Afrique: Ibrahima Aïdara, directeur exécutif adjoint de OSIWA – « Il est important de s'interroger sur les politiques qu'appliquent nos gouvernants »

Il est important que l'on se pose des questions surtout que ces théories et politiques qu'appliquent nos gouvernants ne sont pas conçues chez nous et ne tiennent pas compte de nos réalités socioéconomiques et politiques. Cet avis est du Directeur exécutif adjoint de OSIWA.

M. Ibrahima Aïdara l'a fait savoir en marge de l'ouverture, le 2 septembre à Dakar, de la conférence que TrustAfrica (TA) et l'Institut pour la justice économique (Institute for Economic Justice (IEJ) ont organisé sur « la Remise en question des Orthodoxies dans la pensée économique en Afrique, Exploration de solutions alternatives ».

M. Aïdara estime que l'idée de la remise en question des orthodoxies en Afrique vient du fait que plus de 60 ans de politiques et de théories économiques dans le continent n'ont pas pu permettre au continent d'émerger et les résultats obtenus à la suite de leur application ont plutôt généré beaucoup de pauvreté mais surtout de façon plus préoccupante des inégalités qui s'observent dans la région et dans beaucoup de pays du continent sur les dix dernières années.

Donc, s'est-il indigné, « il n'est pas surprenant que les résultats que nous obtenons soient médiocres à ce point ».

Devant cet état de fait, M. Aïdara pense qu'il est important de soutenir des espaces de création de savoir pour revisiter les théories dominantes qui gouvernent nos économies. Avant de confier que c'est la raison pour laquelle OSIWA soutient cette initiative de TrustAfrica.

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« Pour nous la pensée dominante actuelle est articulée autour de la pensée néoclassique et  néolibérale qui sont conçues et développées dans des laboratoires étrangers et qui sont importées chez nous pour donner les résultats que nous avons ».

Ce responsable d'OSIWA plaide ainsi pour un soutien des pensées critiques endogènes qui s'appuient sur les réalités africaines pour que nous inventions, nous même, en tant qu'Africain, notre théorie économique africaine.

« Que nous concevons nous même nos politiques économiques qui tiennent compte de nos réalités économiques, de notre sociologie et nos institutions », s'est-il exclamé.

Se voulant moins catégorique face aux nouvelles initiatives de développement en cours, M. Ibrahima Aïdara juge important l'existence d'initiatives endogènes à l'image de la Zone de libre-échange africaine, entrée en vigueur le 30 mai 2019.

« C'est vrai qu'il y a beaucoup de controverse autour de la ZLECA car d'aucuns pensent que c'est une reconduction de la pensée néolibérale alors que d'autres estiment que c'est une pensée endogène qui pourrait booster le développement de nos économies ».

Dans tous les cas, précise-t-il, « l'Afrique est dans l'économie mondiale aujourd'hui et commerce avec le reste du monde. Je pense qu'il y a un minimum de consensus autour de la question que l'Afrique en commerçant avec elle-même serait plus avantageux que lorsqu'elle le fait avec le reste du monde ».

Pour lui, la ZLECA vue sous l'angle d'une initiative endogène, il serait bon de l'expérimenter, de l'encourager tout en encourageant les décideurs à ouvrir cet espace aux différents acteurs africains pour que des perspectives soient prises en compte et que ce projet puisse générer les résultats attendus.

Avant d'alerter : « que cela ne soit pas un autre échec du néolibéralisme actuellement en vigueur dans nos pays ».

Des préalables avant la monnaie unique CEDEAO

La même lecture est faite sur la question de la monnaie unique de la CEDEAO dont les fondamentaux ont été dévoilés lors du dernier sommet des chefs d'Etat.

Le Directeur exécutif adjoint de OSIWA pense que cette initiative doit renforcer l'intégration économique régionale.

A son avis, il y a beaucoup de défis actuels et futurs à relever avant d'y arriver mais c'est une expérience à mettre en œuvre pour espérer faire avancer nos économies.

« Je suis aussi d'avis avec les voix dissidentes qui ne sont pas toujours favorables et qui pensent le contraire. Il faut en discuter car il y a des préalables  à résoudre avant d'arriver à cette monnaie unique », prévient-il.

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