60 agences internationales appellent à une intervention rapide et coordonnée alors que la pandémie menace de déstabiliser les finances des pays pauvres

11 Avril 2020

- Les gouvernements doivent prendre des mesures immédiates pour prévenir une crise de la dette potentiellement dévastatrice et faire face aux ravages économiques et financiers provoqués par la pandémie de COVID-19 - indique un nouveau rapport du Groupe de travail interinstitutions dirigé par les Nations Unies sur le financement du développement.

Le rapport 2020 du système des Nations Unies sur le Financement du développement durable présente des mesures pouvant faire face à l'impact de la récession mondiale en cours et des troubles financiers, en particulier dans les pays les plus pauvres du monde. Ses recommandations sont basées sur des recherches et analyses conjointes du système des Nations Unies, du Fonds monétaire international, du Groupe de la Banque mondiale et de plus de 60 institutions des Nations Unies et institutions internationales.

avant l'épidémie de COVID-19, un pays sur cinq - qui accueille des milliards de personnes vivant dans la pauvreté - était susceptible de voir le revenu par habitant stagner ou baisser en 2020. Aujourd'hui, des milliards d'autres sont susceptibles d'être affectés alors que les gouvernements ont du mal à combattre la pandémie.

« La communauté mondiale a déjà accusé du retard dans ses efforts visant à éradiquer la pauvreté, prendre des mesures concernant le changement climatique et réduire les inégalités », déclare la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed. « Le COVID-19 est la première urgence de développement en son genre et tous les pays doivent relever le défi afin de sauver des vies et sauvegarder leurs moyens de subsistance dans notre riposte et notre redressement. Nous avons une chance de bâtir plus solide ensemble pour les personnes et pour la planète ».

En raison de la crise de COVID-19, les marchés financiers mondiaux ont connu de lourdes pertes et une volatilité intense au cours du dernier mois. Les investisseurs ont déplacé environ 90 milliards de dollars hors des marchés émergents - la plus importante sortie jamais enregistrée.

La perspective d'une nouvelle crise de la dette, particulièrement aggravée par la chute des prix du pétrole et d'autres produits de base, est particulièrement alarmante. De nombreux pays parmi les Pays les moins avancés (PMA) courent déjà un risque élevé de surendettement - et les retombées de la crise actuelle pourront accroître considérablement ce montant.

Le rapport 2020 sur le Financement du développement durable lance un appel aux actions urgentes suivantes :

Prévenir une crise de la dette en suspendant immédiatement les paiements de la dette des PMA et des autres Pays à faible revenu qui réclament une indulgence. Les créanciers officiels bilatéraux doivent diriger et d'autres se doivent d'envisager des mesures similaires ou équivalentes pour fournir de nouveaux financements ;

Rétablir la stabilité financière en fournissant des liquidités suffisantes et en renforçant le filet de sécurité financière mondial, en particulier pour les marchés émergents ;

Contenir la forte baisse de l'activité économique et soutenir les pays les plus démunis grâce à une intervention coordonnée au niveau mondial : augmenter les dépenses de santé publique ; fournir une protection sociale ; maintenir les petites entreprises à flot ; effectuer des transferts gouvernementaux ; renoncer à la dette et autres mesures nationales - et accroître de manière significative l'accès à des financements internationaux concessionnels.

Promouvoir le commerce et stimuler une croissance inclusive en éliminant les barrières commerciales qui restreignent les chaînes d'approvisionnement.

Malgré d'énormes pressions intérieures, les donateurs devront inverser immédiatement la baisse à l'Aide publique au développement (APD), en particulier aux PMA, qui peuvent être durement touchés par les impacts sociaux et économiques du COVID-19, et pour lesquels l'APD reste essentielle. En 2018, l'APD a diminué de 4,3% et l'APD aux PMA a diminué de 2,2% en termes réels.

« Nous sommes loin d'avoir un programme mondial pour aider le monde en développement à créer les conditions nécessaires à la fois pour supprimer la maladie et pour faire face aux conséquences dramatiques dans leurs populations », déclare le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors du récent lancement de son rapport sur l'Impact socio-économique du COVID-19.

« Ce qu'il faut, c'est une intervention multilatérale à grande échelle, coordonnée et globale représentant au moins 10% du PIB mondial », ajoute-t-il.

Au-delà de l'intervention immédiate à la crise, la pandémie de COVID-19 devra être le moteur de relance nécessaire pour soutenir les gains et accélérer la mise en œuvre de mesures attendues depuis longtemps pour positionner le monde sur une trajectoire de développement plus durable et rendre l'économie mondiale plus résiliente aux chocs futurs.

Le rapport 2020 sur le Financement du développement durable contient les actions clés nécessaires à cet effet : Accélérer les investissements à long terme dans des infrastructures résilientes pour le développement durable, grâce à des investissements publics et à des incitations pour le secteur privé ;

Accroître les investissements dans la gestion des risques et les cas d'urgence ;

Renforcer la protection sociale ;

Améliorer les cadres réglementaires, par exemple décourager les emprunts privés excessifs lorsque la dette n'est pas destinée à des investissements productifs (par rapport à l'augmentation des rendements pour les actionnaires) ;

Renforcer le filet de sécurité financière international et le cadre de durabilité de la dette.

Le rapport fournit également des options de politiques pour exploiter le potentiel des technologies numériques. Ces technologies se trouvent à l'avant-garde en plein épidémie de COVID-19, les confinements et la distance physique devenant la norme. Les outils de communication numériques contribuent également à maintenir l'interaction et la continuité dans des activités économiques et éducatives vitales. Cependant, l'accès aux technologies numériques reste très inégal à l'intérieur des pays et entre eux. Près de la moitié de la population mondiale (46,4% de la population) n'a pas accès à Internet.

La crise du COVID-19 est un exemple opportun du potentiel des technologies numériques, mais met également en évidence les lacunes et les nouveaux défis et risques. De nombreux travailleurs de la plate-forme ou « économie du gig » sont mal protégés contre les pertes immenses de revenus en période de récession, les systèmes de protection sociale étant souvent mal équipés pour répondre à leurs besoins. Le rapport aborde ces lacunes et d'autres opportunités et défis de la finance numérique.

Ces mesures politiques et autres devront être soutenues, durables et équitables, afin d'éviter une reprise de la lente et prolongée reprise après la crise de 2008 - et d'assurer la mise en œuvre du Programme d'action d'Addis-Abeba, de l'Accord de Paris et de la réalisation des Objectifs de développement durable.

« Seule une intervention collective, inspirée par une responsabilité et une solidarité partagées, suffira pour relever les défis sans précédent de la pandémie de COVID-19 », déclare Liu Zhenmin, Sous-Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Président du Groupe de travail qui a publié le rapport. « Les gouvernements, les partenaires au développement, le secteur privé et les autres parties prenantes doivent travailler ensemble pour lutter contre le COVID-19 et soutenir tous les efforts pour remédier à ses impacts sociaux et économiques », ajoute-t-il.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Kate Donovan, UN DESA, FSDO, e-mail: kathryn.donovan@un.org, Portable / WhatsApp : +1 718 362 0606

Contexte : Le rapport est un produit conjoint du Groupe de travail interinstitutions sur le Financement du développement, qui comprend plus de 60 institutions des Nations Unies et d'organisations internationales. Le Bureau du Financement du développement durable, du Département des affaires économiques et sociales de l'ONU sert de rédacteur en chef et de coordinateur du Groupe de travail, en étroite coopération avec le Groupe de la Banque mondiale, le FMI, l'OMC, la CNUCED et le PNUD. Le Groupe de travail a été mandaté par le Programme d'action d'Addis-Abeba et est présidé par M. Zhenmin LIU, Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales. La copie intégrale du rapport et l'annexe seront téléchargés sur : https://developmentfinance.un.org/

Ce rapport est la base des discussions du Forum ECOSOC sur le Financement du développement, où les États membres conviennent des mesures nécessaires à prendre pour mobiliser un financement durable. Cette année, le processus du Forum a été modifié, tandis que la Foire de l'investissement pour les ODD, qui rassemble des représentants du gouvernement et des investisseurs, a été annulée. Plus d'informations sur le Forum sont disponibles sur : https://www.un.org/esa/ffd/ffdforum/

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