Les organisations de la société civiles sont priées de maintenir la pression sur les autorités politiques pour le développement de nouveaux paradigmes dans la lutte contre les Flux financiers illicites (FFI).
L'invite a été faite dans la matinée de ce mardi 12 mars, à l'ouverture de la réunion de la Société civile sur le thème : « Gagner la lutte contre les flux financiers illicites en provenance d'Afrique : Quelle est la prochaine étape ? Un accent particulier sur l'Afrique de l'Ouest ». Cette rencontre de deux jours est une initiative de TrustAfrica (TA).
« La société civile doit développer un plaidoyer pour mieux conscientiser les autorités étatiques sur les enjeux qu'engendrent les Flux financiers illicites ».
Cette position est du Directeur Exécutif de TrusAfrica. M. Ebrima Sall se prononçait à l'ouverture de l'atelier sur les FFI consacré à la société civile.
A son avis, les FFI font partie des phénomènes qui appauvrissent le continent africain. A l'en croire, les flux financiers illicites en Afrique sont estimés entre 50 à 70 milliards de dollars américains par an.
M. Sall se désole du fait que tous les secteurs soient concernés avec le commerce qui occupe près de 65%. Avant de s'inquiète du fait que « les mécanismes soient connus et les chiffres sur le phénomène ne cessent d'augmenter ».
Ce qui est confirmé par M. Oladipo Jonhson Koda, l'un des panélistes qui estime : « ce que l'Afrique perd à cause des FFI est troublant et c'est plus important que l'Aide publique au développement ».
Selon M. Sall, c'est la résultante d'une mauvaise gouvernance politique et des ressources naturelles. Un état de fait qui recommande une prochaine étape devant permettre de stopper l'hémorragie.
Une option qui, pour M. Sall, passera par la révision des contrats, du régime fiscal, des mécanismes de taxation.
D'où, pour lui, l'importance de la société civile de tenir les gouvernants coupables face à ce phénomène aux conséquences désastreuses.
Sur cette dynamique, M. Mouhazou Oumarou du GIABA pense qu'il faut aussi s'attaquer aux défis qui font entrave au succès de la lutte contre les FFI.
A l'en croire, il s'agit, entre autres, de l'absence d'accord sur ce que constitue le phénomène, l'importance du volume des fonds rendant difficile leur rapatriement.
A cela s'ajoute le fait que les FFI soient étroitement liés aux intérêts politiques et que le monde des affaires notamment les multinationales soient généralement collées à des personnes politiquement engagées.
Sur cette même lancée, M. Oumarou y ajoute le fait que les FFI conduisent à une corruption systémique. Sans oublier la faiblesse de nos systèmes juridiques ainsi qu'une coopération internationale défaillante dans ce domaine.
Last but not least, les Etats africains, notamment ceux de la région ouest africaine, qui sont tétanisés par la gangrène des FFI, devront faire face au dérèglement de leurs systèmes financiers mais aussi d'une forme de gouvernance qui met en péril des pays étranglés par une forme de corruption endémique.
Sur le chapitre des défis, M. Koda pense que les Etats ouest africains devraient faire face à l'absence d'une prise de conscience et d'une volonté politique affirmée.
Il invite la société civile à faire un plaidoyer et travailler de concert pour une meilleure sensibilisation. Même son de cloche pour l'adjoint du Directeur de la monnaie et du crédit du ministre de l'Economie, des Finances et du Plan du Sénégal.
Pour M. Oumar Diallo, parvenir à rapatrier les fonds issus des Flux financiers illicites planqués en dehors du continent passera par l'instauration de réforme sur le plan de l'investissement et la fiscalité.
Il y ajoute la nécessité de renforcer la solidarité au niveau régional et la coopération internationale entre l'Afrique et les pays qui recèlent les FFI.
A l'en croire, les gouvernements ont besoin du secteur privé, de la société civile mais aussi des think tank pour faire revenir les ressources exportées de manière illégale.