Addis-Abeba — La crise de coronavirus n'affectera pas les efforts en cours visant à renforcer les relations entre l'Afrique et l'Union européenne, déclare ce mercredi, la Sous-secrétaire générale des Nations Unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), Mme Vera Songwe.
S'exprimant lors d'un webinaire organisé par le Comité économique et social européen (CESE) sur la question concernant la menace de COVID-19 sur les relations entre les deux continents, Mme Songwe indique que les relations entre l'Europe et l'Afrique ne peuvent que se renforcer.
« S'il y a une chose que cette crise nous a montré, c'est qu'en tant que monde global nous sommes semblables, nous sommes similaires. C'est une pandémie qui ne connaît ni frontières et ni classification économique », affirme-t-elle, ajoutant que le renforcement des liens entre les deux continents est bénéfique pour les deux parties.
Mme Songwe déclare que pendant que l'Afrique demandait à l'UE et à d'autres partenaires un moratoire sur la dette de deux ans et un plan de relance de 100 milliards de dollars pour injecter des liquidités dans ses économies, le continent s'efforçait de lutter contre la pandémie.
« Le continent s'efforce énormément pour faire face à cette crise », dit-elle, ajoutant que l'Afrique d'aujourd'hui n'est pas celle des années 1970 et 1980 où 75% de ses nations étaient classées comme pays pauvres très endettés (PPTE).
« Le continent aujourd'hui, est un continent qui s'est vraiment développé. À l'époque des PPTE, 75% des pays africains étaient des pays à faible revenu. Aujourd'hui, seulement 25% des pays africains sont pays à faible revenu. Notre structure économique a fondamentalement changé et les conversations que nous avons doivent également changer et s'aligner sur cette nouvelle Afrique qui a changé ».
Soixante-quinze pour cent des pays africains à revenu intermédiaire importent certains de leurs principaux besoins d'Europe.
« N'oublions pas que nous étions déjà connectés et que nous devons probablement nous connecter encore plus », affirme Mme Songwe, ajoutant qu'il est cependant triste de constater que 54 pays, dont certains en Europe, ont fermé leurs frontières à l'exportation de produits pharmaceutiques et agricoles laissant de nombreux pays africains dans le pétrin.
« Nous ne pouvons pas construire une société commune et une société mondiale avec ce genre de réaction. Nous devons nous rassembler et comprendre comment créer un équilibre avec la demande. Si nous pouvons garder ces chaînes d'approvisionnement ouvertes, alors le besoin d'un soutien supplémentaire ne sera peut-être pas aussi énorme ».
Elle dit également qu'il est important que l'Afrique investisse dans le stockage d'aliments afin de minimiser les pertes après récolte qui, selon elle, sont exceptionnellement élevées.
Mme Songwe indique que la technologie est également d'une importance cruciale afin d'assurer le suivi et l'alimentation des plus de 20 millions de personnes susceptibles de sombrer dans la pauvreté en raison de la crise de coronavirus.
Pour sa part, le Président du CESE, Luca Jahier, déclare : « Nous savons tous qu'aucun pays ni continent ne peut lutter seul contre la pandémie de coronavirus. L'Europe a entrepris mais doit également mettre pleinement en œuvre une stratégie, quelle qu'elle soit, pour son continent frère. Ensemble, nous pouvons trouver et trouver des solutions qui fonctionnent aussi bien pour l'Afrique que pour l'Europe car dans cette crise, ce n'est qu'en s'aidant les uns les autres que nous pouvons nous aider nous-mêmes ».
« Nous avons un vif intérêt à nous associer à l'Afrique, en particulier en ce moment, car ce que nous entendons faire en ce moment influencera énormément notre avenir ».
M. Jahier note que la dette extérieure de l'Afrique n'est pas entièrement entre les mains des institutions de Breton Woods et d'autres pays occidentaux compte tenu du fait que la Chine en détient environ 40%.
« Trouver un accord sur l'allégement de la dette ne sera pas facile et nécessite des négociations internationales », affirme-t-il.
M. Ranieri Sabatucci, Ambassadeur de l'UE auprès de l'Union africaine, participe également au webinaire.
Il déclare que la Banque mondiale, le FMI et d'autres soutiennent l'appel à l'allégement de la dette pour les pays les plus vulnérables « mais ce processus doit être transparent ».
M. Sabatucci ajoute qu'il est très difficile de prédire l'évolution éventuelle de la crise sanitaire sans oublier de mentionner la crise économique émanant du COVID-19.
« Il est important de se préparer à ce qu'il y ait une crise alimentaire à court terme », précise-t-il.
Le mois dernier, la Commission européenne a proposé la base d'une nouvelle stratégie avec l'Afrique à travers un document proposant de renforcer la coopération UE-Afrique grâce à des partenariats dans cinq domaines clés à savoir, la transition verte, la transformation numérique, la croissance et des emplois durables, la paix et la gouvernance, la migration et la mobilité.
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