Nouakchott — Dans un discours prononcé aujourd'hui à Nouakchott (Mauritanie) à l'occasion de la 31ème Session ordinaire de l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine, la Secrétaire Exécutive de la CEA, Mme Vera Songwe, a lancé une mise en garde contre l'impact de la corruption sur le développement de l'Afrique.
« Nous devons être conscients que l'Afrique ne sera pas en mesure de tirer parti des possibilités de transformations promises par les différents cadres de développement régionaux et mondiaux si le fléau de la corruption persiste », a déclaré Mme Songwe. En effet, bien qu'il soit difficile de mesurer avec précision le coût de la corruption, des estimations récentes situent ce dernier à quelques 1 500 à 2 000 milliards de dollars par an, soit 2% du PIB mondial.
Bien plus, les experts craignent aujourd'hui l'impact moins visible mais encore plus important de la corruption sur le plan social et particulièrement les femmes : "La corruption dans la gestion des services publics affecte aussi la qualité des services sociaux et leur accessibilité. Dans les pays les plus pauvres, une personne sur deux paie un pot-de-vin pour accéder à des services de base tels que l'éducation, la santé ou l'eau," a regretté Mme Songwe.
En Afrique, les dépenses publiques, les droits des femmes, le secteur de l'énergie et la propriété intellectuelle font partie des domaines affectés par les conséquences les plus inquiétantes.
« La corruption affecte plus de 60% des marchés publics en Afrique et gonfle le coût des contrats de 20 à 30%. Dans un monde aux ressources limitées, il s'agit d'un coût de renoncement malheureux et évitable pour des investissements dont nous avons grandement besoin. Nous ne pouvons plus nous permettre de telles pertes », a-t-elle ajouté.
En plus de la corruption au sein des pays, il existe également un besoin croissant de prendre en compte les liens de corruption entre pays et régions. Selon le rapport de la CEA « Mesurer la corruption en Afrique : prendre en compte la dimension internationale », l'Afrique a connu au moins 1080 cas de corruption transfrontalière entre 1995 et 2014, dont 99,5% concernaient des entreprises non africaines et dont la plupart étaient des cas d'évasion fiscale.
"Alors que nous travaillons à la mise en place de la #ZLECA, nous devons nous assurer que l'Afrique souffre moins de la corruption transfrontalière", a ajouté Ms Songwe, qui a émis l'espoir « qu'à l'horizon des Agendas 2030 et certainement 2063, la corruption ne sera plus le cancer de l'Afrique ».
Mme Vera Songwe, Secrétaire Exécutive de la CEA, prend actuellement part au 31ème Sommet de l'Union Africaine à Nouakchott, prévu du 25 juin au 2 juillet sous le thème« Vaincre la corruption : une voie durable pour la transformation de l'Afrique ».
Durant son séjour, Mme Songwe lancera le 30 juin prochain à Nouakchott la campagne #HonestService pour des services publics intègres. Visant à mettre en avant les employés de la fonction publique qui offrent un service juste, intègre et transparent aux citoyens et clients, cette campagne a pour but d'offrir une approche alternative aux discours sur la corruption en Afrique.
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