Il ne fait donc plus de doute qu'Alpha Condé a décidé de réformer la constitution de son pays. L'amendement constitutionnelle en elle-même n'est pas un sujet à polémiquer, les lois fondamentales ayant souvent besoin de toilettage, afin de s'adapter à l'environnement et au contexte. Mais à ce niveau de l'évolution politique de l'Afrique, où l'alternance est quasi-impossible dans la vaste majorité des pays francophones en cas de compétition avec le président sortant, il nous semble nécessaire de sanctuariser la limitation du nombre de mandat. Surtout, il ne serait pas acceptable qu'un président dont la constitution limite le nombre de mandat à deux, puisse initier une réforma constitutionnelle, dans le seul but de se perpétuer au pouvoir.
Je voudrais rappeler à Alpha Condé qu'il fut un moment où il y avait en Afrique les coups d'Etat salutaires. Ce sont ces brusques irruptions de l'armée dans l'espace politique, pour prendre le pouvoir et instaurer la démocratie. Mais dans cette période, on distinguait deux types de putschistes. Les hommes d'honneur, qui quittait le pouvoir après avoir organisé des élections libres et transparentes lors desquelles ils n'étaient pas candidat : ATT au Mali, Daouda Mallam Wanké au Niger, etc. En face, il y avait les militaires indignes, d'ailleurs très souvent des officiers félons cachés derrière leur treillis. Ces derniers, malgré la promesse tenue au moment du coup d'Etat de rendre le pouvoir à un civile après la transition, s'arrangeaient pour confisquer le pouvoir et instaurer une dictature parfois plus violente que celle qu'ils avaient renversé: Maïnassara au Niger, Guéi en Côte d'Ivoire. Vous remarqueriez que ces deux ont connu une fin bien tragique...
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