La finance islamique offre beaucoup d'opportunités pour l'émergence de la Zone UEMOA. C'est la conviction de Dr Adama Dièye qui animait une conférence, le samedi 4 août sur « La contribution de la finance islamique à l'émergence de l'UEMOA ». C'était dans le cadre de la journée africaine de la finance islamique qu'a organisé la première promotion de l'Académie en finance islamique du CESAG.
Dans la zone UEMOA, les actifs financiers conformes à la Charia sont projetés à 3000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie contre 2100 milliards de dollars à la fin de 2016.
La révélation a été faite par le Dr Adama Dièye. C'était au cours de la conférence qu'il a animé le samedi 4 août au CESAG. Cette initiative de la 1ère promotion de l'académie en finance islamique de cette école de commerce avait pour thème : « La contribution de la finance islamique à l'émergence de l'UEMOA ».
Une information qui montre que la finance islamique est un levier sur lequel les politiques doivent s'appuyer pour prétendre à l'émergence des pays de la sous-région.
Pour le confirmer cet expert connu dans le milieu de la microfinance, a brandi une étude 2018 de Bloomberg, qui parle d'un pool de richesse de 11 500 milliards de dollars détenus par des individus, des institutions et gouvernements musulmans objet d'intense convoitise.
Dans cette même logique, il a cité IFSB qui révèle que 1.1671 fonds islamiques détenant environ 56.1 milliards USD d'actifs sous gestion à fin 2016 (dont 341) fonds inactifs détenant 4,9 milliards d'USD.
Une option qui semble d'autant plus logique vu le retard noté sur les infrastructures en qualité et quantité au niveau de la zone UEMOA avec la faible efficience des investissements publics.
Par ailleurs, la finance islamique peut bénéficier de la stabilité et la rentabilité du système financier de l'UEMOA. Mais se pose ainsi le challenge du financement approprié de l'économie, la promotion de l'inclusion financière et une supervision adéquate des structures de microfinance.
Malgré ces opportunités, M. Dièye décèle une « offre limitée » de la finance islamique dans l'UEMOA. Un état de fait confirmé par l'existence de deux seules banques spécialisées notamment la Banque islamique du Sénégal et celle du Niger.
Mais les acteurs peuvent se réjouir avec la bourse régionale de l'UEMOA, la BRVM, qui a été le premier marché boursier de la finance islamique en Afrique en 2013 avec cinq inscriptions en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Togo pour 1,3 milliards de dollars.
A cela, s'ajoute l'ouverture de fenêtres islamiques par la Coris Bank International (Mali, Sénégal, Bénin, Togo, Burkina Faso) sans oublier Pamecas au niveau de la microfinance.
Ce qui sera consolidé par l'adoption des instructions de la BCEAO relatives aux activités de finance islamique pour les établissements de crédit et les Systèmes financiers décentralisés (Sfd).
A cela se greffe l'ouverture de filières de formation en finance islamique comme au CESAG avec son MBA en la matière.
Ce qui fait dire à M. Serge Auguste Bayala, Directeur général du CESAG que les 29 étudiants de la 1ère promotion de l'académie en finance islamique de son école sont des acteurs d'un bouleversement historique.
Selon lui, l'académie ouest africaine en finance islamique doit faire partie des structures qui portent le rayonnement du Plan Sénégal Émergent (Pse) à travers la plateforme de Diamniadio.
A l'en croire, le thème « avant-gardiste » qui a été choisi pour cette présente conférence traduit une volonté d'agir sur l'espace communautaire.
M. Babacar Ndoye, ancien directeur général de Banque islamique du Sénégal (Bis), pour sa part, juge légitime de miser sur la finance islamique pour une émergence de la zone UEMOA du moment que, fait-il savoir, l'Afrique a beaucoup apporté au domaine.
A l'en croire, la Banque islamique de Guinée a eu son agrément en même temps que Al Rajhi de l'Arabie Saoudite qui, aujourd'hui, l'un des mastodontes de la finance islamique dans le monde.
Pour lui, les raisons qui doivent pousser nos États à s'investir davantage sur la finance islamique sont liées au fait que cette finance a survécu à l'épreuve des marchés, des crises, des règlementations très contraignantes…
« La finance islamique a enregistré une évolution moyenne de 10 à 12% au niveau mondial durant la crise financière internationale en 2008 ».
Ce qui lui fait dire que la finance islamique a sa place à Diamniadio où elle a un rôle majeur à jouer.
Comme pour dire : « le flambeau est bien porté et la réflexion doit continuer ».
Babacar Ndoye estime ainsi que la finance islamique est une finance jeune de 50 ans et qui a de l'avenir car nos États, nos ménages en ont besoin et ils vont tirer les bénéfices.
Pour confirmer cet état fait, le Dr Adama Dièye de souligner que : « aujourd'hui, toutes les études empiriques s'accordent sur la nécessité de trouver une alternative à la finance classique exposée à une crise du crédit et un comportement irrationnel des marchés».
Une situation conduit à l'impérieuse nécessité de trouver un nouveau paradigme à l'instabilité congénitale de la finance conventionnelle.
Pour ainsi tirer le maximum de profit aux opportunités qu'offrent la finance islamique, la zone UEMOA doit, selon Dr Adama Dièye, s'atteler à la détermination de politiques et l'engagement à mettre en œuvre les réformes requises.
Ce qui devra s'adosser sur une vaste campagne de communication et sensibilisation des populations.
A cela s'ajoutent la mise en place d'une infrastructure juridique, des normes robustes de présentation de l'information comptable et un régime de taxation qui ne pénalise pas les acteurs.
Sans oublier des ressources humaines qualifiées, mais surtout de s'inspirer du modèle malaisien réputé comme étant l'un des meilleurs au monde.