L'objet de ce propos est triple : indiquer les modifications physiologiques que la grossesse imprime au système cardiovasculaire, préciser les modalités de prise en charge des cardiopathies préexistantes, décrire les cardiopathies spécifiques de la grossesse.
Modifications cardiovasculaires physiologiques au cours de la grossesse. Elles débutent dès la 10e semaine (SA) d'aménorrhée et se poursuivent jusqu'à la 32-36e SA. Le débit cardiaque (=QC=quantité de sang éjecté par le cœur/minute) s'élève régulièrement et atteint son maximum à la 28e SA. Cet accroissement est dû à l'augmentation du volume sanguin total et de la fréquence cardiaque (pouls rapide). Il explique la présence d'un souffle systolique dit fonctionnel (sans conséquence pathologique). En outre, sous l'effet d'hormones spécifiques (prostaglandines), il se produit une dilatation artérielle. L'augmentation du volume sanguin se fait surtout aux dépens du plasma et non des cellules sanguines, ce qui rend compte de l'anémie physiologique de la grossesse par hémodilution. Elle est rendue nécessaire par l'existence de la circulation foeto-placentaire. Enfin, l'élévation du taux des facteurs de la coagulation génère une hypercoagulabilité sanguine qui explique le risque accru de manifestations thromboemboliques (phlébite, embolie pulmonaire). Enfin, l'accouchement accroit considérablement le travail du cœur, notamment par la redistribution d'environ 300 ml de sang utéro-placentaire vers la circulation générale à chaque contraction cardiaque. Normalement, toutes ces modifications disparaissent après l'accouchement.
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