Après cinq ans de mise en œuvre, le programme Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Sahel) livre des résultats jugés satisfaisants. Ce sont les autorités des pays bénéficiaires qui en témoignent avec des réalisations concrètes à l'appui. C'était dans la matinée de ce mercredi 13 novembre à la Conférence pour l'accélération des progrès achevés, 25 ans après le rendez-vous du Caire (Egypte), dans la lutte contre la violence basée sur le genre, la mortalité maternelle et infantile, le mariage des enfants, la scolarisation des filles, l'accès à la planification familiale...
(Envoyé spécial) – Le programme Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (Sahel) présente des résultats « satisfaisants » pour ces cinq premières années de réalisation au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, Côte d'Ivoire et au Tchad.
Il bénéficie d'un soutien financier de la Banque mondiale, l'appui technique du Fond des Nations Unies pour la population (Unfpa) et de l'Organisation Ouest Africaine pour la Santé (Ooas) pour accroître l'accès des femmes et des adolescentes à la santé sexuelle et reproductive, notamment la planification familiale volontaire et la santé maternelle.
Dans la matinée de ce mercredi 13 novembre à Nairobi, deuxième jour de la Conférence internationale sur population et développement (Cipd 25), les ministres des pays bénéficiaires ont partagé chacun une bonne pratique et des réalisations à prendre en compte pour la mise à l'échelle de ce travail. C'est à l'image des plus de 106 mille filles aidées à aller à l'école et échapper à l'ignorance.
La représentante du comité régional de pilotage affirme que le SWEDD a présenté des résultats encourageants en Afrique de l'Ouest et du Centre, faisant de cette région un modèle.
Ce qui, à l'en croire, explique l'intérêt du Bénin, du Cameroun, de la Guinée et du Sénégal qui sont en négociations avancées avec la Banque mondiale pour intégrer ce projet.
Dr Adama Tiemoko Diarra, ministre de l'aménagement du territoire et de la population du Mali, informe que cette initiative a beaucoup contribué à réduire les cas d'abandon scolaire. Une opportunité pour lui de souligner l'importance de l'éducation en matière de transition démographique.
A l'en croire, le SWEDD a aidé le Mali dans l'atteinte d'un taux brut de scolarisation de 80%, mais sans occulter de souligner le niveau important de déperdition pour les filles qui est à 70%.
Devant cet état de fait, souligne-t-il, un soutien a été apporté pour la scolarisation des filles et leur maintien à l'école via des systèmes de transferts monétaires alloués aux familles.
A cela s'ajoutent les kits sanitaires et dons de vélos donnés aux filles pour leur faciliter le transport vers l'école. D'après M. Diarra, SWEDD a accompagné plus de 24 mille filles au Mali.
La même tendance est notée en Mauritanie où le ministre des affaires sociales, de l'enfance et de la famille, Dr Nene Oumou Deffa Kane, note l'appui considérable apporté à l'éducation.
Selon elle, le SWEDD a permis au recul du taux d'abandon scolaire qui est passé de 6,7 à 4% entre 2016 et 2018.
Même son de cloche pour le Dr Amadou Aïssata Issa Maiga, ministre de la population du Niger. A l'en croire, le SWEDD a eu un apport considérable dans la lutte contre les mariages précoces et la mise en place des « Espaces Sûrs » pour les jeunes filles.
Pour le cas du Tchad, son ministre de l'Economie et de la planification et du développement confie que le projet d'autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel a permis d'attirer l'attention des leaders traditionnels et religieux ainsi que le secteur privé sur l'importance de la question jeune fille.
M. Issa Doubragne fait savoir que le projet a démontré que les filles peuvent aller à l'école et y rester, que tous les types de travail peuvent être accessibles aux filles et qu'instaurer un dialogue avec les religieux ne relève pas de l'impossible.
112 femmes ont été formées à la conduite d'engins lourds. 168 femmes ont été initiées dans le domaine des énergies renouvelables.
A cela, il ajoute la dotation d'équipements à des organisations faitières et la formation de 7758 femmes.
Un appel à l'action lancé aux Etats
M. Doubragne confie que 10 mille femmes ont bénéficié des appuis du projet SWEDD, 600 filles sont prises en charge pour leurs cantines scolaires, l'offre de santé a été améliorée…
D'après lui, près de six millions de personnes ont été touchés par les activités du SWEDD.
Au vue de tous ces résultats, M. Doubragne invite les États à manifester une volonté politique allant dans le sens des réalisations du SWEDD.
Un appel à l'action qui va dans le sens de celui lancé par le Directeur du bureau Afrique de l'Ouest et du Centre de UNFPA, M. Mabingué Ngom pour l'accélération des promesses de la CIPD.
Dans une session avec les journalistes, tenue en prélude à la conférence de Nairobi qu'il qualifie de moyen pour un « passage à l'échelle », M. Ngom invite à une généralisation du SWEDD dans tous les pays de la région, à l'horizon 2030.
Pour lui, le temps est venu d'aller aux actes en adoptant des stratégies basées sur le partenariat. M. Ngom qui estime que devant la complexité et l'ampleur des problèmes pour gagner le pari de réaliser l'objectif Zéro décès maternel, zéro mariage forcé, zéro besoin non satisfait en planification familiale, « ce n'est qu'avec la multiplication des efforts que nous serons capables d'y arriver ».