L'exploitation pétrolière offre une manne financière de 40 milliards de F Cfa sur les premières périodes du processus d'exploitation des ressources pétrolières et gazières. L'information est sortie de la première journée d'échange et de réflexion sur le thème « Les enjeux stratégiques et économiques de l'assurance et de la réassurance des risques pétroliers ». C'est sur initiative de l'Association des Assureurs du Sénégal (Aas), en partenariat avec la Société Sénégalaise de Réassurances (SEN RE).
Depuis la révélation de la découverte des gisements de pétrole et de gaz naturel au Sénégal, le sujet occupe une bonne place dans l'actualité qui domine le pays. Chaque secteur semble se positionner pour y jouer le meilleur mais surtout en tirer le maximum de profit.
C'est à l'image du secteur des assurances dont le rôle n'a pas été trop visible lors des dernières concertations que le Président de la République avait récemment convoqué sur le pétrole et le gaz.
Ce qui est évident c'est que les compagnies d'assurance et de réassurance sénégalais ont intérêt à occuper les devants de la scène dans cette affaire.
A l'ouverture des travaux des journées de réflexion et d'échange que AAS a organisé, en partenariat avec la SEN RE, M. Ibrahima Bachir Dramé, expert pétrolier, a confié que l'exploitation des ressources pétrolières et gazières représente un enjeu de 40 milliards de F Cfa pour le secteur des assurances sur la première période couvrant l'exploration et l'exploitation.
La levée de bouclier du secteur des assurances est légitime. 14 puits ont été forés sans l'implication d'aucune société d'assurance sénégalaise.
Pour lui, l'assurance doit intervenir sur toute la chaine vu le niveau de risque élevé qui subsiste dans le secteur des hydrocarbures. Ce qui a été confirmé par les cabinets MTC Consulting et APPEALING qui ont animé ces deux journées de réflexion.
De l'avis de M. Dramé, les gens devraient parler d'abord d'assurance avant même d'aborder la question du pétrole en profondeur.
Avant de préciser que la malédiction du pétrole c'est quand un pays laisse tout de côté pour se concentrer uniquement sur cette ressource. Ce qui, d'après lui, va déstructurer tous les autres pans de l'économie comme ça a été le cas en Hollande.
Les récentes découvertes au Sénégal ne sont pas négligeables avec 10 permis de recherche et sept blocs libres.
Les statistiques avancées par PETROSEN informent que l'exploitation des deux gisements en question (à Saint-Louis et Sangomar) va rapporter des revenus totaux de plus de 150 milliards et des dépenses de près de 60 milliards de dollars.
La part de l'Etat du Sénégal (y compris PETRONSEN) représente 52 à 66% des profits et ses revenus se chiffrent à plus de 30 milliards de dollars US, pendant une trentaine d'année.
Face à ces enjeux financiers énormes, M. Dramé recommande à ce que la société civile professionnelle siège dans les instances de décision comme le Comité d'orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Petrogaz).
Une instance qui milite pour que les ressources issues de l'exploitation des gisements de gaz naturel ou de pétrole profite aux populations qui en attendent beaucoup en termes d'amélioration de leur bien-être.
Aujourd'hui, avec la révision en cours par le gouvernement du code pétrolier, le Sénégal ne va plus signer de contrats pétroliers avec de petites sociétés.
Et, ASS estime que c'est dans ce cadre que la question majeure de la couverture des risques par l'assurance reste un vaste sujet connexe qui ne devrait pas être en reste dans le débat de fond qui a lieu en ce moment dans le pays et qui interpelle à la fois tous les acteurs de l'économie.
D'où la pertinence de ces journées de réflexion qui, selon M. Mouhamadou Moustapha Noba, président ASS constitue une opportunité de décliner une stratégie globale commune de conquête.
Pour les acteurs des assurances, le premier pas sera de se battre pour que l'assurance figure dans le nouveau code en cours de validation.
Le secteur des assurances sénégalais ne doute aucunement de sa capacité à jouer un rôle clé dans ce processus.
Troisième plus grand marché de la zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurances), la profession locale ambitionne dans les cinq (5) années à venir d'en être le second, grâce principalement à la mise en œuvre de son plan stratégique quinquennal.
Un document que M. Noba qualifie de véritable cadre de référence partagé par tous ses membres pour relever les défis de la transformation de ces lignes de métier afin d'accélérer sa croissance au profit de tous les acteurs à savoir l'Etat, les intermédiaires d'assurances, les opérateurs économiques, toute la population contribuant ainsi pleinement à l'émergence économique du Sénégal.
Ainsi, pleinement conscient d'être un puissant levier, comme du reste une bonne partie du secteur privé national, relève-t-il, le secteur des assurances a été amené à améliorer son organisation et sa gouvernance.
Ce qui va permettre au secteur des assurances de se positionner comme l'un des principaux partenaires des parties prenantes en vue de satisfaire les besoins assurancielles de tous les programmes d'exploration, d'exploitation et d'investissements de ces nouvelles ressources minières de classe mondiale.