Financer les actifs des femmes et des jeunes filles entrepreneures du Sénégal. C'est l'innovation de taille qu'apporte le Projet d'appui au développement féminin et de l'emploi des jeunes (Padef-Ej) dans le secteur financier du pays. Une démarche qui s'adosse sur une ligne de financement islamique.
Le secteur financier sénégalais enregistre depuis quatre ans une innovation de taille. C'est le financement des actifs de femmes et jeunes filles entrepreneures du pays.
L'initiative est du Projet d'appui au développement de l'entreprenariat féminin et de l'emploi des jeunes (Padef-Ej) via sa composante ligne de financement islamique.
Le projet a été présenté aux membres du Collectif des journalistes économiques (Cojes) ce mercredi 11 décembre 2019 à Dakar, dans le cadre d'un atelier d'information.
D'un montant de 4,5 milliards de F Cfa, la ligne de financement islamique, domiciliée dans trois institutions de microfinance du pays permet au projet de financer des activités génératrices de revenus, des micros entreprises et des PME.
Le Coordonnateur du PADEF-EJ, M. Mansa Oualy souligne que ce sont les actifs qui sont financés et non de l'argent remis aux bénéficiaires.
« Avec un mécanisme du financement islamique, la promotrice qui sollicite un financement amène ses factures pro forma et il revient à l'institution de micro-finance de s'occuper du règlement avec le fournisseur ».
Une démarche inspirée de la leçon tirée des nombreux échecs constatés dans la finance conventionnelle où les bénéficiaires qui reçoivent de l'argent liquide l'utilisent souvent à d'autres fins.
En deux ans, le projet a financé 180 projets pour un montant de plus de 200 millions de F Cfa. Ce qui représente un taux de décaissement de 10% qui est jugé très faible, vue le potentiel de l'entreprenariat féminin dans nos régions.
Un état de fait que M. Oualy lie aux contraintes notées au niveau de l'offre proposée par les institutions de micro-finance avec un personnel pas suffisamment informé.
A cela, s'ajoutent les difficultés relevées au niveau des systèmes d'information et de gestion des SFD pour prendre en compte ce nouveau mécanisme de financement.
Du côté de la demande, Mansa Oualy confie que les populations n'ont pas suffisamment appréhendé ce concept d'où la nécessité d'accentuer la sensibilisation et les efforts de communication dans les mois à venir.
Ce qui, à son avis, va booster l'absorption des financements.
Cofinancé par l'Etat du Sénégal et la Banque islamique de développement (Bid) pour un coût total de 22,5 millions de dollars US, le PADEF-EJ a pour objectif global de contribuer à l'amélioration des conditions de vie économique et sociale des femmes et des jeunes filles.
Face aux défis à relever, le projet, dans composante de financement islamique, ambitionne de financer des unités industrielles et semi-industrielles de transformation où les femmes sont très présentes.
« On a l'accord de principe du projet et dans les mois à venir on va booster cette bonne proportion de la ligne de financement destinée aux femmes », confie M. Oualay.