Marrakech — La conférence annuelle Adebayo Adedeji de 2019 sur le thème « La transformation numérique de l'Afrique : Mythe ou réalité » a été présentée par M. Omobola Johnson, ancien Ministre des technologies de la communication de la République fédérale du Nigéria et Membre du conseil d'administration de la Web Foundation.
Bien que la presse populaire ait beaucoup écrit sur la transformation numérique de l'Afrique, on ne sait pas grand-chose et à quel point, s'il s'agit d'un mythe ou d'une réalité. La conférence commémorative Adebayo Adedeji de 2019 a pour objectif de soulever des questions qui aideront les décideurs à départager le mythe de la réalité afin qu'ils puissent faire des choix et des décisions politiques fondés sur des preuves et sur la réalité.
M. Johnson explique que la transformation numérique n'est pas seulement technique, mais aussi des politiques stratégiques pouvant conditionner l'économie de notre continent. Le rôle des gouvernements dans la définition de la vision et la définition des politiques est primordial pour toute transformation numérique.
« Pour créer un environnement propice dans lequel la transformation numérique peut être efficace, les pays doivent collaborer, amener tous les pays africains à la table et permettre à l'intégration régionale de prendre place et de jouer le jeu différemment dans un monde numérique », ajoute-elle.
Amel Saidane, Membre du conseil consultatif, CEA, Maroc, Initiative sur l'identité et l'économie numériques et Tawanda Sibanda, Partenaire, McKinsey, Afrique du Sud, ont participé à la conférence.
Faisant des éloges de la conférence principale, Mme Saidane donne un aperçu de l'environnement numérique actuel. « Les principaux acteurs des plates-formes numériques commerciales sont les États-Unis et la Chine. Leur objectif est de verrouiller le client afin qu'il devienne dépendant de son marché. Les plates-formes américaines peuvent pénétrer les marchés africains mais pas l'inverse ». Il est difficile pour l'Afrique de posséder ses propres plates-formes, elles ne seront que des utilisateurs de plates-formes américaines ou chinoises. Pour créer leurs propres plates-formes, les entreprises naissantes africaines doivent proposer des initiatives pour être compétitives au niveau mondial. Cela sera difficile et presque impossible s'il n'y a pas de changement de politique des gouvernements africains », indique-t-elle.
Les répondants de l'Afrique du Sud, Sibanda, ont retracé l'historique de l'évolution du marché numérique en Afrique. « Depuis 2013, plus de 200 millions de personnes sont entrées sur le marché numérique. Il y a eu une augmentation massive des téléphones intelligents, les comptes sociaux sont passés de 50 à 100 millions.
Cependant, malgré ces chiffres, il déclare que « l'Afrique n'est pas encore arrivée, l'agenda numérique ne peut pas progresser si la dimension sociale n'est pas abordée : la mortalité infantile est élevée, le manque d'accès à l'éducation et d'autres indicateurs sociaux sont encore très faibles ». Enfin, mais non le moindre, l'éducation est une clé. La population africaine doit posséder sa transformation numérique pour passer à l'étape suivante.
La conférence a ouvert le dialogue, identifié les domaines d'action et proposé une réflexion concrète aux décideurs. C'était également un moyen de sensibiliser les décideurs africains aux promesses et aux dangers de l'économie numérique et de promouvoir un dialogue de haut niveau sur ces questions.
Mme Giovanie Biha, Secrétaire exécutive adjointe de la CEA, a clôturé la conférence en rappelant aux participants que le succès des récentes initiatives continentales, telles que la Zone de libre-échange continentale africaine, la stimulation du commerce intra-africain et le marché du transport aérien africain, dépendra des outils et compétences numériques.
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