Yaoundé — Afin d'atteindre son objectif de devenir un État à revenu moyen de la classe supérieure, le Cameroun a besoin des marchés que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECaf) va créer, a affirmé le ministre du Commerce du pays, M. Luc Magloire Mbarga Atangana.
Il s'exprimait ainsi lors d'une audience accordée à une équipe de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) dont l'objectif était de débattre des prochaines étapes cruciales de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECaf).
« Les actions que vous envisagez de mener au Cameroun viennent à point nommé et sont très pertinentes pour nos propres objectifs politiques », a déclaré le Ministre. Il a en outre exprimé sa gratitude au Directeur du Bureau sous-régional de la CEA pour l'Afrique centrale, M. Antonio Pedro, et aux experts commerciaux de la CEEAC, MM. Emmanuel Mbarga et Desiré Loumou, pour avoir lancé une initiative qui aboutira à un forum national de sensibilisation et d'information sur la ZLECaf au Cameroun en mi-avril 2019, ainsi qu'à la formulation de la stratégie nationale du Cameroun.
Le forum réunira des autorités gouvernementales camerounaises et des hauts fonctionnaires, des représentants des principaux acteurs du secteur privé et des OSC avec pour but d'analyser les opportunités et les défis de la ZLECaf et de prendre les mesures nécessaires pour rendre opérationnels ses instruments et les mettre en œuvre au Cameroun.
Pour cette raison, la CEA, à travers son bureau sous-régional pour l'Afrique centrale, souhaite accompagner le Cameroun dans la formulation d'une stratégie nationale adaptée à l'objectif de la ZLECaf.
« Cette stratégie doit s'aligner sur les plans de développement généraux du pays et devrait contribuer à la création de chaînes de valeur régionales crédibles ainsi qu'au soutien du commerce intra-africain des produits intermédiaires et manufacturés », M. Antonio Pedro a exhorté.
« Nous sommes très heureux de constater que 19 pays ont déjà ratifié les instruments de la ZLECaf - le dernier pays en date étant l'Egypte - et nous saluons les assurances que nous a données le Ministre du Commerce que le Cameroun a lancé son processus national de ratification », a déclaré M. Pedro lors de la rencontre avec le Ministre.
« En termes d'intégration régionale et de commerce intrarégional, le Cameroun joue un rôle de premier plan en Afrique, en général, et en Afrique centrale, en particulier, et nous aimerions qu'il fasse partie du premier groupe de pays à ratifier l'accord, afin d'assumer pleinement son rôle dans le contexte du programme commercial africain », a-t-il ajouté.
Selon le ministre Mbarga Atangana, le processus a été initié pour aboutir à la ratification de l'accord sur la ZLECaf, que le Cameroun a dûment signé le 21 mars 2018 à Kigali.
La première session parlementaire du Cameroun pour l'exercice 2019, qui débutera le 12 mars, pourrait être l'occasion idoine d'assurer une accélération du processus de ratification de la ZLECaf.
Selon M. Emmanuel Mbarga, expert en commerce placé au Secrétariat de la CEEAC par la CEA, au moment où 52 des 55 Etats africains ont signé l'accord créant la ZLECaf, il est capital que le Cameroun et les autres pays de la sous-région Afrique centrale s'approprient pleinement les accords et processus y relatifs.
Les négociations portant sur la liste de 10% de produits sensibles et exclus qui bénéficieront d'une protection tarifaire nécessiteront une position commune de l'Afrique centrale qui, à son tour, s'appuiera sur les pays pour définir les détails des biens et services appartenant à chacun de ces compartiments commerciaux, a-t-il déclaré.
Le Ministre Mbarga Atangana a reconnu que ces détails soulignent davantage la pertinence du prochain forum national qui sera organisé par la CEA et la CEEAC, car il posera de solides jalons pour renforcer l'appropriation et l'adhésion de toutes les parties concernées de la ZLECaf au Cameroun.
Le ministre a été informé qu'une série de formations ont été organisées par la CEA, avec le soutien de l'UE, dans le but d'aider les pays d'Afrique centrale à mieux comprendre les procédures et règles d'origine pour l'accréditation des produits industriels nationaux au régime du tarif préférentiel harmonisé CEEAC-CEMAC, qui facilitera à la mise en œuvre de la ZLECaf.
À l'heure actuelle, près de 400 parties prenantes des secteurs public et privé de six pays de la sous-région ont déjà suivi la formation.