Sénégal: Le gouvernement appelé à revenir sur sa décision d'augmenter le prix de l'électricité

19 Décembre 2019

Les associations de consommateurs sénégalais voient en la décision de l’Etat du Sénégal d’appliquer une hausse de 10% sur les prochaines factures d’électricité un problème politique tarifaire et non de réglementation. Elles appellent ainsi les autorités à prendre une décision politique en renonçant à cette mesure et continuer à subventionner la facture d’électricité des consommateurs en supportant la compensation due à la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec).

Le gouvernement sénégalais est invité à revenir sur sa décision d’appliquer une hausse de 10% sur les factures d’électricité adressées aux clients de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec).

L’appel lancé par les associations de consommateurs qui ont pris part à la journée de partage à laquelle la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) leur avait convié ce jeudi 19 décembre à Dakar. C’était dans le cadre des rencontres semestrielles que l’organe tient avec les consuméristes.

Une rencontre intervenue dans un contexte social tendu provoqué par des manifestations suivies d’arrestations d’activistes et d’acteurs de la société sociale, survenues depuis l’annonce de la hausse de 10% sur les facteurs d’électricité.

Ce qui représente une manne de 12 milliards de F Cfa sur la compensation à Senelec que l’Etat sénégalais veut faire porter aux consommateurs.

M. Youssoupha Sarr, président de l’association des imams de Guédiawaye, une organisation qui était très en vue lors des émeutes de l’électricité survenues en juin 2011 au Sénégal, cette hausse est liée à un problème de politique tarifaire et non réglementaire.

Pour lui, la solution qui s’impose pour faire baisser la tension est que l’État fasse preuve de volonté politique en revenant sur sa décision et continuer à assurer la subvention sur l’électricité.

Sur cette même dynamique, le doyen Thiam qui représentait une autre organisation de consommateur estime que « l’Etat n’a pas le droit de renoncer à cette subvention qu’il consacrait aux consommateurs ».

Avant d’avertir que « l’augmentation va impacter sur le niveau de compétitivité et l’environnement des affaires du pays ».

Saisissant la balle au rebond, le président de la CRSE,  M. Ibrahima Amadou Sarr, dans un élan de précision, appelle les acteurs à travailler dans le sens de consolider les acquis du système.

Selon lui, pour autant, la CRSE doit protéger le droit de consommateur, pour autant elle doit assurer à la Senelec les conditions de viabilité financière sans lesquelles il n’y a pas service.

M. Sarr explique qu’au premier janvier 2019, correspondant à la première indexation de l’année, le manque à gagner de Senelec était de l’ordre de 33 milliards de F Cfa.

Au fil des trimestres, cette manne a atteint 108 milliards de F Cfa dont les 89 milliards seront supportés par l’État sénégalais. D’où un manque à gagner de 12 milliards de F Cfa pour Senelec.

Le patron de la CRSE affirme que, se basant sur le revenu maximum autorisé à la Senelec et des conditions économique du 1er octobre, le gouvernement a décidé de faire une augmentation partielle des tarifs en se tournant du côté des consommateurs pour combler le gap de la compensation à verser à l’entreprise d’électricité.

Lors de la rencontre avec les consommateurs, il a été précisé que 54% des clients de Senelec qui représentent 600 mille clients constituant la première tranche des consommateurs (0 à 150 kw/heure) ne sont pas concernés par cette hausse.

C’est ainsi que M. Sarr a rejeté toutes allégations qui pointent la complicité de l’organe qu’il manage dans cette affaire.

A son avis, la mission première de la Commission de régulation du secteur de l’électricité est plus qu’engagée dans sa mission de défendre en toute transparence les intérêts et les droits des consommateurs en matière de qualité de service, surtout en matière de prix.

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