La mise en œuvre de la phase deux du projet régionale d'Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Swedd) s'annoncent prometteuse. La table-ronde de mobilisation des ressources qui s'est tenue le samedi 6 juillet à Niamey, la capitale nigérienne, a permis d'enregistrer des engagements globaux qui vont au-delà des 700 millions de dollars de besoins estimés pour les cinq ans à venir.
(Envoyé spécial) - Le comité régional de pilotage du projet d'Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Swedd) n'a pas eu tort de retourner à Niamey, la capitale nigérienne, où était lancé, le 2 novembre 2015, ledit programme.
Pour un besoin global de 700 millions de dollars pour les cinq ans à venir, la table-ronde de mobilisation de ressources, tenue le 6 juillet à Niamey, a permis de récolter des engagements qui vont au-delà des attentes, nécessaires pour la mise à l'échelle du projet.
L'information est livrée par Mme Mariatou Koné, président du comité régional de pilotage du SWEDD, par ailleurs, Ministre ivoirien de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté.
A l'ouverture de la rencontre à laquelle avait pris part, entre autres personnalités, le Président de la République de Niger, M. Mahamadou Issoufou, la Directrice Exécutive de l'UNFPA, Mme Natalia Kanem, la représentante résidente de la Banque mondiale au Niger avait donné le ton.
Mme Joëlle Dehasse annonçait que la Banque mondiale qui avait doté la première phase de 295 millions de dollars couvrant sept pays, envisage de mettre à l'échelle son appui à ce projet.
Ceci, non seulement en ajoutant de nouveaux pays aux sept déjà participants, confie Mme Dehasse, mais aussi en apportant des financements supplémentaires au moins aussi élevés que ceux existants.
La représentante résidente de cette institution de Bretton Woods estime que pour aller plus loin dans cette mise à l'échelle deux conditions leur paraissent impératives.
En premier lieu, elle souligne la nécessité d'affiner encore l'analyse des différentes inter-fonctions du SWEDD.
Pour elle, « différentes interventions ont été pilotées souvent avec beaucoup de réussite mais il parait nécessaire d'approfondir l'évaluation. Ce travail est en cour et devrait aboutir au plutard en septembre ».
En second lieu, Joëlle Dehasse considère que pour maximiser son impact auprès des populations, la mise à l'échelle de l'approche SWEDD impose de cibler certaines zones au sein des pays et de déterminer précisément les besoins et les gaps.
A l'en croire, cette analyse qui a démarré figurait en bonne position dans l'ordre du jour de cette présente table-ronde de Niamey.
Il faut souligner que cette rencontre de mobilisation des ressources pour permettre l'autonomisation de toutes les filles et les femmes du Sahel a vu la participation active des partenaires techniques et financiers, le secteur privé, la commission de la CEDEAO, la coopération bilatérale et multilatérale, la société civile ainsi que tous les acteurs qui s'activent pour la promotion du bien-être des populations.
C'est ainsi que d'autres institutions telles que l'UEAMOA, la CEDEAO, l'Organisation ouest africaine de la santé (OOAS), entre autres, ont réitéré leur engagement à apporter un appui au SWEDD.
Dans cette foulée, le président nigérien, Mahamadou Issoufou estime que l'objectif commun reste à transformer les actifs démographiques en dividende économique.
Il s'adressait aux acteurs d'une région du Sahel dont la plupart de ses Etats sont caractérisés par une dynamique démographique rythmée par un fort taux de fécondité, au-delà de cinq enfants par femmes mais également par une forte proportion des enfants de moins de 15 ans et un fort taux de dépendance.
M. Issoufou invite ses pairs à mettre plus de moyens pour la capture du dividende démographique avant de réaffirmer son engagement à investir d'avantage sur les femmes et filles pour leur permettre d'exploiter leur plein potentiel.
Plus de 600 millions de personnes sensibilisées sur les fléaux entre 2015 et courant 2019
Lancée en 2015, le SWEDD a bénéficié aux pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et la Côte d'Ivoire. Quatre ans après sa mise en œuvre, son équipe de coordination a tiré un bilan « positif ».
Le Pr Mariatou Koné, la présidente du Comité régional de pilotage confie que les collaborations avec les leaders, des associations de jeunes, les artistes, les médias ont permis une large diffusion des messages de la campagne de sensibilisation pour le changement social et de comportement
D'après elle, plus de 600 millions de personnes ont été sensibilisées sur la lutte contre le mariage des enfants, les grossesses précoces, les violences basées sur le genre, la promotion de l'éducation des filles, le maintien des filles à l'école et l'accès aux services de santé de la reproduction.
Sur cette même dynamique, elle avise que 3420 espaces qui mettent en confiance appelées « Espaces sûrs » sont mis en place dans les six pays du SWEDD au profit de milliers d'adolescents déscolarisées et de filles non scolarisées et également de jeunes femmes.
En matière de renforcement de capacité régionale pour la mise à disposition des produits de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle, et de personnel sanitaire qualifié, Mme Koné ajoute que les pays ont mis au profit le partenariat avec l'UNFPA et l'Organisation ouest africaine de la Santé (Ooas) pour accompagner trois laboratoires nationaux à Abidjan, à Bamako et à Niamey. Ce sont des laboratoires de contrôle qualité vers la certification.
A cela, elle y ajoute la finalisation des projets de transformation de la chaine d'approvisionnement en médicaments pour la santé de la reproduction, la planification familiale dans les différents États.
Par ailleurs, poursuit-elle, trois centres d'excellences pour le Master en science infirmière et obstétricale ont vu le jour dans trois pays notamment en Côte d'Ivoire, au Mali et au Niger.
Concernant le renforcement de l'engagement politique, souligne la présidente du comité régional de pilotage, il a été constaté une amélioration des politiques sociales et de la gouvernance avec la mise en place de six observatoires nationaux du dividende démographique au Niger, au Tchad, en Mauritanie, au Burkina Faso, au Mali et en Côte d'Ivoire.
Sans oublier, le dialogue établi avec le secteur privé, les ONG, les partenaires au développement et les communautés lors du forum de partenariat public privé tenu à Abidjan en décembre 2018.
Des défis plus que persistants
Le SWEDD procède d'une réponse conjointe des Nations Unies et du Groupe de la banque mondiale à l'appel lancé par nos chefs d'Etats.
Ses responsables ont rappelé que l'objectif est d'accélérer la transition démographique et réduire les inégalités de genre dans la région.
Pour Mariatou Koné, ce contexte engendre des exigences budgétaires énormes pour la satisfaction des besoins sociaux sans cesse croissantes. Ce qui laisse peu de ressources disponibles pour le développement économique et pour le bien-être.
« Avec tous les acquis nous ne devons pas nous arrêter en si bon chemin », lance la présidente du comité régional de pilotage.
Ce qui fait dire à Mariatou Koné que le SWEDD deux est un exercice de consolidation des acquis et de passage à l'échelle pour servir tout le monde.
D'où le besoin d'accroissement des investissements publics et privés nationaux et l'appui financier des partenaires privés.
A cet effet, fait-elle savoir, le comité SWEDD a mandaté l'UNFPA et la Banque mondiale afin de procéder à une évaluation minutieuse des gaps programmatiques et mesurer les incidences financières.
Mme Koné de confier que les résultats de cette analyse seront utilisés pour le renforcement de partenariat entre les donateurs les gouvernements des pays SWEDD.
« Les gouvernements ont marqué depuis le début du processus, un intérêt sans faille dans l'accroissement des investissements au profit de l'autonomisation des filles et des femmes et leur développement économique », s'est-elle réjouie.