Sénégal: La Coalition nationale multisectoriel de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées lancée

25 Juin 2019

Le Sénégal a procédé, le lundi 24 juin à Dakar, au lancement officiel de sa Coalition Nationale de lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (Mtn). Une instance multisectorielle qui va harmoniser les interventions, mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs définis dans le Plan national de plaidoyer sur les MTN.

La croisade contre les Maladies tropicales négligées (Mtn) au Sénégal vient d'amorcer un nouvel élan. La Coalition nationale multisectorielle de lutte contre ces maladies est mise en place au terme d'un atelier de partage qui s'est tenu le lundi 24 juin à Dakar.

Mlle Yaye Sophiétou Diop, responsable plaidoyer au niveau de Spaak Up Africa confie qu'il est attendu de cette coalition qu'elle soit un cadre d'échange, de collaboration et de partage d'informations entre tous les acteurs notamment le ministère de la santé, les autres ministères concernés, le secteur privé, la société civile.

A son avis, l'occasion leur est donnée de s'asseoir autour d'une même table pour discuter des enjeux de la lutte contre les MTN et voir comment procéder pour mener des actions communes afin d'éradiquer ces maladies au Sénégal.

Mlle Diop rappelle que l'idée de cette coalition nationale est ressortie lors d'un des ateliers que Speak Up Africa avait organisés avec le ministère de la santé à Thiès et qui revenait sur les orientations clés du Plan national de plaidoyer qui avait évoqué la nécessité de mettre en place une plateforme.

L'un des questions prioritaires que la Coalition devra prendre à bras le corps, c'est le déficit de financement qui bloque la lutte contre les Maladies tropicales négligées.

Le déficit financier est jugé important. Ce qui dénote, d'ailleurs, le fait que ces maladies soient reléguées au second plan au niveau national ou international.

Un regain de financement insuffisant

Le Dr Fatou Ndiaye Badiane, coordonnatrice nationale de la lutte contre les Maladies tropicales négligées (Mtn) rappelle que le Sénégal a un plan stratégique élaboré pour la période 2016-2020. « A un an de l'échéance, beaucoup d'activités n'ont pas été mises en œuvre à cause d'un déficit de financement », relève-t-elle.

A l'en croire, le financement global de ce plan est évalué à plusieurs milliards de F Cfa et que l'essentiel de ce qui a été mobilisé jusque-là, est consacré à la distribution de masse des médicaments avec l'appui annuel de certains partenaires.

Mme Badiane se réjouit ainsi de la mise en place de la Coalition nationale de lutte qui va faire la vulgarisation du Plan national de plaidoyer MTN. Une option qui s'explique du fait que le Sénégal est frappé par 13 des 17 maladies tropicales négligées.

« La lutte contre ces maladies nécessite l'engagement des organisations de la société civile, des communautés, des autres secteurs et des PTF. C'est la raison pour laquelle, il a été élaboré pour faire le plaidoyer auprès de ces cibles qui vont permettre de mobiliser les ressources pour lutter efficacement contre ces maladies », dira-t-elle.

Ce qui fait dire à Yaye Sophiétou Diop que malgré le regain de financements noté ces dernières années, un accroissement des fonds destinés à la lutte contre les MTN est souhaité du moment que ces maladies touchent les populations les plus pauvres qui ont besoin d'être appuyées dans le domaine sanitaire, de l'accès à l'eau et aux systèmes d'assainissement adéquats afin d'améliorer leurs conditions de vie.

« Il y a un réel besoin de financement pour accompagner le programme MTN qui essaie de faire des actions mais avec des ressources financières limitées », estime-t-elle.

Elle fait ainsi un clin d'œil à l'État et aux Partenaires techniques et financiers (Ptf). Avant de regretter le fait qu'il n'y ait pas assez de partenaires qui s'investissent dans ce secteur des MTN à cause d'une ignorance de la teneur de ces maladies tropicales négligées.

Devant cet état de fait, Speak Up Africa exhorte la Coalition à mener un plaidoyer en direction des décideurs nationaux comme internationaux pour un accroissement soutenu des ressources pour la lutte contre les MTN.

Ce qui, selon cette ONG, va permettre aux partenaires de s'approprier du contenu et aider les acteurs à attirer des financements domestiques mais également étrangers.

En sus de cela, il y a l'implication de tous les acteurs notamment la société civile et les médias, d'où la nécessité de vulgariser ce plan.

Elle estime qu'en plus de la distribution de masse des médicaments, les acteurs doivent se focaliser sur des axes prioritaires comme la prévention.

A cela, Mlle Diop y ajoute la sensibilisation des communautés sur l'importance d'adopter les bons comportements d'hygiène, d'assainissement en plus d'une alimentation saine pour l'éradication de ces maladies.

Ce responsable à Spaak Up Africa estime que la Coalition doit beaucoup insister sur le volet plaidoyer qui va, d'après elle, permettre aux acteurs, non seulement d'avoir beaucoup de recherches sur ces questions, mais également d'engager tous les décideurs. « Résoudre les problèmes sur le MTN c'est résoudre les problèmes liés au développement durable ».

Il faut souligner qu'en plus du lancement de la coalition, cet atelier de Dakar a permis la mise en place d'un Comité restreint qui est un noyau de la coalition.

Cette instance est chargée de réfléchir sur les orientations majeures notamment les missions, les rôles et responsabilités, les modalités de fonctionnement et les activités de cette coalition qui seront partagés avec tous les partenaires.

Des cas de bilharziose à Dakar ?

Jusque-là, à l'abri de ces maladies, Dakar a enregistré des cas de bilharziose. La révélation a été faite par la coordonnatrice nationale de lutte contre les Maladies tropicales négligées (Mtn).

Faisant l'état de lieu des MTN au Sénégal, le Dr Fatou Ndiaye Badiane confie que dans la région de Dakar, il est noté de plus en plus des cas de bilharzioses dans certains districts.

Pour expliquer cet état de fait, elle pointe du doigt les changements opérés ces dernières années dans les problèmes d'aménagement de bassins de rétention.

Des infrastructures qui, à l'en croire, constituent aujourd'hui des facteurs qui favorisent la prolifération de ces maladies.

Le développement de ces maladies est facilité par le fait que les enfants fréquentent ces bassins de rétention que l'État a aménagé le plus souvent dans la banlieue dakaroise pour la gestion des eaux pluviales.

Cette nouvelle ne fait que compliquer les choses du moment qu'au Sénégal,  dans certaines régions l'endémicité est très élevé.

Le Dr Fatou Ndiaye Badiane affirme que les MTN sont des maladies qui causent, parfois, un handicap irréversible qui confine les populations dans un cercle de la dépendance, de pauvreté.

« Nous sommes conscients du fait que tant ces maladies existent, il y aura toujours une partie des populations qui ne sera pas productive ».

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