Les besoins non satisfaits en planification familiale sont encore énormes en Afrique de l’Ouest et du Centre. Malgré les efforts consentis et les réalisations non négligeables, ces besoins se situent encore autour de 24%, selon Le Fonds des Nations Unies pour la Population (Fnuap). Un état de fait qui nécessite l’invite des pays de la région à mettre fin à cette situation avec des indications de bonne pratique à suivre.
Les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont invités à œuvrer pour l’éradication des besoins non satisfaits en planification familiale.
La demande leur a été réitérée à l’ouverture, ce mardi 15 octobre à Dakar, de la consultation régionale sur le rôle essentiel de mettre fin aux besoins non satisfaits en planification familiale dans la capture du dividende démographique.
Un des grands défis auxquels la région est confrontée vue les taux de fécondité considérables qui y sont relevés.
M. Jocelyn Fenard, Conseiller régional en partenariat et mobilisation de ressources à l’UNFPA fait savoir que malgré la disponibilité croissante des contraceptifs dans les pays au fil des années, des millions de femmes n’y ont toujours pas accès aujourd’hui — pas plus qu’au choix en matière de reproduction qui leur est associé.
De ce fait, poursuit-il, elles se trouvent privées du pouvoir de prendre des décisions relatives à leur corps, notamment de choisir si et quand elles souhaitent concevoir un enfant.
A cela, M. Fernard qui représentait le directeur régional de UNFPA Afrique de l’Ouest et du Centre, y ajoute « le fait de ne pas disposer de cette capacité — qui influe sur de nombreux autres aspects de la vie, de l’éducation à la rémunération, en passant par la sécurité — empêche les femmes de définir elles-mêmes leur avenir ».
Les femmes mariées mènent toujours la danse
Cette situation peu reluisante laisse transmettre, par ailleurs, une volonté d’espacement des naissances dans les couples.
L’état des lieux fait par les spécialistes montre que dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, les femmes mariées constituent la majorité des utilisatrices de méthodes contraceptives alors que les besoins non satisfaits sont énormes au niveau des femmes.
La directrice de la santé familiale du Sénégal, le Dr Mareme Dia Ndiaye rappelle qu’il y a 25 ans de cela ,15% des femmes mariées dans les pays en développement utilisaient la Planification Familiale, aujourd’hui ce taux a atteint 37%.
Cependant, souligne-t-elle, la zone de l’Afrique de l’ouest et du centre, avec un taux de prévalence contraceptive à seulement 18% est caractérisée par les plus forts taux de besoins non satisfaits en planification familiale, ce qui est de l’ordre de plus 24% dans cette région.
Devant cet état de fait, Dr Dia invite les acteurs impliqués à redoubler d’efforts s’ils veulent atteindre leurs objectifs de réduction des besoins non satisfaits en matière de planification familiale.
Pour elle, cette rencontre de Dakar organisée dans le contexte actuel des Objectifs de développement durable (Odd) et 25 ans après la CIPD (Conférence internationale sur Population et Développement, ndlr) de 1994 au Caire est d’actualité puisqu’elle permettra aux pays de discuter du financement de la PF : un défi pour la pérennisation de leurs programmes, et d’échanger leurs expériences respectives en matière de réduction des besoins non satisfaits en PF.
Pour elle, au-delà du besoin sanitaire, c’est aussi une voie certaine vers la capture du dividende démographique et du développement de nos pays.
Sur cette même lancée, le Directeur régional de l’UNFPA Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingué Ngom, souligne que « certes, d’énormes progrès ont été réalisés, mais beaucoup reste à faire dans cette partie du monde ».
Il s’agit, à son avis, « du droit de nos femmes, de leur donner le choix de décider de façon libre et responsable le nombre d'enfants qu’elle souhaite avoir ainsi que l'espacement de ses naissance.»
Pour lui, il consistera de faire en sorte que « chaque grossesse soit désirée, chaque accouchement soit sans danger et le potentiel de chaque jeune soit pleinement réalisé ».
Dans cette même logique, M. Fenard juge capitale la réduction les besoins non satisfait du moment que l’Afrique se singularise par un rythme d’accroissement démographique, estimé à 2,5%, deux fois plus important que la moyenne mondiale qui est de 1,2%.
A cela, il ajoute qu’onze pays africains affichent une croissance démographique dépassant les 3%, parmi lesquels figurent neuf pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et centrale.
De ce fait, prévient-il, en l’absence d’une transition démographique beaucoup plus rapide, l’Afrique va vers un accroissement substantiel de sa population.
Des indications pour inverser la tendance
Une situation qui fait dire au coordinateur du secrétaire régional de l’initiative SWEDD (Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel), le Dr Justin Koffi que les besoins non satisfaits constituent le nœud gordien dans les programmes de santé de la reproduction.
A cet effet, le Directeur de l’ONG Avenir Health, basée aux Etats-Unis, a donné quelques indications pour inverser cette tendance.
Mme Emily Sonneveldt estime qu’il s’agit de travailler sur la chaine d’approvisionnement et de lutter contre les ruptures de stocks.
A cela, elle y a greffé la nécessité de hiérarchiser les opportunités afin que les ressources limitées soient utilisées efficacement.
Pour elle, il faut faire en sorte que les inégalités existantes soient réduites (ou éliminées) et non exacerbées et travailler à ce que les synergies avec les priorités nationales et d’autres investissements soient mis à profit. Sans oublier la nécessité de réunir les données avec l’expertise du pays.