La Délégation générale à l'entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (Der) et l'United states african development foundation (Usadf) ont signé, le samedi 14 décembre 2019 à Dakar, un protocole d'entente. Ce partenariat d'environ 12 milliards de F Cfa (20 millions de dollars US) prévoit le financement d'initiatives entrepreneuriales intégrant le renforcement de capacités pour les cinq prochaines années.
La DER et l'USADF vont travailler ensemble pour accorder des prêts à faible taux d'intérêt à des entrepreneurs sénégalais, des coopératives agricoles, des associations de producteurs, et des petites et moyennes entreprises.
Elles contribueront chacune à hauteur de 6 milliards de F Cfa à raison de 1,2 milliards par an pour le financement de projets dans les secteurs prioritaires de l'économie nationale.
Cette clause est contenue dans le partenariat liant les deux entités et qui entre dans le cadre de la promotion du développement des chaines de valeur afin de participer à l'accroissement de la compétitivité des PME sénégalaises sur les marchés nationaux et internationaux.
Les services de la DER soulignent que cette synergie avec l'USADF vient, en outre, renforcer la dynamique d'inclusion financière dans laquelle s'inscrit le Sénégal car, comptant mettre les Systèmes financiers décentralisés (Sfd) et les banques au cœur de cet accompagnement.
Ils précisent que dans le cadre de ladite synergie, les deux structures travailleront conjointement pour l'identification des partenaires financiers et des projets mais aussi le suivi de leur mise en œuvre intégrant l'assistance technique afin d'assurer leur bon déroulement et de mesurer l'impact.
Le Délégué général de la DER, M. Pape Amadou Sarr indique que ce partenariat avec l'USADF se fera sous formes de subventions pour les banques qui vont financer les entrepreneurs. D'où l'idée de mettre en place un mécanisme de revolving pour avoir plus d'impact dans les années à venir.
A l'en croire, l'objectif dans ce financement c'est de consacrer un million pour la formation et l'assistance technique des bénéficiaires.
Pour le suivi rigoureux, il sera procédé à la géo localisation des projets avec une collaboration rapprochée avec les institutions financières, la DER, l'USADF, la validation et le suivi de tous les projets.
Sur cette même lancée, M. C. D. Glin, Président de l'USADF considère que ce partenariat est très important entre les Etats-Unis et le Sénégal pour le développement du pays.
Il confie que ce partenariat avec la DER augmente l'engagement de l'USADF au Sénégal en faveur des jeunes et des femmes pour la création d'entreprise.
A l'en croire, « nous voulons faire sortir des millions de gens de la pauvreté avec de nouveaux investissements à des taux réduits. Ce qui se fera à travers des prêts mais aussi des dons aux TPE, aux jeunes pour les aider à être plus attractifs devant d'autres intervenant comme le système financier ».
Et d'ajoute que l'un des objectifs de l'USADF est d'augmenter la compétitivité du marché sénégalais et induit une transformation du marché.
M. Glin de rappeler que l'USADF intervient dans cinq pays du Sahel où elle a investi 150 millions de dollars ayant bénéficié à des milliers d'entreprises qui ont touché 500 mille personnes.
Cet organisme indépendant américain qui travaille directement avec les communautés, est présent au Sénégal depuis 1986 où il a investi 4,5 milliards de F Cfa, durant les 10 dernières années, dans le financement de subventions accordées à plus de 70 entreprises locales, contribuant à améliorer les moyens de subsistance de 400 mille Sénégalais.
L'ambassadeur des Etats-Unis à Dakar, le Dr Tulinabo Mushingi qui avait du mal à cacher son enthousiasme ajoute que ce soutien aura un impact positif sur les paysans, les organisations et les communautés de base grâce à l'augmentation des ventes et des revenus, la dynamisation de la production, la création d'emplois et l'amélioration des moyens de subsistances.
Selon M. Mushingui d'ajouter que ce partenariat est spécialement conçu pour aider les petites entreprises ayant démontré leurs progrès, mais qui ont peut-être été laissées de côté par les banques commerciales ou les investisseurs, à obtenir l'appui dont elles ont besoin pour franchir une étape dans leur croissance.
La confiance des partenaires techniques et financiers
La DER a le vent en poupe. En deux années d'exercice, elle a gagné la confiance des partenaires techniques et financiers.
La convention qu'elle vient de signer avec l'USADF suit le prêt de 62,83 millions d'euros (41,21 milliards de F Cfa) que le Sénégal a contracté le mardi 10 décembre dernier auprès de la Banque Africaine de Développement (Bad) en sa faveur, pour accompagner les initiatives entrepreneuriales.
Le Délégué général de la DER a annoncé le samedi passé qu'un financement avec l'Agence française de développement (Afd) sera également signé dans les jours à venir.
Cet état de fait découle certainement du bilan d'étape « satisfaisant » que beaucoup d'observateurs allouent à cet outil initié pour promouvoir l'entreprenariat rapide des femmes et des jeunes sénégalais.
Pape Amadou Sarr affirme que les 45 milliards de F Cfa investis au cours des deux dernières années ont permis de toucher pas moins de 200 mille personnes.
Aujourd'hui, souligne-t-il, à travers ses partenariats de la micro-finance et des banques, la DER a pu faire baisser le taux de crédit. « La Délégation prête à un taux effectif global de 5%. Ce qui est une révolution comparait à la normal qui est de 12% pour les banques et 18% pour les SFD ».
A l'en croire, les autorités veulent assouplir davantage les conditions d'accès aux financements et de gestion des mécanismes de crédit mais aussi accompagner les entrepreneurs dans la formation et le renforcement de capacité de leurs besoins.
M. Sarr considère que les résultats obtenus sur la même période c'est plus de 400 mille demandes reçues dont la quasi-totalité a été traitée.
A cela, il ajoute que pas moins de 200 mille bénéficiaires ont été financés, 45 milliards de F Cfa injectés avec 70% de bénéficiaires femmes.
D'après lui, plus de 20 milliards de F Cfa de financement consacrés ont servi à l'autonomisation économique des femmes et des jeunes.
Pour tout ce qui est financement des TPE, Pape Amadou Sarr affirme qu'avec 10 milliards de F Cfa, la DER a touché près de 2000 unités pour plus de 60 mille bénéficiaires.
Dans le cadre de la structuration des chaines de valeur agricole, le délégué général de la DER affirme qu'il a été accompagné par plus de 10 programmes structurants pour plus de 70 mille bénéficiaires directs pour un montant de près de 7 milliards de F Cfa, 1408 entreprises aidées à se formaliser.
Avec les banques et les SFD, les responsables de la DER affirment avoir aidé à l'ouverture de pas moins de 80 mille comptes bancaires pour l'inclusion financière.
Ils n'ont pas occulté le secteur du numérique, où près de deux milliards de F Cfa ont été injectés, plus de 50 Start Up financés dans tous les domaines d'activité.
Quand les partenaires témoignent !
Fati Niang, patronne de Black Spoon : « Avec la DER, on aussi accès à un réseau d'entrepreneur »
« Je voulais vraiment remercier la DER qui nous a beaucoup boosté sur notre projet « De la graine à l'assiette ». C'est un projet global qui consiste à gérer toute la chaine de valeur en travaillant avec un groupement de femmes sénégalaises ayant une expérience de 20 ans et ayant un besoin de moderniser leur activité.
La DER nous a aidés financièrement sur la partie Black Spoon restauration. Ce qui nous a servi à amorcer ce projet et à ouvrir un deuxième restaurant en ville.
Avec la DER, on a aussi accès à un réseau, participer à des panels qui nous permettent de rencontrer des officiels ; de rencontrer des entrepreneurs comme nous et avec l'échange d'expérience. On s'entraide pour trouver des solutions ».
Mamadou Sall de la Bourse Agricole « Bay Seddo » : « L'impact de la DER s'est fait sentir dans l'écosystème sénégalais »
« Bay Seddo c'est le financement participatif au service de l'agriculture. On met en relation des producteurs qui sont à la recherche de financement avec d'autres Sénégalais établis partout dans le monde qui veulent investir dans l'agriculture. Bay Seddo a été accompagné et financé par la DER. Ce qui nous a permis de financer sur plus de 308 hectares pas moins de 300 millions de F Cfa ces deux dernières années.
Actuellement, on est présent sur le riz, l'oignon, l'aviculture. Cette année aussi, au niveau de la vallée du fleuve, on est dans l'exploitation du riz à grande échelle en travaillant avec des groupements de producteurs et de femmes. En termes de perspective, nous allons lancer avant la fin du mois de décembre 2019, Diay Seddo. C'est une suite de Bay Seddo qui intervient dans le négoce agricole.
Autant on investit sur la production, autant on va injecter des fonds sur la production. Donc, on va permettre à des particuliers d'investir sur l'achat de la production locale pour le stocker dans des chambres froides et le transformer ultérieurement pour le commercialiser. Ce qui montre que l'impact de la DER s'est fait sentir dans l'écosystème sénégalais ».