Niger: Chômage, fécondité élevée…à l'origine de la montée des conflits armés

25 Février 2020

Le chômage, la pauvreté, la raréfaction des ressources, l’ampleur des inégalités sociales sont entre autres causes désignés comme étant à l’origine de la montée en puissance des conflits armés au Niger. A cela s’ajoute un taux de fécondité jugé élevé sans oublier la récurrence des chocs climatiques.

(Envoyé spécial) – Le Niger fait partie des pays du Sahel qui sont le plus secoués par la montée en puissance des conflits armés.

Le pays est d’ailleurs exposé à des défis comme la récurrence des chocs climatiques avec des sécheresses et des inondations, mais surtout les menaces et attaques directes sur le territoire par des groupes terroristes et narcotrafiquants.

La question a été au cœur de la Session sur la Démographie, la Paix et la Sécurité, que le bureau Afrique de l’Ouest et du Centre de l’UNFPA a organisé le 20 février 2020 dans le cadre de la 20e Édition du Forum de Bamako sur le thème : « Quelle Afrique à l’horizon 2040 ».

La direction nationale de la statistique du pays a mis le doigt sur la montée des conflits armés, des crises sécuritaires alarmantes aux zones transfrontalières et au-delà.

Selon eux, en décembre 2019, la localité d’Inatès a enregistré 71 militaires tués, 12 personnes blessées et plus de 30 disparus.

Dans cette même dynamique, ils confient que 89 militaires ont été tués en janvier 2020 à Chinagodar, sans oublier les centaines d’autres attaques notées ces dernières années, au Nord comme au Sud du pays.

Une situation d’insécurité qui, selon l’organisation OCHA, a provoqué 219 mille réfugiés au 31 Décembre 2019, 83 502déplacés internes au 31 janvier 2020 dans le pays.

Un tableau macabre dont les causes directes sont imputées au chômage, à la pauvreté, la raréfaction des ressources, l’ampleur des inégalités sociales…

Dans une étude de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) réalisée en 2017 à Zinder, 86% des jeunes interrogés ont cité le chômage et la précarité sociale comme principales causes de l’extrémisme violent.

Une autre du Centre pour le dialogue humanitaire, datée de 2016, confiait que 88,1% des jeunes interrogés ont évoqué les difficultés économiques, alors que seulement 1,9% ont brandi le radicalisme religieux.

Selon le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (2019), poursuit la direction nationale de la statistique du Niger, plusieurs milliers de jeunes ont rallié Boko Haram, moyennant des rétributions importantes.

Des projections démographiques inquiétantes

Parmi les défis auxquels le Niger doit faire face figure la forte démographie caractérisée par un taux de fécondité élevé et matérialisée par un taux de croissance démographique de 3,9%.

Selon la direction nationale de la statistique du pays, de près de 23 millions de Nigériens en 2020, la population devrait atteindre à plus que son double en 2050 avec une croissance démographique très élevée (3,9% en 2012).

Dans cette dynamique, il est prévu que le nombre de jeunes qui ont moins de 15 ans augmente aussi avec 50%. Il y est greffé un rapport de dépendance élevé 121 pour 100 avec 45% d’actifs potentiels.

La rareté de l’emploi qui expose les jeunes à l’offre des organisations terroristes

Pour faire face à ses obligations de développement à l’horizon 2040, le Niger qui, déjà en 2017, voyait que 69% de ses jeunes n’était ni dans le système éducatif ni dans l’emploi. Ce qui était accentué par un désœuvrement des jeunes.

Sur cette lancée, la direction de la statistique du Niger a brandi un rapport 2017 de l’OIM qui rapportait que 9,4% des jeunes interrogés dans la région de Zinder répondaient positivement à la question de savoir s’ils étaient prêts à rejoindre une organisation terroriste.

A cela s’ajoute l’insuffisance des services sociaux de base. « Seul Niamey a une couverture acceptable », fait savoir la même source.

La direction des statistiques y ajoute le très faible niveau particulièrement des jeunes filles alors que « lorsque la femme atteint le niveau secondaire ou plus, elle a jusqu’à 80% moins de risque d’avoir une fécondité élevée… »

Ce qui, à leur avis, a des effets certain sur la croissance économique qui est absorbée par la croissance démographique.

Avant d’aviser que les coûts de la dépendance des enfants coutent beaucoup chers à l’État (CG) et aux ménages  (CF).

Pour la direction de la statistique du Niger, la forte poussée démographique de ce pays a des conséquences certaines en occasionnant un déficit de 1880 milliards, soit 44% du PIB.

Un déficit qui, à leur avis, est impossible à combler par le seul surplus des adultes (27,6% du PIB).

De plus en plus de fonds publics pour la sécurité au détriment des secteurs sociaux

La montée de l’insécurité installe le Niger dans un dilemme qui expose l’État à des arbitrages budgétaires aux conséquences parfois désastreuses.

Lors de la session de l’UNFPA sur « Démographie, la Paix et Sécurité », le service national de la statistique fait état d’une augmentation globale des engagements de l’État mais de plus en plus en faveur de la défense et au détriment des services sociaux.

Par ailleurs, ils se réjouissent des initiatives en cours pour pallier à cette situation notamment le Plan de Développement Économique et Social (Pdes), la Nouvelle Politique Nationale de Population et la Politique Nationale du Genre.

A cela s’ajoutent l’apport du G5 Sahel, le Projet SWEED, la Campagne nationale pour le changement social et de comportement (Alliance stratégique avec la chefferie traditionnelle) et l’Initiative Illimin initiée par UNFPA.

Ainsi, les autorités nigériennes sont appelés à travailler à la maîtrise de la croissance démographique, le Développement du capital humain, le Développement de l’économie rurale mais surtout arbitrer entre les dépenses toutes prioritaires.

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