Afrique: Les 60 ans de politiques et de modèles économiques mis à nu

4 Septembre 2019

Les résultats obtenus des 60 ans de mise en œuvre de politiques et théories économiques sont très médiocres.

C’est le sentiment le mieux partagé au forum sur « La Remise en question des Orthodoxies dans la pensée économique en Afrique, Exploration de solutions alternatives ».

Cette rencontre de trois jours que TrustAfrica (TA) et l’Institut pour la justice économique (Institute for Economic Justice (IEJ) ont ouvert ce lundi 2 septembre à Dakar, est soutenue par l’institution Open Society Initiative for West Africa (OSIWA).

Les couleurs ont déjà été annoncées à l’ouverture des travaux qui s’est soldée par une opération de déconstruction du chemin emprunté (impose our choice) par la plupart des régimes postindépendance.

Les initiateurs de ce conclave de Dakar estiment que l’imposition de programmes d’ajustement structurel, les Politiques de Consensus de Washington et de Consensus Post-Washington, ainsi que d’autres formes plus récentes de « réformes » néolibérales ont été particulièrement importantes.

Et qu’elles ont été mises en œuvre et justifiées par des approches économiques conventionnelles, qu’ils appelent « orthodoxies économiques ».

Dr Ebrima Sall, Directeur Exécutif TrustAfrica, estime que les pays africains ont essayé des démarches pendant des années mais qui n’ont pas marché. Les transformations nouvelles tardent à se faire ressentir sur l’ensemble des segments de notre économie.

Pour lui, à travers cette rencontre de Dakar, il n’est pas question de minimiser les acquis et les réalisations qui ont été faites mais « nous savons que notre continent est riche et pleine de gens talentueux ainsi que les ressources qu’il faut pour faire un très grand bond en avant par rapport aux potentialités que nous avons, par rapport aux énergies de l’Afrique et de sa diaspora ».

Sur la même lancée, Mme Mariéma Touré, universitaire, signale que l’échec des politiques basées sur la pensée orthodoxe est prouvé par l’importance des inégalités. « Nous ne pouvons pas transformer nos économies si nous ne transformons pas nos mentalités ».

Le Pr Ndongo Samba Sylla y greffe les projets d’intégration ainsi que les programmes d’émergence, sans oublier l’initiative Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) et l’idée de monnaie unique CEDEAO ou africaine.                        .

Pour lui, les discours peuvent changer mais les paradigmes demeurent et que ces nouvelles options représentent une démarche déguisée du néolibéralisme.

C’est ainsi que le procès des théories économiques menées jusque-là a été fait par des acteurs politiques à plusieurs niveaux dont une représentation du bureau de planification du gouvernement sud-africain, le Pr Abdoulaye Bathily, ancien candidat à la présidence de l’Union africaine, la société civile, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Cea), de CODA qui est une coalition africaine créée par l’Union africaine, la CEA et la BAD, entre autres.

Ceci dans l’optique d’impulser une nouvelle vision du développement du continent avec des outils conçus par des Africains.

Pour M. Sall, l’Afrique a vécu des moments durs à cause des ajustements structurels et politiques néolibérales qui ont causé beaucoup de tords et que les populations n’ont pas encore fini de payer les frais.

Ce qui sonne comme une autre raison de questionner les modèles économiques du moment que d’autres expériences existent dans le monde notamment avec les pays scandinaves qui ont des économies de marché différentes des nôtres.

Des choix qui, selon le Directeur exécutif de TrustAfrica, leur a permis de bien gérer leurs ressources et d’avoir un niveau de compétitivité avec des universités, des entreprises performantes… et ils n’ont pas les inégalités et la marginalisation qui existent dans les pays africains.

Dr Sall considère qu’il faut construire des nouveaux paradigmes sur les bases des acquis réalisés pour espérer aller plus loin.

Il confie que les conclusions de ce forum seront partagées le plus largement possible avec les chefs d’Etats et de gouvernement, les acteurs politiques, la société civile.

Avant de préciser que les acteurs qui prônent cette rupture sont conscients du fait qu’on ne règle pas ce problème avec un seul colloque mais delà, ils veulent enclencher tout un mouvement qui se déroulera au sein des universités pour que les gens revoient les programmes de l’enseignement de l’économie de nos pays.

« Il faut qu’on revoie la manière dont les politiques économiques sont conçues ainsi que les projets de développement pour qu’on sorte de la logique qui veut que les matières soient exportées tel quel et que l’on fasse de la transformation avec toutes les potentialités de développement avec les technologies existantes ».

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