Le taux actuel des personnes ayant accès de manière pérenne aux systèmes financiers dans la zone UEMOA est estimé à 55%. Ce qui montre que 45% des populations pauvres sont encore laissées en rade par les circuits formels. Un gap que la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) compte résorber avec la stratégie régionale d'inclusion financière dont l'ambition est d'atteindre le seuil des 75% dans cinq ans.
La Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) s'est donnée comme principal objectif d'aider les 45% de la population de l'UEMOA laissées en rade par les systèmes financiers classiques.
L'information est donnée par Mme Gisèle C. Kenny Ndoye, Directeur de l'inclusion financière qui faisait « L'état de lieux de l'inclusion financière dans l'UEMOA ».
C'était dans le cadre de la rencontre thématique que l'institut d'émission a organisé, ce mardi 4 décembre à son siège à Dakar, sur l'inclusion financière.
C'était à l'intention des journalistes économiques basés exerçant dans la capitale sénégalaise.
Selon Mme Ndoye, le taux d'accès aux services financiers était à 55% avec un accès différenciés de 29% de femmes et plus de 45% d'hommes.
A l'en croire, le pourcentage de l'inclusion financière est constitué du taux de bancarisation strict qui est de 17%, en plus de l'apport de des Systèmes financiers décentralisés (Sdf) estimé à 35%, sans occulter la contribution de la monnaie électronique.
Elle estime que, dans cette mesure de l'évolution de l'inclusion financière, en plus de l'accès, l'utilisation des moyens de paiement digitaux, est également pris en compte.
Pour ainsi inverser la tendance et enrôler les 45% de populations pauvres toujours hors du circuit financier, la BCEAO compte mettre en branle sa stratégie régionale.
Une vision qui, selon le Directeur de l'inclusion financière, s'est fixé comme objectifs la réduction des coûts des services, l'identification des populations, la sécurité et la qualité de service, la protection des consommateurs.
A cela, Gisèle C. Kenny Ndoye y ajoute une concurrence équitable, l'insuffisance des infrastructures, l'éducation financière des populations, l'adaptation continue du cadre réglementaire….
Elle fait savoir que l'écosystème de la finance digitale de l'UEMOA est actuellement constitué de 126 banques, 18 émetteurs financiers ayant l'agrément de la BCEAO, 596 Institutions de micro finances.
D'après elle, il est dénombré 28 partenariats dans le domaine de la monnaie électronique et huit sociétés de téléphonies qui ont créé leur filiale dans ce domaine.
M. Ousmane Samba Mamadou, Directeur général de la stabilité et de l'inclusion financière, pour sa part, estime qu'avec la promotion de la finance digitale, il s'agit pour la BCEAO, de drainer de l'épargne, l'allouer et faciliter la croissance.
Pour lui, l'un des objectifs est d'amener les banques ou leurs succursales à aller dans les coins les plus reculés surtout en zone rurale.
Pour y parvenir, M. Mamadou estime que la meilleure solution de rendre accessible la finance digitale est d'encourager la concurrence en élargissant la base avec la digitalisation. Ce qui passera certainement par des investissements structurants sur le volet infrastructurel.
Dans cette dynamique, Mme Gisèle C. Kenny Ndoye de souligner que la réduction des coûts incombe également à l’État pour permettre à l'inclusion financière de jouer son apport en terme de PIB. Elle n'a pas oublié de rappeler la responsable de la Banque Centrale à élaborer une réglementation appropriée.
Le directeur général de l'administration et du patrimoine de la BCEAO, M. Alioune Blondin Bèye, de son côté rappelle que cette rencontre avec la presse se tient juste après la Semaine de l'inclusion financière que la Banque Centrale a organisé à son siège à Dakar mais aussi simultanément dans les huit pays de l'UEMOA, avec la contribution des Directions nationales.
La BCEAO sort définitivement de son mutisme
Jusque-là considérée comme une « grande muette », la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) est résolument engagée ouvrir ses portes aux populations de l'Union, en passant par les médias. Ce qui peut être qualifié comme « la touche », Tiémoko Meyliet Koné, actuel gouverneur de la Banque Centrale.
Son conseiller en communication, Mme Danielle Benoist rappelle que cette rencontre avec les journalistes se tient dans un contexte marqué par le développement des technologies.
Pour elle, les efforts d'ouverture affichés ces dernières années par l'institut communautaire, relèvent d'une volonté de se rapprocher des populations en les rassurant sur un certain nombre de problématiques.
A cet effet, un film intitulé « Le franc Cfa, préjugés et vérité » a été projeté. Un document qui sonne comme une mise au moins suite aux événements et débats plutôt émotionnels que techniques sur l'avenir de la monnaie. Ce qui a, d'ailleurs, donné une occasion aux hommes de médias de rallumer la flamme.
Avec des arguments à l'appui, des cadres de la Banque Centrale ont convoqué des arguments techniques, juridiques, économiques pour balayer d'un revers de main toutes les allégations…
Des propos appuyés par des témoignages de personnages comme Daniel Cabou, ancien Secrétaire général de la BCEAO, Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la Banque, entre autres, qui ont mis un coup de projecteur sur les réformes ayant abouti à l'africanisation de la BCEAO. Un projet qui était cher à Abdoulaye Fadiga, premier gouverneur noir de la Banque Centrale.
Le film a cherché à répondre essentiellement à quatre questions généralement agités par les pourfendeurs du franc CFA. Il s'agit de : La France contrôle-t-elle le franc Cfa ? Le franc Cfa est-il stable et compétitif ? En quoi consiste le compte d'opération ? Pourquoi les billets sont-ils fabriqués en France ?
M. Tiémoko Meyliet Koné de faire savoir que la BCEAO a 32 comptes dans huit pays à travers le monde et se demande ainsi pourquoi celui de la France, seule, doit poser problème. Toujours à travers le film diffusé en septembre 2017 sur la Radiotélévision Ivoirienne (Rti), M. Koné affirme clairement : « Je ne vois pas aujourd'hui la difficulté qui peut nous amener à une dévaluation ».