Addis-Abeba — Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, met en garde que les progrès restent lents et inégaux dans les efforts entrepris par l'Afrique pour éliminer la pauvreté et mettre fin à l'exclusion.
Dans ses remarques, lors de la 33ème session ordinaire de l'Assemblée du Sommet de l'Union africaine, à Addis-Abeba, ce dimanche, M. Guterres appelle à l'intensification des efforts pour éliminer la pauvreté, affirmant que cela reste une obligation sociale et morale essentielle pour l'humanité.
Il félicite l'Union africaine d'avoir achevé le premier rapport sur la mise en œuvre nationale du plan décennal de mise en œuvre de l'Agenda 2063.
« Il s'agit d'une étape clé sur la voie de la réalisation de l'Afrique que nous voulons », déclare-t-il, ajoutant que l'Agenda 2063 et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 ont galvanisé les gouvernements africains et leurs partenaires de développement sur la pauvreté.
« Nous pouvons signaler des améliorations significatives du niveau de vie, notamment l'accès à une éducation de qualité, aux soins de santé, à la sécurité alimentaire, aux services sociaux de base et aux infrastructures. Mais les progrès restent lents et inégaux en ce qui concerne l'éradication de la pauvreté et l'élimination de l'exclusion ».
M. Guterres dit qu'une des solutions à l'élimination de la pauvreté concerne est la promotion de l'égalité hommes-femmes et les droits et l'engagement significatif des femmes et des filles.
« Nous avons observé des progrès à travers l'Afrique, mais, comme c'est le cas partout dans le monde, beaucoup reste à faire », informe-t-il.
Le chef de l'ONU félicite l'Union africaine de faire de l'initiative « Faire taire les armes à feu » une activité importante de son travail pour 2020.
« Je peux garantir le plein soutien des Nations Unies à cette initiative historique », précise-t-il.
« En fin de compte, « Faire taire les armes à feu » ne concerne pas seulement la paix et la sécurité, mais aussi le développement durable inclusif et les droits de l'homme », ajoute-t-il.
M. Guterres souligne trois défis d'une urgence particulière pour le continent, faire reculer la pauvreté grâce à une Décennie d'action critique pour atteindre les Objectifs de développement durable ; lutter contre la crise climatique et faire taire les armes.
Le Secrétaire général de l'ONU salue le partenariat stratégique des Nations Unies avec l'Union africaine, affirmant qu'il est d'une importance capitale.
« Depuis que j'ai pris mes fonctions, j'ai cherché à resserrer les liens entre nos deux organisations, sur la base de valeurs partagées, de respect mutuel, d'intérêts communs et, si vous le permettez, de mon profond engagement personnel en faveur de la paix, la prospérité et du bien-être de l'Afrique et de ma conviction que les défis de l'Afrique ne peuvent être résolus que par les dirigeants africains », déclare-t-il.
« Nous voyons les fruits de ces efforts dans ce que nous avons convenu et réalisé ensemble ».
M. Guterres dit aux dirigeants africains qu'il a fait de la parité hommes-femmes un élément central de la réforme des Nations Unies et de l'égalité hommes-femmes et la promotion de la femme une priorité absolue dans toutes les activités de l'ONU.
« La paix, la cohésion sociale et le développement durable nécessitent la contribution et le leadership des femmes. Il est de notre responsabilité commune de veiller à ce que les femmes ne soient pas exclues de la prise de décision critique dans les processus de paix et de la gouvernance post-conflit », précise-t-il.
Il dit qu'il est également nécessaire d'engager et d'autonomiser les jeunes africains.
« Dans son 75ème anniversaire, l'ONU s'engage à écouter les jeunes et tous les acteurs afin de déterminer comment atteindre les Objectifs de développement durable et l'avenir que nous voulons ».
En ce qui concerne la crise climatique, il dit que l'augmentation des températures en Afrique est le double de la moyenne mondiale, provoquant une destruction dévastatrice par les cyclones et les crises liées au climat, y compris une infestation acridienne causant actuellement la misère à travers de vastes régions d'Afrique de l'Est.
« Les grands pays émetteurs et les secteurs industriels ont une responsabilité particulière. S'ils n'y parviennent pas, tous nos efforts seront vains. Nous avons besoin de plus d'ambition en matière d'atténuation et, surtout pour le bien de l'Afrique, plus d'ambition en matière d'adaptation et de financement pour renforcer la résilience des pays et des communautés africains et permettre un relèvement et une reconstruction efficaces », dit-il.
« La COP25 a été une déception. Il est impératif que nous travaillions ensemble pour faire de la COP26 un succès afin que l'Afrique puisse recevoir le soutien et les ressources dont elle a besoin pour minimiser et s'adapter aux impacts climatiques et se développer de manière durable ».
M. Guterres évoque également un certain nombre de conflits sur le continent africain et appelle à un soutien international pour y mettre fin, en particulier en République centrafricaine.
Le chef de l'ONU informe qu'au Burkina Faso, Mali et Niger, le nombre et la complexité croissants des attaques terroristes contre des cibles civiles et militaires démontre la nécessité d'une réponse plus robuste et intégrée et de mettre l'accent sur les questions transfrontalières.
Appelant à la fin du conflit libyen, M. Guterres souligne que « seule une solution politique, détenue et dirigée par le pays, apportera la paix en Libye et que l'intervention étrangère dans le conflit ne fera qu'empirer les choses. Un cessez-le-feu immédiat est absolument indispensable ».
« Faire taire les armes : Créer des conditions propices au développement de l'Afrique » est le thème du Sommet de l'UA de cette année.