Addis-Abeba, le 28 août (CEA) -La huitième édition de la Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique - CCDA-8, a débuté aujourd'hui à Addis-Abeba avec un appel pressant demandant d'inverser l'approche terne actuelle de la mise en œuvre de l'Accord de Paris et de lutter contre le changement climatique. Co-organisée par la Commission économique pour l'Afrique (CEA), la Commission de l'Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD) et l'Alliance panafricaine pour la justice climatique, la réunion spéciale de trois jours a pour thème : « Intensifier l'action climatique pour une Afrique résiliente : Une course que nous pouvons et devons gagner ».
« De nombreux pays africains ont soumis des Contributions déterminées au niveau national ambitieuses vis-à-vis les mesures visant à lutter contre le changement climatique - les CDN - montrant ainsi que les dirigeants africains se sont fermement engagés à lutter contre le changement climatique tout en s'efforçant de respecter leurs programmes de développement nationaux », déclare Frehiwot Woldehanna, Ministre éthiopien du Secteur de l'énergie, du Ministère de l'eau, de l'irrigation et de l'énergie dans ses remarques liminaires.
Il dit que l'Éthiopie, dont le système électrique est dominé par l'hydroélectricité, a été l'un des premiers pays à soumettre ses CDND en prévision de l'Accord de Paris et l'un des premiers pays à le ratifier. En outre, le Sommet pour l'Action contre le climat comporte neuf domaines d'action, dont l'un concerne la transition énergétique dirigée par le Danemark et l'Éthiopie.
Pourtant, malgré les efforts fournis sur le terrain, les sécheresses fréquentes et plus intenses induites par le climat « mettent en péril notre sécurité et notre fiabilité en énergies, avec des impacts économiques et sociaux importants », indique le Ministre, soulignant que sans mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique, l'Afrique n'atteindra pas les cibles des autres Objectifs de développement durable.
« À mesure que les pays tentent de lutter contre le changement climatique, nous devons nous rappeler le principe fondamental de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui appelle à une large coopération de tous les pays et leur participation à une riposte internationale efficace et appropriée, conformément à leurs principes communs mais des responsabilités différenciées et des capacités respectives ainsi que de leurs conditions sociales et économiques », dit-il.
Pour sa part, la Directrice du Cabinet de la Commission économique pour l'Afrique, Aida Opoku-Mensah, déclare que l'Afrique contribue le moins aux émissions mondiales, mais souffre déjà des conséquences les plus néfastes du changement climatique. « Le continent contribue à moins de 6% des émissions, avec des émissions par habitant de seulement 0,8 tonne par an, bien en dessous de la moyenne mondiale de 5 tonnes et bien en deçà de celles d'autres régions telles que l'Europe et l'Asie », affirme-t-elle.
Mme Opoku-Mensah indique que cette réunion spéciale du CCDA se déroule avant le prochain Sommet sur les mesures à entreprendre contre le climat, qui appelle à une action mondiale urgente et concertée pour lutter contre le changement climatique. « C'est un dernier appel lancé à tous les pays pour qu'ils prennent la relève et intensifient leurs actions en faveur du climat afin d'obtenir de nombreux succès sociaux, économiques et environnementaux », souligne-t-elle.
Elle met également en exergue un certain nombre de mesures pour lutter contre le changement climatique menées par la CEA en collaboration avec des partenaires. Celles-ci comprennent : la Recherche climatologique pour le développement en Afrique (CR4D), qui renforce les liens entre la recherche scientifique sur le climat et les besoins en informations climatologiques pour appuyer la planification du développement en Afrique ; le Mécanisme d'investissement de projets résilients aux changements climatiques en Afrique (AFRI-RES) - une initiative conjointe de la CEA, de la Banque mondiale, de la CUA et de la Banque africaine de développement et les Services d'informations météorologiques et climatologiques pour l'Afrique (WISER) financés par le DfID.
Godfrey Bahigwa, représentant la Commission de l'Union africaine, souligne que si l'adaptation au climat est une priorité pour l'Afrique, « les flux actuels de financement du climat au niveau mondial pour l'adaptation sont limités et fortement enclins à financer des projets liés à l'atténuation, par opposition à ceux liés à l'adaptation ».
Il dit que la Commission de l'UA s'emploie à mobiliser des ressources et des partenariats pour aider les États membres de l'UA à domestiquer et à mettre en œuvre leurs CDN. « Nous voulons également établir un mécanisme de rapport continental qui montrera le processus en cours dans la mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le changement climatique », ajoute-t-il.
James Kinyangi, de la Banque africaine de développement, déclare que la première action urgente consiste à « renforcer la résilience et l'adaptation aux effets néfastes du changement climatique sur les communautés les plus vulnérables d'Afrique ». Après avoir signé et ratifié l'Accord de Paris, presque tous les pays africains « sont maintenant engagés dans la lutte contre le changement climatique dans le but de renforcer la résilience grâce à des systèmes d'alerte précoce, à une évaluation et à une gestion complètes des risques et à une assurance contre les risques », dit-il.
« Le moment est venu, pour que l'Accord se traduise en actions concrètes, pour préserver les acquis du développement et pour répondre aux besoins des plus pauvres et des plus vulnérables », ajoute-t-il.
Note aux rédacteurs :
À propos de la Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique - CCDA. Cette Conférence spéciale se déroule avant le sommet des Nations Unies sur l'Action pour le climat qui se tiendra le 23 septembre 2019 lors de l'Assemblée générale. Ladite Conférence est un évènement phare du programme ClimDev-Afrique. Ce programme est une initiative conjointe de la CEA, de la Commission de l'Union africaine (CUA) et de la Banque africaine de développement (BAD), mandaté par les chefs d'État africains pour soutenir leurs efforts collectifs afin de favoriser une réponse commune et coordonnée face au changement climatique à travers le continent. Ce programme est entré en vigueur en 2011 avec le soutien de l'UE, du DFID, de la Norvège, du Fonds nordique pour le développement, de la Suède et de l'USAID.