisé lors de la 51e Conférence des ministres de la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU, qui se déroule actuellement à Addis Abeba (Éthiopie), a souligné l’importance de développer les compétences nécessaires à l’exécution de l’AfCFTA. « Les capacités sont au cœur de la mise en œuvre et de l’optimisation de la l’AfCFTA », a-t-il souligné . « L’accord transformera l’Afrique s’il est bien mis en place », a-t-il assuré.
Selon les modèles et les scénarios présentés par la CEA, le continent deviendra la plus grande zone de libre-échange du monde avec un marché de 1,2 milliard de consommateurs. Lors de l’événement, Albert Muchanga, commissaire du Commerce et de l’Industrie de l’Union Africaine, a demandé à l’ACBF d’aider son organisation en concevant un modèle qui permettrait aux États membres d’obtenir des revenus significatifs grâce à la suppression des obstacles au commerce intra-africain. « Avec le commerce transfrontalier sur notre continent, l’AfCFTA devrait générer quelque 60 milliards $ s’il est bien mis en place ».
David Luke, directeur du Centre de politiques pour le commerce en Afrique de la CEA, a pour sa part affirmé que les échanges entre les 54 États africains augmenteraient si tous les gouvernements mettent en œuvre l’AfCFTA. « L’AfCFTA a le potentiel de faire passer le commerce intra-africain à plus de 52 pour cent, simplement en supprimant les droits d’importation », a-t-il déclaré. « Nous estimons que les avantages seront multipliés par deux si des mesures de facilitation du commerce réduisent encore davantage les frais hors droits de douane », a-t-il ajouté.
Rappelant la nécessité de donner la priorité au renforcement des capacités et au transfert des connaissances, Emmanuel Nnadozie a souligné le fait qu’il était impératif que le secteur public africain développe les compétences des personnes actives afin de relever les défis que pose l’accord. « En Afrique, nous sommes très forts pour conceptualiser, concevoir et même ratifier des accords et politiques qui visent à transformer notre façon de vivre mais nous avons des difficultés à les mettre en œuvre. C’est pourquoi nous insistons sur l’importance de former des hommes et des femmes d’Afrique pour mettre en place l’AfCFTA », a-t-il expliqué. « Cela doit concerner les secteurs public et privé, les universitaires et la société civile, tous les niveaux de la société en réalité », a précisé le secrétaire exécutif de l’ACBF.
Selon Zemedeneh Negatu, président international de Fairfax Africa Fund LLC aux États-Unis, le secteur privé ainsi que les compétences des Africains de la diaspora doivent être utilisés pour susciter l’adhésion du public à l’AfCFTA. « La participation active du secteur privé et des Africains de la diaspora est cruciale pour faire de l’AfCFTA une réalité ; ils possèdent souvent le talent, les compétences et l’expérience liée aux affaires du commerce international », a-t-il fait observer.
Jusqu’ici, le Ghana, le Niger, le Kenya et le Rwanda ont ratifié l’AfCFTA, qui a été signé par 44 États africains. Le traité doit être ratifié par 22 pays pour prendre effet.