Les Banques Centrales africaines veulent plus de liberté d’actions vis-à-vis des gouvernements. Le président de l’Association des Banques Centrales Africains (Abca), M. Tarek Amer, l’a fait savoir, ce mercredi 13 mars à l’ouverture de la réunion du bureau de l’association qui s’est tenue dans les locaux du siège de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
La première réunion de l’année de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA), tenue le mercredi 13 mars 2019, était une opportunité saisie pour interpeller les gouvernants et levers des équivoques pouvant entraver ou ralentir le projet de Banque Centrale Afrique qui est un chantier qui semble avancer lentement mais surement.
Le président de l’ABCA, par ailleurs, Gouverneur de la Banque Centrale d’Égypte, a fait savoir que l’un des défis à relever par les Banques Centrales c’est d’essayer de développer leur indépendance.
Selon lui, « la stabilité de nos nations dépend de nos banques centrales ». Une assertion qui est dictée par le contexte actuel qui appelle les Banques Centrales à jouer un rôle plus important par rapport à avant.
A cet effet, M. Tarek Amer de rappeler que les banques centrales jouent déjà un rôle important dans les économies mondiales, dans un contexte d’ouverture des marchés. Et de noter qu’il n’y a aucun pays au monde qui est immunisé contre ce qui se passe dans le monde.
Alors que ces dernières années, s’est-il désolé, les banques centrales ont subi des pressions énormes pour résister aux risques et influences de l’économie.
D’après lui, les banques centrales ont dû affronter de gros défis pour assurer une stabilité et un certain standard de vie à nos populations. Elles ont eu à relever des défis comme la conversion monétaire, la conversion fiscale.
Malgré tous ces efforts consentis, M. Tarek estime que : « Être capable de créer une Banque Centrale Africaine et atteindre certains objectifs est plus facile à dire qu’à faire ».
Pour y parvenir, le président de l’ABCA pense qu’il faut mieux contrôler les disciplines fiscales. A son avis, « Comment peut-on parler de fusion si nous n’appliquons pas les mêmes règles macroéconomiques ? ».
Et de poursuivre : « Nous faisons face à des instabilités et des menaces notamment le protectionnisme dans certaines parties du monde. Nous subissons l’influence de grandes corporations. Nos marchés sont envahis de produits venant de l’extérieur et nous ne produisons pas assez pour contrer ces importations ».
D’après lui, pour aider les nations africaines à être plus forts financièrement, les gouvernements doivent mieux contrôler les licences signées avec les puissances extérieures et combattre la corruption.
Le rôle essentiel des institutions financières panafricaines dans la création d’un environnement propice
Cette première réunion ordinaire a été, selon M. Norbert Toe, Vice-Gouverneur de la BCEAO, consacrée essentiellement à la mise en œuvre des décisions prises par le Conseil des Gouverneurs de l’ABCA lors de sa session tenue le 9 août 2018 à Sharm El Sheikh, en Egypte.
Sur cette lancée, le Pr Victor Harison, Commissaire aux affaires économiques de la Commission de l'Union Africaine a estimé que l’Afrique doit entreprendre de profondes réformes structurelles pour réussir à transformer et diversifier son économie afin d’ajouter des valeurs à ses matières premières non-transformées par l’industrialisation, créer des emplois décents et productifs pour sa population jeune, et endiguer le flux de migration des jeunes africains vers les pays développés.
A cet égard, poursuit-il, le rôle essentiel des institutions financières panafricaines est admis, particulièrement dans la création d’un environnement propice au développement des systèmes financiers africains dynamiques et modernes afin de mobiliser les ressources intérieures et les Investissements Directs Etrangers (Ide) intra-africains pour financer le programme de transformation productive du continent et atteindre les objectifs de l’Agenda 2063.
Il a ainsi rappelé les recommandations consistant à entreprendre une étude pour déterminer les raisons pour lesquelles la signature et la ratification des instruments juridiques des Institutions financières panafricaines sont lentes et développer une stratégie visant à accélérer le processus qui devrait être présentée à la quatrième réunion du CTS sur les finances, les affaires monétaires, la planification et l’intégration.
En plus de cela, les acteurs sont priés de travailler en étroite collaboration avec l’ABCA en vue de réviser les échéances pour la création de la Banque centrale africaine en se référant au rapport de l’ABCA sur l’affinement des critères de convergence du Programme de coopération monétaire en Afrique.
Dans cette même logique, poursuit M. Harison, il est prévu de tenir des réunions consultatives avec les CER sur les critères de convergence macroéconomique afin de parvenir le plus rapidement possible a un consensus et proposer un calendrier pour leur mise en œuvre.
Par ailleurs, précise-t-il, les ministres en charge des finances, des affaires monétaires, de la planification et de l’intégration des Etats membres exhortent l’ABCA à inclure le PIB par habitant comme critère secondaire dans le programme de convergence macroéconomique et approuvent que l’examen par les pairs soit entrepris conjointement par le Commission de l’UA et le Secrétariat de l’ABCA.
La nomination d’un envoyé spécial pour des institutions financières panafricaines en vue
La Commission de l’Union africaine travaille à la nomination d'un envoyé spécial chargé de suivre et accélérer le processus de ratification des institutions financières panafricaines.
L’information été donnée par le Pr Victor Harison, Commissaire aux affaires économiques de la Commission de l'Union Africaine au cœur de cette réunion ordinaire de l’ABCA.
Un choix qui colle avec l’évolution rapide pour ne pas dire profondément bouleversé, au plan international, noté sur l’environnement économique et financier.
A cet effet, M. Harison estime que la création de ces institutions panafricaines visant à renforcer la stabilité macroéconomique et à contribuer au financement du développement est d’autant plus nécessaire que l’économie mondiale est de plus en plus marquée par une incertitudes due plusieurs facteurs.
C’est ainsi qu’il a réitéré la volonté de la Commission de l’Union africaine à renforcer la collaboration avec l’ABCA pour traduire dans la réalité le projet de création de la Banque centrale africaine qui est une clé de voûte de l’intégration du continent.