Dakar — Traditionnellement, le débat sur la migration s'est souvent concentré sur les préoccupations des pays de destination en termes de problèmes économiques et sociaux créés.
Les pays africains reconnaissent dorénavant qu'il est nécessaire de s'éloigner de cet agenda politique quelque peu étroit dans la mesure où la problématique de la migration est beaucoup plus complexe que cela. La combinaison de facteurs nationaux et internationaux a causé une augmentation de l'ampleur et de la complexité de la migration ces dix dernières années. Récemment, le débat a évolué pour se concentrer sur la façon dont le continent africain pouvait s'attaquer à des problématiques ayant trait à la pénurie critique de main d'œuvre qualifiée et la fuite des cerveaux qui affectent le développement, aux transferts d'argent, aux droits de l'homme, aux mouvements transfrontaliers, à la sécurité, à la promotion du développement en vue de réduire la poussée vers l'émigration et à l'amélioration des liens avec la diaspora. Il y a par conséquent un besoin de formuler et de mettre en œuvre des politiques appropriées destinées à maximiser les avantages d'une bonne gestion des flux migratoires tout en réduisant les conséquences néfastes d'une migration incontrôlée et indésirable.
C'est dans cette optique que l'IDEP organise le cours sur la « Politique migratoire », du 12 au 16 novembre 2018. Cette formation réunit 25 participants provenant de 21 pays différents, dont 11 pays francophones (Bénin, Burundi, Cote d'Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar, Mali, Niger, Sénégal, Togo et Cameroun,) ; 8 pays anglophones (Gambie, Lesotho, Libéria, Namibie, Nigéria, Sierra Leone, Soudan et Zambie) et deux communautés économiques régionales et sous régionales (Union Africaine et COMESA) représentées. Ce cours est dirigé par le Prof. Ndioro Ndiaye, présidente de l'Alliance pour les Migrations, le Leadership et le Développement et son équipe de personnes ressources ; le bureau de l'OIM Sénégal et l'OIM Afrique de l'Ouest et du Centre également présent avec un groupe de 3 experts ayant une connaissance approfondie sur les questions de migration.
La directrice de l'IDEP, Mme Karima Bounemra Ben Soltane, a présidé la cérémonie d'ouverture, ce 12 novembre. Elle a souligné que la migration était un élément central dans la planification du développement, c'est très haut dans les agendas nationaux et dans les discussions qu'on a. Aujourd'hui on voit un certain nombre d'épiphénomènes dramatiques de la migration clandestine qui fait la une des journaux, mais on ne regarde pas la migration dans son ensemble et dans toutes les dimensions. D'un autre côté du fait des médias et de la manière dont la migration est véhiculée, on a l'impression que c'est nouveau, or nous sommes du continent qui a donné au reste du monde son humanité. L'immigration est un contexte naturel de l'être humain. La manière dont le cours est conçu montre comment les politiques de migration sont reconnues comme une paire entière des politiques de développement et de planification du développement. Aujourd'hui, il y'a le pacte mondial pour la migration qui permet de converger toujours un certain nombre de positions pas toujours convergentes, au niveau des différents pays du monde sur ces questions-là. Dans quelques semaines, le pacte mondial se réunira à Marrakech pour discuter de ces questions-là et l'Afrique s'est beaucoup concertée et a beaucoup discuté pour avoir une position commune sur le pacte mondial.
« Ce qui est également important, c'est que le 21 mars dernier, en même temps que les leaders africains lançaient la zone africaine de libre-échange ; il y'a eu aussi le lancement des accords sur la libre-circulation des personnes. On ne peut pas réussir un développement intégré si toutes les dimensions du développement ne sont pas prises en compte. » a-t-elle rajouté.
Selon le Prof. Ndioro Ndiaye, Les migrations constituent une question transversale et un enjeu global de notre époque. Elles sont aujourd'hui au centre des relations internationales et des perspectives de construction d'un nouvel ordre migratoire qui tient compte des configurations de notre système international. La complexification du phénomène migratoire, intensifiée par des bouleversements géopolitiques majeurs, s'accompagne de plusieurs faits symptomatiques. D'une part, il y a l'existence de flux mixtes composés de réfugiés, de migrants réguliers et irréguliers, de déplacés internes, apatrides, etc. que les Etats et les parties prenantes à la gouvernance des migrations doivent adresser impérativement. De même, les raisons de migrer se diversifient devenant aussi bien économiques, politiques, climatiques, que familiales, sociales, religieuses, personnelles, etc. D'autre part, outre l'in objectivité et la non maitrise de la migration irrégulière, en particulier pour ce qui concerne les victimes de la traite, les défis protéiformes et corrosifs viennent s'agréger solidement à l'architecture nationale, régionale, continentale et globale de gouvernance des migrations.
Les pays africains reconnaissent dorénavant qu'il est nécessaire, de formuler des réponses holistiques, et inclusives qui comprennent les fondamentaux nécessaires à la compréhension de la migration, qui prennent en compte les tendances lourdes, qui caractérisent le fait migratoire dans notre continent, et les germes de changement sur lesquels les autorités politiques des Etats et Gouvernements, et les acteurs peuvent se baser pour une gestion adéquate des problématiques posées par la migration. Tout ceci fait que stratégiquement, nous ne pouvons dissocier, de la formulation d'une meilleure gestion des migrations, sans les Communautés économiques régionales (CER), qui sont les points focaux et de relais qui peuvent influencer les décisions de nos décideurs.
L'Union africaine est composée notamment de huit organes sous-régionaux. Les Communautés économiques régionales (CER), piliers de la Communauté économique africaine créée en 1991 par le Traité d'Abuja dans le but de fournir au continent un cadre général pour son intégration économique. Ces CER sont :
L'Union du Maghreb arabe (UMA) qui regroupe 5 membres : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie, représentent l'ensemble de l'Afrique du Nord.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) , qui regroupe 15 membres : Bénin, Burkina, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Libéria, représentent l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest.
La Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) , qui regroupe 6 pays de l'Afrique de l'est comprenant le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud et la Tanzanie.
L'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) , L'autorité intergouvernementale pour le développement ou Intergovernmental Authority on Development (IGAD) regroupe 8 pays est africains : Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Somalie, Soudan, Soudan du Sud et Ouganda.
La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) , regroupe en son sein 16 pays de l'Afrique australe et de l'océan indien : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Comores.
Le Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe (COMESA) , avec ses 20 membres (Angola, Burundi, Comores, République Démocratique du Congo, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Namibie Ouganda, Rwanda Seychelles, soudan, Swaziland, Zambie, Zimbabwe) comprennent tous les pays d'Afrique de l'Est à l'exception de la Tanzanie
La Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) avec ses 11 membres (République Démocratique du Congo, Sao Tomé et Principes, Tchad, Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale), couvrent l'ensemble de l'Afrique centrale,
Et La Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) : avec ses 18 membres (Bénin, Burkina Faso, Djibouti, Egypte, Erythrée, Gambie, Libye, Mali, Maroc, Niger, Nigéria, République Démocratique du Congo, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad, Togo, Tunisie), sont répartis en Afrique de, l'Ouest, Australe, du Nord.