Lagos, Nigéria — Le Président namibien Hage Geingob a rendu hommage ce samedi, à l'ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, le Professeur Adebayo Adedeji, en lui reconnaissant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) et les réformes en cours de l'Union africaine.
Le Professeur Adedeji est connu comme le principal promoteur de l'intégration régionale en Afrique, un rêve que M. Geingob dit se concrétiser avec la signature de l'Accord de libre-échange continental par plus de 48 pays maintenant.
« Adedeji était un homme qui avait une longueur d'avance sur nous. C'était un homme d'action. Le prof était une personne très dure. Il a pris son travail au sérieux et en tant qu'Africain il s'est pris au sérieux. Si nous ne nous prenons pas au sérieux en tant que gouvernements, en tant que présidents, en tant qu'Afrique, nous avons un problème », déclare le Président Geingob.
Il encourage les dirigeants africains à respecter les limites de mandats et à quitter leurs fonctions lorsqu'ils perdent aux urnes. L'Afrique, dit M. Geingob, doit maintenant s'attaquer aux problèmes de changement constitutionnel. Il fait également allusion au système de rappel de l'Afrique du Sud qui, selon lui, devient maintenant une tendance.
« Nous avons une nouvelle Afrique maintenant. Les temps des coups d'état, les temps d'un état à parti unique sont révolus. Nous avons maintenant des élections, même si elles sont imparfaites, mais vous devez quand même être élu. Sinon, ce sont les Africains qui décident de vous exclure », indique le Président namibien.
« Au moins, l'Afrique a changé, si vous venez par un coup d'État, c'est l'Union africaine qui leur dira non », fait savoir le Président en félicitant l'ancien Président de la Commission de l'Union africaine, Nkosazani Dlamini-Zuma, pour les réformes concernant le refus de la prise de pouvoir des dirigeants sur le continent par des coups d'état.
Il aborde également les réformes en cours de l'UA qui permettront à l'Afrique d'être autonome et efficace sans oublier de mentionner la nécessité d'une gouvernance efficace sur le continent.
« Nous devons penser davantage aux processus, aux systèmes et aux institutions. Tout doit être une preuve complète pour que ceux qui sont perdent aux urnes, partent », précise M. Geingob, ajoutant que le Professeur Adedeji était toujours inquiet pour les dirigeants africains qui restaient trop longtemps au pouvoir.
Nigéria
Parlant au nom du Vice-Président du Nigéria, le Professeur Yemi Osinbajo, Yemi Dipeolu, Conseiller spécial aux affaires économiques dans le Bureau du vice-président, dit que le Professeur Adedeji était une figure imposante de la période suivant la décolonisation de l'Afrique, un intellectuel face au public, dont la réflexion et les contributions continuent d'encadrer le discours politique au Nigéria, en Afrique et même dans le monde ».
« En effet, son plus grand héritage intellectuel concerne le fait que ce dernier interrogeait les idées imposées sur le continent par l'extérieur », informe M. Dipeolu, ajoutant que la jeune génération africaine a beaucoup à apprendre des attributs personnels du Professeur Adedeji.
« Il était travailleur, accessible, ouvert, et très courageux. Il n'avait aucune patience pour la paresse et la pensée décousue et je sais qu'il a gardé les fonctionnaires de la CEA sur le qui-vive en ce qui concerne la qualité de leur production intellectuelle. J'ai travaillé à la CEA longtemps après sa retraite et je peux témoigner du fait que son héritage continue de se perpétuer ».
Amos Sawyer, ancien Président du Libéria, quant à lui, parle de sa relation avec le Professeur Adedeji, le félicitant pour tout ce qu'il a fait pour l'émancipation économique du continent.
Au sujet d'une de leurs rencontres, il dit : « Le Prof. savait tout de moi et soucieux de mon bien-être ; je voulais savoir pourquoi l'Alternative africaine à l'Ajustement structurel ne mettait pas les dirigeants africains sur la sellette, les contraignant à des engagements majeurs en matière de gouvernance. Je ne sais pas quelle a été sa réponse spécifique, mais j'ai été très impressionné par la façon dont il comprenait les dirigeants africains et comment les amener à adhérer à ses prises de positions ».
L'ancien Président nigérian, le Général Yakubu Gowon, prend également la parole.
« Il avait une vision. Il a su intégrer la vision des autres et a eu la chance de mettre en œuvre des plans qui ont transformé les rêves en réalité », indique-t-il, ajoutant que le Professeur Adedeji était un intellectuel exceptionnel et un patriote brillant qui travaillait sans relâche pour l'Afrique ».
Ibrahim Gambari, ancien Représentant permanent du Nigéria auprès des Nations Unies et ancien Secrétaire général adjoint des Nations Unies, salue également le Professeur Adedeji pour l'excellent travail qu'il a accompli pour son pays, le Nigéria et le continent africain dans son ensemble.
Après une journée complète de discussions sous le thème, Programme de développement de l'Afrique : leçons tirées des années et des options stratégiques Adebayo Adedeji pour le 21ème siècle, la Secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, a clôturé le Colloque après avoir partagé les cinq domaines stratégiques de l'Organisation :
Faire avancer la position de la CEA en tant qu'institution de premier ordre fondée sur sa position unique et son privilège d'apporter des solutions globales au continent ;
Apporter des solutions au développement durable pour accélérer la diversification économique et l'industrialisation de l'Afrique ;
Créer des solutions novatrices pour financer des infrastructures viables, humaines, physiques et sociales pour une Afrique en transformation ;
Apporter des solutions aux problèmes transfrontaliers, en mettant l'accent sur l'inclusion sociale ; et
Trouver des solutions régionales en tant que contributions aux questions de gouvernance mondiale, ainsi que développer des connaissances pour défendre et gérer les défis de la prochaine génération en Afrique.
Elle déclare que la CEA continuera de s'appuyer sur les blocs posés par le Professeur Adedeji pour aider l'Afrique à trouver des solutions à ses problèmes transfrontaliers, entre autres.
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