Addis-Abeba, Éthiopie — L'Afrique ne se développera pas pleinement si des centaines de millions de personnes continuent de vivre sans électricité, déclare ce jeudi, Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Afrique.
S'exprimant lors d'un atelier de haut niveau organisé par Res4Africa business-to-government sur l'accélération de la transition des énergies renouvelables en Éthiopie, Mme Songwe dit que l'énergie est au cœur du développement et que l'accès à l'électricité augmentera la productivité dans tous les secteurs.
« En ce moment même, le continent se dirige vers la Zone de libre-échange continentale africaine, qui changera la donne et où nous pouvons collectivement mieux exploiter la puissance du continent africain que nous ne le pouvons individuellement en échangeant davantage entre nous, mais la ZLECA exige une production qui nécessite de l'énergie », informe-t-elle.
Comme par exemple, dit-elle, près de 600 millions de personnes, soit 48% de la population africaine, n'ont toujours pas accès à l'électricité, la majorité vivant dans les zones rurales. On estime à environ le même nombre de personnes n'y ayant pas accès d'ici 2030.
« Tel est le cas malgré le fait que 26 millions d'Africains ont eu accès à l'électricité entre 2012 et 2016 », révèle Mme Songwe, ajoutant qu'il est décourageant que près de 848 millions, soit 72% de la population africaine, ne disposent pas de solutions propres pour faire la cuisine avec 90% ou plus comptant sur la biomasse pour l'énergie thermique.
L'innovation sur le terrain, précise-t-elle, est jusqu'à présent encourageante, même si le rythme doit s'accélérer alors que le continent tente de relever ses défis en matière d'énergie. Stimuler l'accès à l'électricité grâce à l'innovation et à une meilleure réglementation est crucial, ajoute-t-elle.
« L'Afrique doit agir rapidement et maintenant augmenter le nombre de personnes ayant accès à l'électricité. Nous devons quadrupler nos efforts en matière d'énergie si nous voulons atteindre les Objectifs de développement durable et l'Agenda 2063. Sans énergie, nous ne pouvons pas obtenir le développement auquel nous aspirons tant », déclare Mme Songwe.
« Nous devons adopter des politiques et des réglementations susceptibles d'améliorer rapidement l'environnement propice au déploiement de programmes d'énergie renouvelable en Afrique et permettre au secteur privé de jouer facilement son rôle en apportant son appui aux pays à accélérer la transition énergétique sur le continent ».
Pour sa part, Frehiwot Woldehanna, Ministre d'État chargé de l'eau, de l'irrigation et de l'énergie d'Éthiopie, partage l'expérience de son pays qui s'efforce d'accroître le nombre de personnes ayant accès à l'électricité. Cela comprend cinq nouveaux projets hydroélectriques et solaires approuvés fin 2018 et le nouveau système tarifaire, indique-t-il, vise à élargir l'accès de tous à l'électricité.
Conformément à la stratégie du gouvernement en faveur d'une économie verte résiliente au climat, la priorité absolue est de mobiliser les ressources en énergies renouvelables, informe-t-il.
« Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans une situation où nos femmes et nos filles consacrent la plus grande partie de leur temps productif à aller chercher du bois et de l'eau », dit le Ministre Woldehanna, ajoutant que le pays a fortement progressé dans ses efforts de remédier aux pénuries d'électricité.
Roberto Vigotti, Secrétaire général de Res4Africa, souligne l'importance d'accélérer la transition des énergies renouvelables non seulement en Éthiopie mais également en Afrique.
RES4Africa contribue à la création de partenariats énergétiques durables sur le continent avec une approche « ascendante » capable de proposer des solutions adaptées aux contextes locaux. L'organisation encourage la mise en place de formules de partenariat visant à fournir aux décideurs le point de vue du secteur privé et, ce faisant, à stimuler les opportunités d'investissement.
L'insuffisance des capacités de production d'électricité, le manque d'infrastructures de transport et de distribution, les coûts élevés de l'approvisionnement dans les zones isolées ou simplement le manque d'accessibilité économique à l'électricité font partie des obstacles majeurs à la volonté de l'Afrique d'étendre son réseau électrique.