Série Intelligence Brute d'EIA - N°1 Groupe Dejia
Corruption, surexploitation et évasion fiscale. Et ce n'est que le début. Dans le rapport publié récemment par EIA, intitulé Commerce toxique : La criminalité forestière au Gabon et en République du Congo qui contamine le marché des États-Unis, nous avons exposé comment le Groupe Dejia, un conglomérat de sociétés affiliées sous le contrôle du magnat chinois Xu Gong De, a violé de manière répétée la plupart des lois élémentaires de la gouvernance forestière au Gabon et en République du Congo. Le Groupe Dejia a ainsi contribué au pillage des forêts du bassin du Congo, deuxième poumon de la planète après la forêt amazonienne.
Notre rapport montre comment la société a illégalement obtenu ses droits d'exploitation; a surexploité de nombreuses espèces ligneuses, certaines menacées d'extinction; a exporté des grumes bien au-delà du quota autorisé; et dissimulé des dizaines de millions de dollars de bénéfices via un système frauduleux de prix de transferts. Tout cela a duré des années. Les conclusions d'EIA montrent que cette chaîne d'approvisionnement en bois illégal repose sur la complicité des acheteurs et sur un réseau de fonctionnaires et hauts-responsables corrompus, savamment entretenu par les filiales du Groupe Dejia.
Les conséquences du rapport commencent tout juste à se matérialiser à l'échelle mondiale. Aux États-Unis, le principal utilisateur du bois d'origine illégal, qui n'est autre que l'un des plus grands exploitants forestiers et fabricants industriels du pays, a immédiatement cessé la vente du produit. Les autorités états-uniennes ont également ouvert une enquête sur la chaîne d'approvisionnement et ses principaux acteurs.
Au Gabon, les autorités ont ouvert leur propre enquête et leurs conclusions, rendues publiques il y a quelques jours, ont confirmé la validité des résultats présentés par EIA. Les autorités gabonaises ont par la suite suspendu les droits d'exploitation des sociétés gabonaises, saisi leurs grumes et ouvert une enquête plus approfondie.
Les autorités de la République du Congo ont publiquement attaqué le rapport et tenté de rassurer les acheteurs internationaux garantissant que le bois de la République du Congo n'est pas de source illégale ; selon leurs mots : « Le Gouvernement tient à rappeler qu'aucune société forestière ne peut exercer dans notre pays de manière illégale ». Le 16 avril 2019, un droit de réponse a été rendu publique par les quatre filiales du Groupe Dejia mentionnées par EIA - SICOFOR et CDWI en République du Congo; SSMO et SBM au Gabon. Dans la lettre signée depuis la République du Congo, notre rapport est présenté comme une suite de « calomnies perfides et délibérées » et les faits présentés seraient « totalement faux ».
Afin de poursuivre notre exposé des véritables problèmes qui touchent le secteur forestier et présenter de nouvelles preuves aux yeux du public, EIA lance une série inédite de vidéos intitulée « Intelligence Brute ». Au travers de vidéos obtenues sous-couverts, minimalement éditées, capturant les propres paroles des dirigeants du Groupe Dejia, EIA démontre que les crimes forestiers décrits dans le rapport Commerce Toxique sont à la fois omniprésents et structurels. Les dirigeants des entreprises expliquent comment ils prennent part à de vastes stratagèmes d'évasion fiscale afin de dissimuler les profits de leurs compagnies. Ils expliquent comment ils soudoient les responsables locaux et nationaux pour qu'ils ferment les yeux sur les infractions commises. Voilà juste deux exemples présentés dans la vidéo Intelligence Brute.
Nous vous invitons à découvrir les preuves vous-même. Regardez le premier épisode ici et suivez la série Intelligence Brute au cours des prochaines semaines sur eia-global.org.