Le patronat sénégalais a proposé aux travailleurs un taux global de 3% au lieu de 25% de hausse généralisée à consentir sur les salaires. L’information a été rendue publique lors de la journée de concertation sur le bilan et les perspectives des négociations sociales, tenue ce jeudi 13 décembre à Dakar. Cette rencontre qui a enregistré la participation de nombreux directeurs des Ressources Humaines a été initiée par le Conseil national du patronat (Cnp).
Le désir des travailleurs sénégalais de voir le patronat adhérer à leur revendication de hausse généralisée des salaires, n’est pas encore acquis. En lieu et place des 25% demandés par les centrales syndicales, le patronat leur « offre » 3%. Ce qui laisse entrevoir un « gap énorme » dans un contexte préélectoral avec la prochaine présidentielle prévue en février 2019 au Sénégal.
Cette proposition de 3% est qualifiée par M. Charles Faye, Président de la Commission Dialogue Social et Normes du Travail du CNP, de réponse positive de principe du patronat qui, bien qu’ayant reconnu son caractère légitime, n’en retient pas moins la particularité évolutive en relativisant.
Car, a-t-il précisé, les augmentations accordées par les entreprises se sont avérées assez conséquentes du fait de la revalorisation conjointe et parallèle du Smig et du Smag.
Il a ainsi fait état des augmentations automatiques faites déjà en entreprises sans attendre la signature d’accord officiel.
Dans cette dynamique d’inventaire du bilan et des perspectives des négociations sociales, le CNP fait savoir que les travaux de la réforme de la Convention collective interprofessionnelle est en cours d’examen par les partenaires sociaux sous l’égide de l’administration du travail.
Selon M. Faye, les résultats obtenus leur semblent acceptables du fait qu’ils augurent d’une parfaite synergie de nature à raffermir le climat de confiance du partenariat social soucieux du devenir et de l’avenir du travail dans le pays.
En définitive, poursuit ce vice-président du CNP, la volonté manifeste du patronat d’imprimer une modernisation des relations professionnelles constitue la preuve inéluctable de progrès.
Il informe ainsi que les points de litiges portent sur la prime de panier, la majoration des heures supplémentaires et les taux à retenir pour les dernières tranches.
Dans cette même dynamique, M. Faye souligne que l’impact du protocole d’accord portant sur la revalorisation du Smig et par sa nature générale n’a pas manqué de créer un impact important sur les exploitations.
D’après lui, en plus de l’accroissement des charges diverses en sus de celles du personnel pas facilement maitrisable en raison de leur caractère transversal ainsi que la productivité au travail.
Charles Faye pense qu’il a aussi lieu de noter les discussions sectorielles pour la mise en place de conventions spécifiques comme le gardiennage sécurité.
Un plafonnement sur les dommages et intérêts en cas de licenciement abusif
Concernant la situation des contentieux au Tribunal du travail, le Président de la Commission Dialogue Social et Normes du Travail du CNP affirme qu’il concerne divers membres qui estiment injustifiées certaines décisions qui leur semblent relever d’arguments non avérés.
Sur ce point, M. Ibrahima Mbaye, président de l’association nationale des Directeurs de ressources humaines du Sénégal avise que le Projet de plafonnement des indemnités de licenciement abusif est relatif à des soucis d’exploitation spécifique pour lesquels le secteur pétrolier concerné souhaitait approfondir les réflexions.
A l’en croire, le patronat va voir s’il y a une possibilité de faire un plafonnement sur les dommages et intérêts que les juges allouent à un licenciement abusif.
M. Mbaye confie que les DRH veulent que la fixation des montants des dommages et intérêts soit collée à certains critères notamment à l’ancienneté du travailleur et entre autres statuts qu’ils jugent obligatoires et nécessaires.
« Un travailleur qui vient de faire un an dans une entreprise ne peut pas avoir les mêmes dommages et intérêt qu’un autre qui a une expérience de 15 ans, de même qu’un cadre et un employé simple qui est dans le personnel intermédiaire».
Sur la base de cette requête, les responsables des ressources humaines veulent que le juge ne soit plus le seul à fixer le montant.
En tout état de cause, cette situation difficile a été exposée et partagée par les membres du patronat et soumises à l’appréciation des participants sur la base des informations servies.