Les réformes économiques, l'essor de la classe moyenne et la diversité régionale dans le contexte de la nouvelle Zone de libre-échange continentale africaine font des pays africains de langue portugaise un une région très attractive pour les investisseurs. De nouveaux outils, comme le Pacte de financement du développement des pays lusophones d'Afrique, permettent de rassurer investisseurs et bailleurs qui envisagent de prendre pied dans ces marchés.
Les six pays africains appelés « PALOP » (acronyme portugais pour « pays africains de langue officielle portugaise ») que sont l'Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le Mozambique et São Tomé-et-Principe, présentent une grande diversité : de la Guinée équatoriale, pays le plus riche d'Afrique par habitant, aux économies à faible revenu. Les « Palop » ce sont aussi des pays comme l'Angola et le Mozambique avec chacun plus de 30 millions d'habitants, et d'autres moins peuplés comme le Cap Vert et São Tomé-et-Principe, qui comptent moins d'un million d'habitants. Ces pays lusophones se trouvent au sud-est au nord-ouest du continent.
Ces États partagent également une langue et un patrimoine communs. En tant qu'États indépendants, ils ont tissé des liens commerciaux avec le Portugal et le Brésil. Par ailleurs, élément important au regard de notre réflexion actuelle, ils ont tous reconnu devoir faire davantage pour libérer le potentiel de leur secteur privé. Celui-ci fait face à des contraintes allant du déficit de financement abordable aux difficultés liées à la préparation des projets. La bonne nouvelle est que les gouvernements du « PALOP » sont déterminés à s'attaquer à ces problèmes, avec l'aide de leurs partenaires, parmi lesquels la Banque africaine de développement.
En novembre 2017, le président de la Banque, Akinwumi Adesina, s'est rendu à Lisbonne pour discuter des contours d'une collaboration entre le Portugal et la Banque. Cette réunion a permis de dégager une vision pour un nouveau partenariat, ouvert à d'autres acteurs, appelé le Pacte de financement du développement des pays lusophones d'Afrique. Ce pacte, signé lors de l'Africa Investment Forum de novembre 2018, a un objectif très simple : accélérer la croissance diversifiée, durable et inclusive tiré par le secteur privé dans les six pays du « PALOP ». Au cœur de ce pacte, des transactions permettant d'obtenir des résultats concrets sur le terrain.
Comment le Pacte lusophone compte-t-il y parvenir ? Il est axé notamment sur les résultats et se concentre sur deux types d'intervention : le financement et l'atténuation des risques pour des investissements spécifiques du secteur privé et du secteur public-privé (PPP) dans les « PALOP », ainsi que les projets d'assistance technique favorisant l'action du secteur privé ou des investissements spécifiques, tels que la préparation de projets et l'accès au financement. Il est mis en œuvre par le biais de pactes spécifiques aux pays qui ont été signés pour chaque pays du « PALOP ».
Pour sa part, le Portugal a mis à disposition 400 millions d'euros de garanties en 2019 pour accompagner les financements de la Banque en faveur du secteur privé et des projets PPP dans les « PALOP ». La Banque fournit également ses propres financements ainsi que des ressources pour l'administration du Pacte lusophone. Il est important de souligner que les « PALOP » eux-mêmes sont des partenaires égaux dans cette initiative. Ils doivent d'une part faciliter les investissements du secteur privé dans leurs pays, et d'autre part tirer parti des investissements au sein des « PALOP » et s'inspirer des des pratiques exemplaires. Nous nous réjouissons du fait que d'autres États et pourvoyeurs de financements du développement souhaitent adhérer au Pacte lusophone ou y collaborer.
Cela nous ramène à notre leitmotiv : Le moment est venu d'investir en Afrique lusophone
L'Angola et la Guinée équatoriale ont tous deux lancé des programmes ambitieux visant à diversifier leurs économies en s'éloignant progressivement de l'exploitation des ressources naturelles. Le Mozambique, qui commence à recevoir des investissements massifs liés au secteur du gaz naturel, reconnaît également la nécessité de favoriser la croissance de secteurs tels que l'agro-industrie et l'industrie manufacturière, deux secteurs qui présentent un fort potentiel de création d'emploi. Le Cap Vert, qui est déjà un pays à revenu intermédiaire, cherche également à diversifier son économie en attirant de nouveaux types de touristes tout en développant la pêche et l'agro-industrie. São Tomé-et-Principe et la Guinée-Bissau, membres de l'Alliance des petits États insulaires, recherchent des investissements durables qui favorisent la croissance et apportent des solutions à leur vulnérabilité au changement climatique, y compris par le biais de ce que l'on appelle « l'économie bleue ».
Tous ces pays qui comprennent certaines des plus grandes économies africaines, sont déterminés à accroître les échanges commerciaux intra-régionaux.
C'est pourquoi les « PALOP » sont attentifs à l'édition 2019 de l'Africa Investment Forum, le marché unique des investissements régionaux, lancé l'an dernier par la Banque africaine de développement.
Un panel spécifiquement consacré aux investissements en Afrique lusophone lors du Forum de cette année mettra en lumière ces opportunités. Comme en 2018, de nombreuses sessions concerneront des projets dans les « PALOP », tous signataires du Pacte lusophone.
La Banque africaine de développement est fière d'œuvrer à l'émergence d'une nouvelle ère pour les économies des pays lusophones du continent, et nous vous invitons vivement à vous joindre à nous.
Par : Mateus Magala, Vice-président chargé des Ressources humaines et des services institutionnels à la Banque africaine de développement