Addis-Abeba, Éthiopie — L'Afrique a mis longtemps à exploiter ses richesses en ressources naturelles pour un développement réel en raison de ses faiblesses en matière de gouvernance, révèle la cinquième édition du Rapport sur la gouvernance africaine publié par la Commission économique pour l'Afrique (CEA) de l'ONU.
Selon le rapport lancé lors de la Conférence des ministres annuelle de la CEA qui s'est tenue à Addis Abeba (Éthiopie), pour parvenir à une bonne gouvernance des ressources naturelles en Afrique, les institutions doivent avoir à la fois la responsabilité et la capacité de gérer les ressources efficacement. Elles doivent aussi avoir la capacité de formuler, mettre en œuvre et appliquer des politiques et réglementations saines.
Abdalla Hamdok, économiste en chef et secrétaire exécutif adjoint de la CEA, a expliqué que, bien que l'exploitation des ressources naturelles constitue une activité centrale du continent, il reste encore très difficile de réaliser une croissance durable et inclusive et de créer de la valeur ajoutée. Selon lui, c'est la bonne gouvernance qui permettra aux pays riches en ressources de transformer leur économie.
« L'Afrique possède de vastes richesses minérales mais crée peu de valeur ajoutée, ce qui prive les pays de revenus », a estimé M. Hamdok, qui donnait son avis sur la stratégie d'exportations des matières premières brutes. « Les pays doivent réfléchir à l'importance de la création de valeur ajoutée sur leurs exportations s'ils veulent véritablement tirer profit de leurs ressources naturelles ».
Adam Elhiraika, directeur de la division Politique macroéconomique de la CEA, a affirmé que les droits de propriété sur les ressources naturelles représentaient l'obstacle majeur à une bonne gouvernance des ressources en Afrique. Il a également insisté sur le fait que les pays africains qui dépendent de ressources naturelles limitées sont incapables de transmettre la croissance à d'autres secteurs et d'en faire profiter l'ensemble de la population.
Le rapport, qui s'appuie sur des études de cas réalisées dans huit pays à la géographie différente (Botswana, Cameroun, Côte d'Ivoire, Égypte, Madagascar, Nigeria, Tanzanie et Ouganda), a exploité des données empiriques diverses. « Parmi ces pays, le Botswana est le seul qui possède un programme de développement à long terme sur l'utilisation de ses ressources naturelles en faveur des citoyens », a noté M. Elhiraika.
Lors du lancement, Bience Gawanas, conseillère spéciale sur l'Afrique du secrétaire général de l'ONU, a précisé que « le paradoxe des pays africains est qu'ils sont riches en ressources mais pauvres car très peu tirent profit de ces ressources ». « Les ressources ne doivent pas uniquement accroître le PIB de nos pays mais aussi améliorer le niveau de vie des gens », a-t-elle ajouté. Elle a également souligné le fait qu'il était essentiel que les pays mettent en place une bonne gouvernance de leurs ressources naturelles en raison des flux financiers illicites et de la corruption sur le continent. Souvent, l'exploitation directe des ressources naturelles - que ce soit dans le domaine de l'agriculture, des forêts, du pétrole, du gaz ou des minerais - qui domine l'activité économique n'a profité qu'à une infime minorité dans de nombreux pays.
Le rapport recommande en particulier de renforcer les cadres institutionnels et réglementaires afin d'améliorer la transparence et la responsabilisation en matière de gouvernance économique. Une bonne gouvernance est essentielle pour un développement durable, l'éradication de la pauvreté et la transformation socio-économique. Les recommandations du rapport et les conclusions qui se sont dégagées de la discussion contribueront aux efforts réalisés pour faire du secteur des ressources naturelles africain un acteur et un moteur du développement sur le continent. //Ends//
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