Le Gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) milite en faveur d'un cadre règlement « léger » mais « rigoureux » pour la promotion des entreprises de technologies financières (FinTech).
M. Tiémoko Meyliet Koné l'a souligné lors de la table-ronde des gouverneurs qui était le point d'orgue de la Conférence Internationale sur les FinTech qui s'est tenu les 30 et 31 octobre à Dakar.
Une idée que le gouverneur de la BCEAO a partagée avec ses collègues de la BEAC (Banque des États de l'Afrique Centrale), de la Mauritanie, de la Gambie et du Sierra Léone.
M. Koné pense qu'il y a des innovations importantes qui peuvent beaucoup apporter à nos populations pour l'amélioration sensible de l'accès aux services financiers.
« Nous sommes dans la tendance des recommandations internationales dont le programme Fin Tech de Bali, qui nous incite à faire des efforts pour adopter les innovations financières et surtout arriver à créer pour les populations le cadre qu'il faut pour moderniser les moyens de paiement et permettre à ces populations d'accéder aux progrès dans ce domaine ».
Face à cette obligation, le gouverneur de la Banque Centrale estime que si le cadre général est compatible à ce qui doit être fait, la régulation figure parmi les points essentiels.
« Il faut créer un cadre qui permet les progrès que nous voulons dans le domaine des Fin Tech. C'est un cadre qui doit être à la fois léger mais rigoureux et permettant d'éviter toutes les erreurs et toutes les dérives qui peuvent amener, non seulement, à mettre en cause le système mais aussi exposer inutilement les populations pour lesquelles ces actions sont menées et ne pas arriver aux résultats escomptés ».
Dans la mise en place de la régulation, M. Koné pose le doigt sur l'expérimentation qui, au vue de ce qui a été démontré durant cette conférence, ne semble pas chose facile.
Le gouverneur de la BCEAO considère ainsi que le partage d'expérience peut permettre d'atteindre les objectifs visés pour faciliter l'accès aux services financiers aux populations.
Une option qui, à son avis, demande la prise d'engagements fermes à l'image de ce qui a été fait dans le domaine de la monnaie électronique en zone UMOA.
Les banques centrales appelées à aller vite
Les opérateurs de FinTech et les start up évoluant dans ce secteur semblent être pressés, vu les nombreuses opportunités qui s'offrent à eux pour développer leurs activités.
A cet effet, ils demandent aux banques centrales de marcher à pas charge en leur offrant un cadre qui suit le rythme de l'évolution technologique.
Une requête que les gouverneurs ont accueilli à bras ouverts tout en rappelant la sensibilité de certains compartiments comme les opérations de crédit qui exigent plus d'attention.
« Là où on a été vite c'est qu'il n'y avait pas de problèmes particuliers qu'on ne pouvait pas maitriser. Il faut prendre le temps qu'il faut pour ne pas arriver à des dérives », avertit le gouverneur de la BCEAO.
La préoccupation commune c'est d'aller à l'inclusion financière et de faire de sorte que l'accès aux services financiers des populations soit le plus facile possible et que cela se fasse dans les conditions idéales pour ne pas créer de problèmes là où on n'en n'a pas besoin.
Le Gouverneur de la Banque Centrale de la Mauritanie, Abdel Aziz Ould Dahi, pour sa part, relève que la technologie financière génère des idées nouvelles et sollicite des innovations sous une large perspective.
« Bien que distributive, les FinTech n'en sont pas moins susceptibles de fournir des emplois immédiats. Si nous avons des technologies innovantes ouvertes sur un vaste chantier d'application, nous devons tenir compte que son appropriation et sa mise en œuvre reste collective ».
Pour lui, développer la finance digitale nécessite tout un écosystème signifiant des accords réciproques et une fertilisation croisée entre différents acteurs que sont les banques et établissements financiers, les compagnies d'assurance et les acteurs de FinTech dont l'essor doit être favorisé, sans oublier les régulateurs.
Dans la sphère financière, souligne-t-il, « personne ne couvrira seule l'ensemble des solutions possibles et ne sera à même d'envisager toutes les incidences ou les risques et ni ne pourra mobiliser les moyens et les compétences nécessaires ».
A son avis, « il ne s'agit pas donc de gérer une transition technologique mais nous nous sommes invités dans nos pays à recomposer et à étoffer notre paysage financier ». C'est pourquoi l'implication des autorités réglementaire lui parait indispensable.
Face aux nombreux bouleversements attendus dans l'écosystème financier, le gouverneur de la banque centrale mauritanienne pense que le régulateur doit se demander si toutes ces évolutions pourront partager des objectifs communs car, souligne-t-il, cela favorisera tant le développement que le soutien qu'on peut leur apporter.
Il note en ce sens que l'écosystème qui est susceptible d'apparaitre autour de la finance digitale correspond à un paysage bancaire plus complet, plus compétitif aux offres élargies et aux services plus performants. En sommes, poursuit-il, ce qui est le mieux à même de favoriser l'inclusion financière.
Pour le gouverneur de la BEAC, M. Abbas Toli Mahamat, les acteurs sont unanimement d'accord sur le fait que les FinTech constituent un potentiel important pour le développement de l'inclusion financière.
Du moment que toutes les institutions financières ont souscrit à cet objectif, M. Mahamat estime qu'il reste à trouver un équilibre entre l'accompagnement des progrès et l'encadrement nécessaire.
Ce qui, d'après lui, revient à trouver la meilleure résolution pour apprivoiser l'outil technologie pour mieux maitriser les risques.
« Il faut ouvrir un espace d'échange avec différents promoteurs de téléphonie, de stratup, de FinTech pour prendre en compte toutes les préoccupations. Il faut être ouvert aux changements et avoir une vision claire de ce que nous désirons de ces technologies », conseillera-t-il.