Addis-Abeba — Un débat passionné sur l'importance du secteur privé dans les arrangements de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) a renforcé les tensions autour de la domination étrangère des grandes entreprises en Afrique, en particulier en termes d'investissements. « Le secteur privé et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine » est le thème de la table ronde qui a donné lieu à ce débat lors de la 51ème session de la Commission économique pour l'Afrique.
« De quel secteur privé parlons-nous, quand on sait que dans la plupart de nos pays, des parts entières de l'économie échappent aux nationaux », lance un délégué, en réaction aux discussions présidées par le Ministre de l'économie et des finances de Mauritanie, M. Moctar Ould Djay. L'argument avancé concerne les sociétés étrangères dominant les grands secteurs d'activité en Afrique et récoltant le maximum des bénéfices accumulés ou des dividendes de la croissance.
Mais selon le Panéliste - M. Admassu Tadesse, qui dirige la Banque du commerce et du développement (TDB), l'Afrique doit être favorable à l'Investissement direct étranger mais doit créer l'environnement pour que les locaux en profitent en établissant des liens en amont et en aval avec les entreprises concernées.
« Nous vivons à une époque où les chaînes de valeur mondiales dominent, donc l'Afrique ne peut pas le faire toute seule », déclare M. Tadesse et ajoute que « nous devons adopter le capital international, mais veiller à ce qu'il crée ces liens. Tout est une question d'intermédiaires ».
La position de l'Économiste en chef de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), M. Hippolyte Fofack, qui a été perçue comme un facteur intermédiaire dans la tension, souligne la nécessité d'envisager de lever des fonds pour le secteur privé sur le continent. Il dit que le crédit au secteur privé africain ne représente que 46% contre 100% pour le secteur dans la zone euro et 150% pour le secteur en Chine.
À son avis, un soutien général au secteur privé de l'Afrique est un choix très important et rationnel, surtout en cette ère de dépendance croissante à l'égard de la croissance tirée par le secteur privé à travers le monde. En plus de soutenir les entreprises à crédit, les États doivent créer des zones économiques spéciales pour accélérer le développement de l'industrialisation et améliorer les chaînes de valeur régionales, ajoute-t-il.
Lorsque le secteur privé bénéficiera d'un tel soutien, il aura besoin de systèmes de distribution efficaces pour tirer parti des débouchés qu'ouvrira la ZLECA, indique le Président du Groupe de travail ferroviaire, M. Howard Rosen. « Le coût du commerce est quelque chose à régler de toute urgence », lance M. Rosen, tout en ajoutant qu'il est nécessaire de soutenir la construction d'infrastructures dans ce domaine.
Dans une situation de « définir les priorités », l'Ambassadeur du Rwanda en Éthiopie - S.E. Espoir Tumukunde Gasatura, informe qu'il est important que les gouvernements ratifient d'abord la ZLECA et le Protocole sur la libre circulation en Afrique, sans quoi leurs acteurs du secteur privé n'auront aucune incursion dans la zone. Elle note que de bonnes réformes sur la facilité à faire du commerce sont essentielles à la prospérité de tous les types d'acteurs - les grandes entreprises, les entreprises de taille moyenne et les petites entreprises.
Les petits opérateurs préoccupent le Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Conseiller spécial du Secrétaire général pour les affaires africaines - Mme Bience Gawanas. Elle exhorte les gouvernements d'être attentifs aux très petits acteurs, en particulier ceux du secteur informel, les petits exploitants agricoles et les femmes. « Lorsque le gouvernement essaie d'impliquer le secteur privé, il doit adapter les programmes de soutien pour chaque groupe et non avoir un unique programme pour tous », estime-t-elle.
Malgré tout cela, le leadership, la gouvernance et la synergie entre les départements gouvernementaux seront essentiels pour que le soutien au secteur privé dans le contexte de la ZLECA soit plus significatif, conclut Mme Gawanas.
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