Addis-Abeba — En vue du dernier cycle de négociations pour le Pacte mondial pour la migration (GCM) le 13 juillet 2018, des représentants de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), de la Commission de l'Union africaine (CUA) et de l'Office international pour les migrations (OIM) ont exprimé le vif désir de voir les préoccupations de l'Afrique reflétées correctement dans le document final.
« Nous devons veiller à ce que les récits et les priorités de l'Afrique soient reflétés de manière adéquate dans le Pacte mondial car contrairement aux « autres récits », les migrations intra-africaines dominent les flux migratoires africains », déclare Giovannie Biha.
Telles sont ses paroles lors d'une réunion consultative régionale qui a réuni les deux co-facilitateurs du GCM, Jurg Lauber et Juan J.G. Camacho, la Représentante spéciale des Nations Unies auprès du Secrétaire général (SRSG) pour les migrations, Louise Arbour, des représentants du Panel de haut niveau sur les migrations pour l'Afrique (HLPM), de la CEA, de la CUA, de l'OIM et des représentants des Ambassades africaines en Éthiopie.
La réunion s'est tenue à Addis-Abeba, le 22 juin et visait à fournir aux co-facilitateurs du GCM une plate-forme pour informer les parties prenantes africaines sur les négociations intergouvernementales en cours du GCM et à écouter d'autres perspectives et réalités sur la migration en Afrique qui pourraient servir de contributions au Pacte.
Mme Biha dit qu'elle est « fière d'annoncer que la CUA, la CEA et l'OIM ont étroitement collaboré au cours des trois dernières phases du Pacte mondial et continueront de le faire jusqu'à son adoption ».
« Les contributions continues de l'Afrique sont ancrées dans la Position commune de l'Afrique et le Document final des consultations régionales », ajoute-t-elle.
Dans le même ordre d'idées, Amira Elfadil, Commissaire aux affaires sociales de la CUA, indique : « Je souhaite aligner la CUA sur la position adoptée par le Groupe de négociateurs africains dirigé par les Comores lors des négociations intergouvernementales, à New York. Je remercie les États membres de l'UA d'avoir parlé d'une seule voix lors des discussions mondiales et dans l'esprit de la position africaine commune ».
Elle souligne la « nécessité pour la communauté internationale de continuer à démontrer son engagement à respecter notre obligation commune d'assurer la sécurité immédiate et les droits de l'homme de tous les migrants à l'intérieur de leurs frontières ».
Maureen Achieng, Chef de Mission de l'OIM en Éthiopie et Représentante auprès de la CUA, de la CEA et de l'IGAD, fait remarquer que « la convergence autour de la vision et des principes directeurs du Pacte mondial ne fait toujours pas l'unanimité dans un certain nombre de domaines importants tels que l'émission de pièces d'identité, l'accès aux services indépendamment de leur statut et la régularisation ».
Les membres du HLPM - Almaz Negash et Danisa Baloyi - informent les participants du travail accompli par leur Groupe dans son mandat consistant à formuler des recommandations sur la manière dont les gouvernements africains établissent et maintiennent un large consensus politique sur un programme de migration internationale réalisable.
Juan J. G. Camacho, Représentant permanent du Mexique auprès des Nations Unies et co-facilitateur du GCM, informe les participants que « notre plus grand défi lorsque nous avons commencé ce processus était de démystifier la migration et de faire passer les discussions et les négociations des préjugés aux faits, de la perception aux chiffres ».
L'un des résultats attendus des consultations et des négociations, précise M. Camacho, concerne « Un nouveau récit sur la migration. Un récit qui n'est pas basé sur la peur, la médiocrité de la politique, la démagogie ou les préjugés mais un récit factuel ».
Le co-facilitateur et Représentant de la Suisse auprès de l'ONU, Jurg Lauber, félicite l'Afrique pour son approche unifiée des négociations.
« Nous ne saurions trop insister sur le rôle que l'Afrique a joué dans ce processus et sur l'importance de ce lien étroit entre le Groupe africain à New York et les équipes présentes (CUA, CEA, OIM). Nous ne serions pas où nous en sommes avec le processus sans les contributions des régions, en particulier de l'Afrique ».
Louise Arbour, la Représentante spéciale des Nations Unies auprès du Secrétaire général (SRSG) pour la migration, rappelle aux parties prenantes que le Pacte mondial est conforme à la cible 10.7 des ODD et que c'est un programme que « le Secrétaire général soutient avec enthousiasme », surtout qu'il s'agit d'un processus dirigé par les États membres, « c'est votre processus ».
Commentant les développements sur le continent, la Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, dit : « Le caractère concret de la discussion que nous avons aujourd'hui est déjà en cours en Afrique avec la signature de la ZLECA et le Protocole sur la libre circulation ».
Mme Songwe fait remarquer que « des actions concrètes se déroulent sur le continent », ajoutant « Nous espérons que d'ici Marrakech, plus (que les 26 pays africains actuels) auront signé le Protocole de libre circulation et que nous aurons des clarifications concernant l'intégration de la perspective africaine dans la mise en œuvre globale du Pacte mondial ».