Nous avons évoqué dans un précédent article de quelle façon les anciens abordaient le défi de la folie en y voyant d'abord une possession et ensuite, sans chercher à la neutraliser, en essayant d'opérer un transfert, en ce sens que le malade passerait d'une possession par le démon à une possession par la divinité. La tradition de la tragédie grecque en général, et l'Orestie d'Eschyle en particulier, nous en ont donné un exemple éclairant.
Il est important de relever que le traitement de la folie s'appuyait alors sur un schéma triangulaire : le médecin n'était pas seul face à son patient. Il y avait aussi la divinité, qui était un acteur à part entière du dénouement, pour ne pas dire principal. Le guérisseur n'était pour ainsi dire qu'un passeur : il assurait la traversée de l'âme tourmentée d'une rive à une autre. Or il n'en est plus ainsi aux tout débuts de la période moderne. On passe d'un schéma triangulaire à un schéma binaire. C'est ce qu'on observe avec l'approche qui est celle des alchimistes. Le rétablissement du malade en général est entièrement tributaire d'un certain savoir-faire qui appartient à l'alchimiste...
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