Comme nous l'avons montré les deux semaines précédentes, l'herméneutique philosophique de Paul Ricœur est une herméneutique critique. Critique, elle l'est d'abord parce qu'elle intègre dans son approche des textes une «critique des idéologies», laquelle critique puise ses outils dans la philosophie du soupçon, avec son triptyque Nietzsche-Marx-Freud. Et elle l'est ensuite parce qu'elle revient à une forme de méthode, qui conjure le risque du subjectivisme grâce à une «distanciation» qui fait place à une analyse structurale du texte à interpréter, aussi bien au niveau du discours qu'au niveau de l'œuvre.
Cette vocation critique n'empêche cependant pas Ricœur d'accorder une importance centrale à l'imagination. Voilà en effet ce qu'il écrit à la fin d'une étude intitulée Herméneutique philosophique et herméneutique biblique : «Variations imaginatives, jeu, métamorphose -- toutes ces expressions cherchent à cerner un phénomène fondamental, à savoir que c'est dans l'imagination que d'abord se forme en moi l'être nouveau [... ]. L'imagination est cette dimension de la subjectivité qui répond au texte comme Poème». Notons ici la majuscule mise au mot poème, qui est aussi souligné !
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