Addis-Abeba — Le secteur minier éthiopien a un fort potentiel pouvant être mis à contribution pour le développement à long terme du pays, le progrès social et la croissance économique, déclare Oliver Chinganya, Directeur par intérim de la Division de la technologie, du changement climatique et de la gestion des ressources naturelles, à la Commission économique pour l'Afrique (CEA).
Lors de son discours liminaire, à un atelier portant sur les politiques du secteur minier et pétrolier de l'Éthiopie et la feuille de route stratégique du secteur, M. Chinganya indique que l'Éthiopie est dotée de ressources minérales, y compris de pétrole et de gaz, mais que celles-ci restent largement inexploitées, ajoutant que le secteur minier pouvant contribuer à la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans le pays ne saurait être surestimé.
Le secteur a contribué à moins de 1% du PIB, 14% des exportations et 1% des recettes publiques et n'a pu créer que 4 000 emplois formels en 2018.
Dans son plan de croissance et de transformation, l'Éthiopie s'est fixée pour objectif de voir son secteur minier contribuer à 10% du PIB d'ici 2025.
« Pour atteindre cet objectif et tirer parti de son secteur minier afin de garantir sa croissance économique et son développement durable, l'Éthiopie devra tirer parti des expériences et des bonnes pratiques d'économies minières plus matures et utiliser les cadres et directives disponibles », affirme M. Chinganya, qui est également le Directeur du Centre africain pour la statistique, à la CEA.
Le Directeur de la CEA dit qu'au cours de l'histoire, le discours du paradigme du développement des pays africains riches en ressources est négatif pour la plupart des aspects du développement humain, à l'exception du Botswana, qui a réussi à atteindre la prospérité grâce à une gestion efficace de son secteur diamantaire.
Au cours de la dernière décennie, des initiatives élaborées par les Africains ont vu le jour, préconisant une directive politique transformatrice visant à exploiter les ressources naturelles du continent pour favoriser l'industrialisation et ce par le biais de liens et de la diversification.
Le Projet Afrique « Extraction minière » (AMV), adoptée en 2009 par les chefs d'États africains et à laquelle la CEA a largement contribué, représente un changement de paradigme, abandonnant la dépendance vis-à-vis des exportations de produits de base pour renforcer la base industrielle du continent grâce à une valorisation accrue des ressources minières au niveau local, affirme M. Chinganya.
« Les pays africains ont encore le temps de réagir pour remédier au paradoxe de la malédiction des ressources qui continue de nuire au développement du continent axé sur les ressources minières. Il ne suffit pas d'améliorer les régimes miniers pour établir des stratégies à savoir comment le secteur minier peut mieux contribuer au développement économique local, national et régional », déclare-t-il.
En outre, la CEA et ses partenaires ont élaboré un manuel sur la Vision de l'exploitation minière nationale afin d'aider les pays africains à intégrer le Projet Afrique « Extraction minière » au niveau national.
M. Chinganya indique que c'est encourageant de voir le Ministère des mines et du pétrole élaborer une nouvelle politique des ressources minières et pétrolières, qui vise à définir la contribution potentielle du secteur à la croissance et à la transformation du pays, et à tirer le meilleur parti des avantages que le secteur peut offrir.
« Il est également encourageant de voir le Ministère organiser des réunions de consultation pour s'assurer que toutes les parties prenantes sont activement impliquées, comme le préconise le manuel de la vision minière nationale », précise-t-il.
La nouvelle politique minière aborde en profondeur la question de la création de liens dans l'économie afin de soutenir l'industrialisation. Elle est également tournée vers l'intérieur, dans la mesure où elle se concentre sur la création de liens avec les secteurs de la fabrication, de l'agriculture, de la construction et de la bijouterie, comme le recommande l'AMV.
« Grâce à ces tentatives délibérées de lier l'exploitation minière à l'industrialisation, l'Éthiopie peut se distinguer des pays africains en transformant ses ressources en atouts, en particulier à la lumière de ses politiques industrielles ambitieuses qui ont la possibilité de soutenir la mise en place de chaînes d'approvisionnement basées sur les ressources minières, susceptibles de stimuler les recettes publiques, les exportations et la croissance du PIB », dit M. Chinganya.
Il ajoute que pour que le secteur minier soit résilient au climat, il faudra utiliser les ressources efficacement afin de produire des systèmes d'énergies intelligents grâce à une approche de gestion intégrée des ressources favorisant la croissance économique et la préservation de l'environnement pour les générations futures.
« En effet, si, traditionnellement, l'industrialisation repose sur les combustibles fossiles, les pays en voie d'industrialisation peuvent désormais exploiter les sources d'énergie renouvelables telles que l'eau, le vent et le soleil », ajoute M. Chinganya.
M. Chinganya promet que la CEA continuera d'appuyer l'Éthiopie dans ses efforts visant à garantir que la politique minière respecte les normes les plus strictes et soit alignée sur les principes de l'AMV.
Le groupe de réflexion aidera également le Ministère à élaborer un plan de mise en œuvre de la politique minière afin de traduire la vision, la mission, les objectifs et les stratégies en gains de développement socio-économique tangibles et durables pour les Éthiopiens.